[NSFW(+18)] pinky and the brain (darlan#1)

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pinky and the brain

Bip. Le son répétitif lui est aussi désagréable qu’un crissement d’ongle sur un tableau noir. Après des heures passées assise derrière sa caisse à glisser des articles sous le scanner en boucle pour des gens qui prennent à peine le temps de la saluer, elle n’a même plus le courage d’afficher un sourire commercial. Le rictus qu’elle arbore vaillamment ressemble davantage à une grimace douloureuse et étranglée. Bip. Les visages défilent, les produits aussi. Une mère de famille fatiguée avec un gamin braillard dans une poussette et assez de denrées alimentaires pour tenir un siège. Can’t say I feel sorry for you. Un type en chemise avec une bouteille de vin et une boite de capotes grande taille. Eager, aren’t you? Une adolescente à l’air pressé avec une boite de tampons. Hope you’ll get home in time. Bip. Les pensées s’amoncellent mais elle se borne à saluer poliment les clients. Elle se dit qu’un jour, elle finira bien par inverser par inadvertance. L’idée lui arrache un petit rire et la vieille femme en train de compter ses piécettes hausse un sourcil confus. La voilà prise en flagrant délit de bonne humeur, crime de lèse-majesté s’il en est. Hurry up, old bag. Pas bip. Comment ça, pas bip ? Ses lèvres se pincent dans une moue frustrée tandis qu’elle tourne et retourne le paquet de gâteaux dans tous les sens pour trouver le code barre. Le quarantenaire en costume impeccable trahit son agacement en soupirant bruyamment. L’envie d’ouvrir le paquet et de croquer dans chaque biscuit avant de les ranger dans les sacs de courses est présente, mais elle se retient. Think you can do better, effer? Bip. Dernière ligne droite pour elle, dernière lignée de clients pressés à la queue leu leu. La journée touche enfin à sa fin et l’erreur de caisse ne monte qu’à 3£50. Bel exploit.

Il suffit qu’elle lève le cul de sa chaise pour passer de Cruella de Vil des 101 Dalmatiens à Gus Gus de Cendrillon. La seconde comparaison n’a vraiment rien d’usurpé, mais personne d’autre que sa mère n’aurait le culot de l’appeler comme ça en face. Elle quitte son uniforme réglementaire et austère dans les vestiaires et retrouve forme humaine en enfilant ses fripes à la va vite. Ses goûts vestimentaires sont plus que discutables, mais dans l’ensemble ils collent aux personnages. Les couleurs vives se juxtaposent et se mélangent avec la grâce et la douceur d’une scène de crime. Dans la grisaille de l’hiver anglais, impossible de la louper, et sachant qu’elle a tendance à traverser la route sans regarder, ce n’est finalement pas plus mal. Elle attrape son téléphone et pianote distraitement un message à l’attention de Caelan pendant qu’elle enfile son manteau et son écharpe. I’ll be three in 10. La faute de frappe lui échappe, mais de toute façon, le destinataire a l’habitude. Lorsqu’elle quitte enfin la supérette, le vent glacé de ce mois de février vient lui fouetter le visage, agitant ses longs cheveux blonds nattés dans un joyeux bordel. Les trottoirs sont enneigés et glissants, mais rien ne saurait venir entamer sa bonne humeur nouvellement retrouvée. Même pas cette petite bruine désagréable qui menace de la geler jusqu’aux os en s’infiltrant partout. Même pas ce conducteur pressé qui la klaxonne et l’arrose de compliments fleuris lorsqu’elle traverse à l’emporte-pièce pour rejoindre l’immeuble de Caelan. Elle ne pense qu’au présent et au futur, à tout ce que la vie pourrait bien finir par lui offrir après avoir fait semblant si longtemps de ne pas la remarquer. Parce qu’elle avance et que tout s’efface au fur et à mesure, rien ne la tire en arrière.

Elle grimpe les marches quatre à quatre, trébuche sur la dernière et vient s’appuyer nonchalamment contre l’encadrement de la porte avant de toquer en utilisant un code frappé connu d’elle seule. Des fois qu’il attende quelqu’un d’autre. Lorsqu’il ouvre enfin la porte, elle lui adresse un joli sourire qui vient faire pétiller ses yeux. « Hi there, Loverboy. » Il est tiré à quatre épingles, comme s’il attendait une visite officielle de la reine en personne. Sa barbe semble avoir été taillée par Dieu lui-même et aucun cheveu récalcitrant ne vient dépasser de sa chevelure – comme un appel à venir y glisser ses doigts pour écorner cette image de perfection qu’il renvoie en tout temps. Parce qu’ils sont aussi différents que le jour et la nuit, et c’est peut-être pour ça que leur dynamique fonctionne. Pour l’heure, elle se contente de glisser une main sur sa nuque et de déposer un baiser chaste sur ses lèvres avant de se glisser sur le côté pour entrer dans l’appartement avant même qu’il ne l’invite. Elle fait comme chez elle, et ce depuis le tout premier jour. S’il est agacé par ce trait de caractère, il n’en montre habituellement rien. Il se contente de la regarder avec la bienveillance qu’on prête généralement aux enfants turbulents. Chez n’importe qui d’autre, elle irait faire un tour dans le frigo ou dans les placards pour s’improviser un pique-nique, mais pas chez lui. Elle sait qu’elle n’y trouvera rien d’intéressant. Elle se contente de sortir de son sac quelques photos imprimées d’un type à poil pour les lui agiter sous le nez avec un air de conspiratrice. « Guess who this wrinkled naked arse belongs to! » Elle sautille presque sur place, branchée sur douze mille volts. Et comme d’habitude, elle fait les questions et les réponses, ne lui laisse pas le temps d’en placer une. « A bloody Conservative Party politician, who also appears to be a former Member of Parliament. Booya! Mama’s gonna bring home the bacon. Or maybe the salad. Or, just whatever you feel like eating, you health food freak! » Elle ponctue la fin de sa phrase d’un petit clin d’œil avant de balancer les photos sur le petit meuble de l’entrée.

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Dernière édition par Darcy Collins le Dim 14 Fév - 22:14, édité 3 fois

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She's up all night 'til the sun
I'm up all night to get some
She's up all night for good fun

Le saviez-vous ? On passe plus de 2800 heures par an à dormir, ce qui dans une vie entière, représente un sacré petit pactole. Autant dire que le doyen ou la doyenne du monde en a passé du temps dans son pieu C'est une étude qui l'a prouvée, le genre d'article qu'on lit, sans doute, juste avant d'aller se mettre au lit après avoir scrollé sur les réseaux sociaux et qu'un journaliste qui, lui, ne trouvait pas le sommeil à eu l'idée de réaliser. Il y a bien une question que Caelan se pose, alors qu'il s'ennuie comme un rat mort à son poste. Combien de temps passe t-on à attendre ? On est toujours en train d'attendre quelque chose, lui attend que quelque chose se passe. Son collègue voisin, attend que sa femme lui renvoie un message après qu'elle ait apprit pour sa petite aventure de la semaine dernière. Son boss attend son café qui le permettra peut-être d'aller couler un bronze et de se montrer plus aimable que de la dernière. Dehors, des centaines de personnes attendent un train, un bus, un signe du bon dieu qui lui même attend paisiblement la fin du monde pour son jugement final. Quand il n'attend pas un peu d'action, il attend que les aiguilles de l'horloges aient terminé leur grand prix, huit tours complets pour le délivrer de cet infâme quotidien. Dans sa poche son téléphone vibre et il jette un coup d'oeil pour vérifier l'heure et s'effraie lui même de savoir précisément quand Darcy quitte son travail. Un jour, il va quitter ce job de merde, claquer la porte et vivre d'amour et d'eau fraiche. Caelan ne s'éternise pas. Il lui reste approximativement dix minutes qu'il passe à ranger son bureau - en tout cas ce qui y ressemble. Un pot à crayon, une gomme, presque rien qui traine. Puis il va pisser un coup et il range ses affaires pour partir pile à l'heure afin d'arriver avant la jeune femme.

C'est un problème, ce qui se passe entre les deux. Parce qu'il a commencé à l'attendre, elle aussi, à crisper son coeur jusqu'à ce que la vibration de son messagerie le délivre. Il s'est attaché comme un con. Une petite paire de sein et des cheveux blonds et ça y est. Head over heels. Pourtant il s'est toujours répété que si il devait donner sa loyauté à quelqu'un, ce serait un chat ou chien et certainement pas quelqu'un qui serait juste de passage dans sa vie. Même si elle n'est que de passage, Darcy lui laisse une forte impression, elle fait du bruit sur son chemin, elle occupe tout l'espace restant, celui que Nunzio a laissé. Puis elle est sexy. Et Nunzio est sexy. Et il les aime tous, les deux, il veut les garder tous les deux proche de son coeur et il sait très bien que vouloir deux personnes à la foi c'est se tirer une balle de pied et foncer droit dans le mur. C'est demander le lait, la crémière son pognon.

Il arrive avant elle, juste le temps de garer sa voiture de monter chez lui et de lancer la cuisson de ses légumes pour la soupe du soir. Même pas celui de se changer, mais ce n'est qu'un détail et il pourra la glisser dans la douche avec lui. Sur la table il a laissé le menu de tous les restaurants qui livrent à emporter. Si il veut empoisonner Darcy, autant lui filer du potage en intra-veineuse, overdose de légume garantie.
Et puis elle débarque tel un ouragan qui emporte tout sur son passage, à peine le temps de calculer son visage dans l'embrassure de sa porte, de réaliser que ses lèvres sont sur les siennes avant qu'elle s'installe chez lui comme si ils avaient toujours fait ça, que cette place lui était attribuée et que personne ne la remettra jamais en question. Il l'observe avec un sourire tout sur ses lèvres opérer la magie qui a fait battre son coeur, sa bonne humeur, son ton enjoué même quand elle a passé la plus horrible des journées. Il faut la voir tirer une gueule de trois kilomètre de long quand elle est à sa caisse, et la voir maintenant épanouie comme une fleur au soleil bien qu'il lui manque quelque chose de sucré ou de gras. « It surprises me how you can eat so much junk food and still be in shape. What's you secret Darcy ? » Loverboy, qui ne relève même pas, qui lève les yeux au ciel quand elle lui montre sa proie du jour, son salaire du mois. « Bloody hell Darcy ! Think about my eyes, I don't want to turn blind at forty because you kept shoving me those ugly dick pics. » Il ne peut pas s'empêcher de rire et de récupérer le cliché entre ses mains, et grimacer. « Someone needs to show how it's realy done » Il la rattrape avant qu'elle ne puisse s'enfuir à la recherche de son goûter et un baiser sur sa joue, une main ébouriffant ses cheveux. « Keep the money for you, all I need for diner is your pretty ass » Il lui vole un baiser et disparaît dans la cuisine s'occuper de ses légumes abandonnés. Il ne doute pas qu'elle va le suivre, elle doit avoir encore beaucoup de choses à lui raconter. Darcy est une radio en fond sonore qui raconte les nouvelles quartiers et chantonne les dernières chansons en vogue.

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Darcy brûle la chandelle par les deux bouts. Probablement que s’il y avait un troisième bout, elle l’enflammerait aussi pour faire bonne mesure. Comme toutes les personnes ayant connu des carences durant l’enfance, elle traverse sa vie avec intensité comme une boulimique en crise, sans se soucier le moins du monde des risques potentiels qu’elle pourrait encourir. S’attacher trop fort en est un, mais elle refuse d’en tenir compte. Pas quand elle voit le sourire que Caelan lui offre et qui fait s’affoler son cœur dans sa cage thoracique. Le même que celui de Nunzio, plein de douceur et de tendresse. Les papillons dans le ventre et le monde en rose, ce ne sont pas que des conneries qu’on sert aux gamins dans les dessins animés pour les faire rêver. La seule chose qu’on n’apprend pas quand on est gosse, c’est qu’on peut ressentir ça pour plus d’une personne à la fois, et que ça ne rend pas les sentiments moins légitimes pour autant. Qui pourrait être assez con pour refuser une double dose d’affection après tout ? Certainement pas elle. Parce que son cœur, c’est tout l’inverse d’un sac à main : plus elle y glisse des trucs et plus il y a de la place dedans. Elle donne autant qu’elle prend, parce qu’elle n’a jamais été du genre de faire les choses à moitié. Elle croque l’instant présent à pleine dent, se foutant bien de tâcher ses fringues au passage. Caelan lui fait du bien. Nunzio lui fait du bien. Elle sait qu’il faudra bien en parler un jour, ne serait-ce que par respect pour eux. Mais pas maintenant. That’s a problem for future Darcy. Damn, I don’t envy that girl! Parce qu’elle a bon dos, la Darcy du futur, et tout un paquet de merde balayée sous le tapis à nettoyer.

Pour l’heure, la journée se termine sur une note plus que positive. La présence de l’homme a ses côtés est apaisante comme une caresse sur le front, comme une chanson que l’on chantonne sous la douche parce qu’on la connait par cœur et qu’elle nous traine toujours dans un coin de la tête. Le sentiment d’appartenance n’est pas de nature à l’effrayer, bien au contraire. Elle l’embrasse tout entier, de bonne grâce. Il lui suffit d’entendre la voix grave et posée de Caelan pour oublier pour de bon cette journée plus que merdique passée à scanner des tampax et des capotes pour des clients pressés. Un sourire sur les lèvres, elle retire son manteau. « Mother Nature must really like me, I guess. All the better to seduce you with, my dear. » Elle ponctue sa phrase d’un petit clin d’œil aguicheur un peu exagéré dans l’espoir de le faire rire. Parce qu’elle aime ce son. Qu’elle le garde pour elle comme un cadeau précieux à chaque fois qu’il le lui offre. Et pourtant c’est elle qui rit, attendrie, lorsqu’il reprend la parole et la sermonne pour les photos avant de s’en saisir pour les examiner d’un œil distrait. Il est vrai que le politicien en question est loin d’être une gravure de mode, ne serait-ce que de par son âge plus que vénérable. Mais après tout on ne lui demande pas d’être bien fichu, seulement de payer rubis sur l’ongle pour préserver son intégrité. Parce qu’à force d’envoyer des photos de sa queue à des inconnus, il faut bien s’attendre à des emmerdes, pas vrai ? Elle jette un regard en direction des prospectus sur la table et s’avance d’un pas léger avant d’être stoppée dans sa progression par son amant. Il lui suffit d’un contact pour allumer une étincelle en elle, mais elle se contient, se contentant de se mordiller la lèvre pour retenir un gloussement appréciateur à l’entente de ses mots. Un soupir d’aise lorsqu’il vient l’embrasser avant de partir vers la cuisine. Surement qu’il se prépare un truc immangeable dont lui seul à le secret. « Did you hear the latest? » qu’elle demande en haussant la voix en ramassant les prospectus avant de les feuilleter distraitement tout en marchant doucement vers la cuisine pour le rejoindre. « The Crispy Bun’s going to be closed. You ever been there? I guess not. It’s a shame, really. I’ve been eating there since I had teeth. The chef’s an absolute artist in the kitchen. He used to cook mean bacon cheeseburgers. » Elle allait souvent dans ce diner avec sa mère lorsqu’elle était gamine. C’est un souvenir heureux. Et tandis qu’elle babille, elle évalue ses possibilités. Italien, turc, chinois, japonais, les possibilités ne manquent pas. Pour autant, rien ne semble véritablement lui faire envie, parce qu’elle n’a que le hamburger du Crispy Bun en tête. En entrant dans la cuisine, elle se plaque une main sur le front, les yeux fermés, dans une posture plus que dramatique. « Oozing cheese, crispy bacon, caramelized onions, ground beef so juicy it’s like an angel fallen directly from Heaven through the meat grinder. Damn! Long live the food porn and God save the Queen. » qu’elle balance avec le plus grand sérieux, peu soucieuse de passer définitivement pour une illuminée. Elle sait que Caelan à l’habitude de ses frasques. A défaut de les apprécier, elle sait au moins qu’il les tolère. Ou peut-être qu’il est simplement trop poli pour lui en faire le reproche.

Tâchant de retrouver un semblant de calme, peu désireuse de le noyer sous le flot de sa logorrhée habituelle, elle vient se poster derrière lui et l’enserre de ses bras, posant sa tête entre ses omoplates. Parce qu’il est beaucoup trop grand pour qu’elle puisse se caler contre lui autrement. Ça aussi, c’est quelque chose qu’elle apprécie. Lorsqu’elle se retrouve contre lui, dans ses bras, ses jambes emmêlées aux siennes, elle se sent en sécurité. Elle se sent protéger du reste du monde. Elle voudrait pouvoir rester comme ça, mais elle sait que c’est illusoire. Même avec la meilleure volonté du monde, elle est incapable de rester en place. Elle jette un regard curieux sur le côté pour examiner le contenu de la marmite ouverte qui mijote sur les plaques. Une soupe. Une foutue soupe de légumes. Elle ne peut masquer la grimace infantile qui vient lui faire froncer le nez tandis qu’elle avise quelques chutes de légumes trainant sur le plan de travail. « Blimey, what kind of culinary horror is this? Broccolis, really? You’re going to poison yourself one day. I mean, you do realize it’s green, right? This should cause you to be quite suspicious. » Elle saisit un morceau de brocolis comme s’il s’agissait d’une grenade dégoupillée, à peine du bout des doigts, pour venir l’agiter sous le nez de son amant. Elle a la mine grave lorsqu’elle reprend. « You realize it tries to warn you itself with its terrible taste, right? » Avec un demi-sourire, elle balance le légume perfide en direction de l’évier, visiblement contente de sa blague. L’alimentation, tout un sujet de discorde. Voilà bien un point sur lequel ils ne tomberont jamais d’accord, et c’est tout aussi bien comme ça. Elle n’a pas la prétention d’essayer de le convaincre. Elle se contente de se glisser malicieusement entre lui et le plan de travail, nouant ses bras derrière sa nuque. « What on earth am I going to do with you, Caelan? » Elle a bien quelques idées.

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Elle est ennuyante Darcy. Elle est ennuyante comme quelqu'un chose qu'on a terriblement envie de garder tout en sachant qu'il n'est pas raisonnable de penser ainsi. Qui est t-il pour demander à quelqu'un de lui appartenir ? Il n'en a jamais rien eu a faire que les gens vont et viennent dans sa vie ou entre ses draps, qu'ils partent ou restent, sa porte est grande ouverte. Il est à prendre entièrement ou laisser, Caelan ne veut pas compartimenter son coeur. Il a vite comprit que le véritable poison à l'amour c'est de vouloir se mettre du plomb dans les ailes et des chaines autour des pieds. Comme les plus belles choses de la nature qui se doivent de rester sauvage, personne ne garde un lion en cage dans son appartement, personne ne devrait demander à quelqu'un de se vouer à la vie et à la mort. Les vœux de mariages ne l'ont jamais fait rêver, plutôt un coup à lui donner la nausée face à cet apanage d'hypocrisie, à ce qu'il prenne la fuite. Il y en a qui préfèrent la sécurité d'une alliance, il n'aime pas penser qu'un anneau est le garant d'une fidélité. La confiance peut toujours être brisé, elle ne s'achète pas avec des diamants. Et ça ne l'empêche pas de penser qu'elle l'a verrait bien avec une jolie pierre autour du coup Darcy, qu'il voudrait la couvrir d'amour et de cadeaux pour le plaisir de voir ses yeux s'illuminer.

Il observe son ballet avec attention, l'impression qu'elle vit dans une autre temporalité que la sienne. A peine le temps de respirer qu'elle s'est échappée, il se demande si elle n'est pas capable de se téléporter et ricane à sa pensée. Il ne lui donne même pas de réponse quant à son repas du soir, elle finira par se décider seule, il ne compte pas céder sa soupe pour un repas trop gras et trop salé. C'est comme qu'il entretient sa ligne. Il n'ira pas la juger, même si il aime faire de l'humour sur ce qu'elle peut se mettre dans le coffre, il l'aime en tout forme. Elle le fait sourire, elle le fait rire, elle le rend heureux tout simplement et c'est le plus beau sentiment au monde. Celui qui ne dure pas, dont il faut profiter tant qu'il y a encore les papillons dans le ventre et les étoiles dans les yeux. Avant que le quotidien ne se glisse et qu'on se couche dos à dos en se demandant qui sera le premier à demander un armistice. Rien de pire que le silence, tant qu'elle déblatère, tant qu'elle respire lui aussi peut respirer. Elle lui donne son air, une raison de ne pas s'inquiéter. Caelan s'estime heureux de n'avoir jamais été intime avec quelqu'un assez pour en espérer qu'iel parte, tout simplement parce que sa présence est devenue une telle évidence qu'il n'y a plus rien qui le fasse frissonner. « Don't be so dramatic Darcy » Il coupe le feu sous les légumes. Pauvre brocoli qui a fini sa chute dans l'évier. Il s'occupera de son cadavre plus tard. Pour l'instant, il referme ses paumes sur ses hanches et la soulève pour l'asseoir sur le plan de travail. A sa hauteur, il peut l'embrasser à nouveau en y mettant du sien. « You know what terrible thing you can get with green food ? Farts. Big long and loud farts. » Il ricane, dans l'attente de voir son petit sourire outré, sans même lui donner une chance de répliquer alors qu'il plaque ses lèvres contre le siennes. « I know what you could do with me. » Du bout de l'index, il détoure les contours de son visage. « You could suck my dick and I'll consider eating crispy's bun food. Or maybe, it's your crispy bun I want. »

Il la laisse seule sur son perchoir le temps d'attraper le mixeur pour finaliser sa purée. Il l'aime savoir à proximité même si il est difficile pour Darcy de rester immobile au même endroit plus d'une minute et demi. Elle lui fait oublier ce qu'est la solitude, celle qui écrase. Elle lui fait miroiter un monde parfait dans lequel ils pourraient vivre ensemble, mais ça ne restera qu'une fantaisie. Il n'y a pas qu'elle. Dans son coeur, dans ses bras et qu'importe qu'il n'en trompe aucun, que l'accord soit clair avec les deux, indépendamment, il a l'impression d'être un traitre. Darcy sait bien qu'il en voit d'autres. Nunzio et lui n'ont rien de rien de sérieux, ils n'ont jamais mit de mots là dessus et ils sont d'accord sur cette façon de faire. Caelan a peur de lui fait espérer comme lui même se fait des plans sur la comète. « Why is it closing by the way ? Maybe you should make a big command and help them a little with an even bigger tip. Take my credit card. » Il ne s'est jamais voulu robin des bois Caelan a aider la veuve et l'orphelin, dans sa tête ça a toujours été sa famille et le reste du monde. De temps en temps il se sent investi dans une mission supérieure, à être le sauveur des petits établissements en perdition. Peut-être qu'il fait ça pour passer pour un chic type et l'impressionner. Sa petite caissière au job aussi pourri que le sien, à qui il offrirait bien la vie de luxe qu'elle mérite, sa Pretty Woman ramassée entre deux allées de caddies.

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Elle se retient de lui faire remarquer qu’il a probablement sa photo à côté du mot dramatique dans le dictionnaire. Elle se contente de sourire et de s’accrocher à lui par réflexe lorsqu’il la soulève pour venir l’installer sur le plan de travail comme si elle ne pesait rien. Elle sent une douce chaleur envahir son bas-ventre devant cette démonstration de force. Parce qu’elle est comme ça Darcy. Quand il s’agit de Caelan ou de Nunzio, un rien peu mettre le feu aux poudres. Parce qu’avec eux, tout semble infiniment plus simple. Plus beau aussi. Un peu comme une évidence. Comme la dernière pièce d’un puzzle qui vient s’emboiter parfaitement entre les autres pour donner un sens à l’image toute entière. C’est l’effet qu’ils lui font. Instinctivement, ses yeux se ferment lorsqu’il l’embrasse à nouveau. Elle pourrait passer des heures à faire ça. A lui rouler des pelles comme une adolescente à l’arrière du lycée après les cours. La phrase qui sort de sa bouche lui arrache un rire franc et surpris. Elle ne se démonte pas, la blonde. Elle lui mord la lèvre avant de lui caresser la joue tendrement. « Hmm, that sweet mouth of yours… You know I like it when you talk dirty to me. » Ses cuisses s’entrouvrent pour l’accueillir au plus près d’elle, comme animée d’une volonté propre. D’une main, elle caresse la naissance de ses cheveux sur sa nuque. « Maybe you can have both if you’re good. By the way, no need to bargain with me. You know I’m always down for some funny business, right? » Elle capture son index entre ses lèvres l’espace d’un instant avant d’attraper sa main de la sienne pour venir embrasser sa paume avec un mélange de désir et de dévotion. Surement qu’il serait impossible de mieux décrire ce qu’elle ressent à son égard. Un peu comme ce vide qui l’assaille lorsqu’il s’écarte pour retourner à ses légumes. « Dunno. There’s just a sign announcing the imminent closure on the door. But thanks for the offer Dreamboat, I’ll take you up on it. » Aussitôt dit, aussitôt fait, la voilà qui récupère son portable sur la table après être descendue plus ou moins gracieusement du plan de travail.

Pas besoin d’un prospectus pour passer commande, le numéro du restaurant est dans les favoris, juste avec celui de sa mère, celui de Caelan et celui de Nunzio. Et puis, vu le temps qu’elle y a passé, elle connait la carte par cœur. Généralement, elle prend toujours la même chose. Elle aime les valeurs sûres, Darcy. Pas vraiment l’âme d’une aventurière lorsqu’il s’agit de ses petites habitudes alimentaires. De toute façon, pourquoi prendre le risque de commander un truc dégueulasse et d’attendre presque une heure pour se retrouver déçue ? Tandis qu’elle colle le portable à son oreille, elle pince les fesses de son amant avant de commencer à faire les cent pas dans la cuisine au son de la tonalité. Lorsqu’un petit jeune décroche enfin, la blonde sent son ventre gargouiller d’impatience. Après un rapide échange de politesse, les hostilités commencent. « Yup. I’ll have one double bacon cheeseburger, one large fries and one large Coke. What? No it won’t be all. Do I sound like someone on a diet? Nevermind. You know what? Why don’t you throw in some chicken nuggets, 4 – no! 6 pieces. And a slice of cherry crumb pie. Oh! Just add two large vanilla malted milkshakes. » Avec un air de conspiratrice, elle plaque sa main sur son téléphone pour étouffer les sons et jette un regard entendu à Caelan par-dessus son épaule, accompagnant sa phrase d’un petit clin d’œil. « Just in case you change your mind, hun. » Aucune obligation de le déguster avec elle. Au pire, elle réussira sans mal à engloutir les deux en guise de dessert. Ou peut-être qu’elle gardera le second pour plus tard. Elle confirme l’adresse et raccroche avant de balancer négligemment son téléphone dans son sac à main sans trop regarder. Petit miracle qu’il ne finisse pas son trajet sur le carrelage.

Avec un sourire entendu placardé sur les lèvres, elle revient se positionner en sautillant devant le brun, toujours appuyé contre le plan de travail. Elle laisse ses mains s’égarer sur son torse, appréciant la fermeté de ses muscles sous ses doigts agiles. Il fait attention Caelan, et ça se voit. Pourtant ce n’est pas ce qu’elle a repéré en premier chez lui, ni même en second. A vrai dire, c’est plus la cerise sur le gâteau. Elle se hisse sur la pointe des pieds pour venir l’embrasser avec un peu moins d’innocence que tout à l’heure. Tandis qu’elle dérive dans son cou, mordillant doucement sa peau au passage, elle laisse ses doigts s’égarer jusqu’à sa cravate pour la desserrer. Il lui suffirait de se décoller l’espace d’une seconde pour la retirer complètement, mais elle n’en fait rien. Parce qu’elle pourra probablement servir encore. Alors elle commence à déboutonner sa chemise, embrassant, goutant chaque parcelle de peau qui se découvre à mesure que les boutons sautent. Elle laisse sa langue courir sur ses abdominaux parfaitement dessinés avant de s’agenouiller complètement devant lui, un sourire amusé sur les lèvres. « Sooooo… » Le o semble trainer pendant de longues secondes tandis qu’elle plonge ses yeux dans les siens, haussant un sourcil inquisiteur au passage. Elle passe son index dans le passant de sa ceinture pour commencer à la défaire. « Forty five minutes to kill, uh? » Elle suspend son geste, joueuse, puis revient l’embrasser juste sous le nombril, appréciant l’odeur et la douceur de cette peau qu’elle a déjà adorée tant de fois. Elle a ce sentiment étrange qui l’assaille à chaque fois, qui voudrait lui faire croire qu’elle ne se lassera jamais de lui. Parce qu’elle vibre à chaque fois entre ses mains expertes comme un violon bien accordé ; Jamais de fausse note lorsque ses longs doigts s’attardent sur elle.

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A quoi bon continuer de s’affairer à sa soupe, Caelan a bien comprit qu’elle ne serait pas au menu. Il a du mal à couper sa ciboulette pour la relever, maintenant qu’il a les lèvres de Darcy en tête. Il ne peut que soupirer et apprécier cette tendresse un peu niaise qui étreint son coeur quand elle n’est pas dans ses bras, ce manque si léger qu’il pourrait passer à coté sans le voir et pourtant il est là c’est indéniable. Comme un soupçon de tristesse qui s’évapore dès qu’elle revient projeter ses rayons sur lui. Il reste silencieux, la mine outrée quand elle lui pince les fesses, mais réserve une scène pour plus tard parce qu’il ne veut pas la déranger dans son appel. Comme si elle était en train de négocier un contrat juteux ou menacer un type qui lui a montré sa verge à moitié molle, pas étonnant que sa propre femme n’en veuille plus. Il l’écoute d’une oreille indiscrète, elle sème la bonne humeur comme des petits cailloux. Pour la retrouver il faut juste suivre le chemin des rires mutins et son doux parfum. Il le cache, parfois il s’inquiète pour elle. Il pense à la tristesse qu’il éprouverait si elle terminait dans la rubrique fait divers, ou si elle allait rejoindre sa mère en prison. Bien que cela ouvre de nouvelles perspectives amusantes, on peut faire beaucoup de choses avec un téléphone, une voix et un peu d’imagination. Il la veut maintenant dans sa vie, sans doute qu’il la désire un peu trop et que ça commence à se voir.

Darcy trouve le moyen de lui commander un de ses fameux burgers et peut-être que ce soir il n’a pas envie de lutter contre sa corruption alimentaire. Qui sait, il pourrait y mettre un croc ou deux pour lui faire plaisir et lui donner l’illusion d’avoir remporté une petite bataille. De la même manière qu’il fait mine de ne pas avoir repéré les planques de Nunzio. Il pense leur faire plaisir ainsi. En ne cherchant pas des noises quand il n’y a que des bonnes intentions derrière. La soupe est définitivement abandonnée, il pourra la mettre dans un thermos et l’emporter demain au travail durant son interminable shift. Elle lui rappellera cette soirée qui s’annonce. Est prit qui croyait prendre, c’est lui qui se retrouve contre le plan de travail et même dans cette posture il a l’ascendant. Trop grand pour son propre bien, il a carrément du acheter le genre de bagnole qui convient au famille à se force de se taper la tête contre le toit de sa petite caisse. Il retenait son souffle le temps de l’appel et maintenant qu’elle est enfin libre, un poids se lève de sa poitrine. Il la laisse embraser sa peau au moindre contact, une chaleur diffuse et bienvenue. Le reste suit comme une danse dont ils connaissent par coeur les mouvements, il incline la tête et reçoit son baiser, il glisse sa main dans son cou et caresse sa peau laiteuse. A l’occasion il lui demandera quel est son rituel de beauté pour avoir la peau si douce.

Il pourrait dire qu’elle met le feu aux poudres si leur façon de s’aimer était réellement explosive. La seule chose qui le soit chez Caelan c’est la colère, souvent teintée de cynisme. Jouer avec ses sentiments revient à faire du jonglage avec des grenades dégoupillées, il ne faut pas s’attendre à y récupérer ses mains, Caelan n’aime pas aboyer dans le vide, il mord. Darcy qui l’embrasse, c’est la sécurité d’un petit couple qui n’en a pas le label, juste tous les avantages. C’est la sécurité, tout simplement, quelque chose de doux qui l’enveloppe et qui le fait soupirer de plaisir. En deux temps trois mouvements elle lui a hôté de son sérieux, il ne reste pas grand-chose de l’employé qui sent l’after-shave bon marché et qui transpire capitalisme par tous les pores de sa peau. Il apprécie l’attention de ne pas arracher ses boutons. Il a eu des amants qui aimaient bien le déshabiller comme des sauvages mais qui n’étaient pas versés dans la couture pour réparer leurs méfaits. Ses doigts se crispent sur le plan de travail alors qu’il la laisse faire « Oh Darcy~ » La gorge sèche il réalise que c’est sa première prise de parole depuis qu’elle a raccroché, le reste ne comptant pas, juste son souffle qu’elle lui vole. Il a de la chance qu’une partie de jambes en l’air creuse, elle va lui faire bouffer son fichu burger. « Now this is getting interesting. » Il se souvient qu’il possède deux mains et les mets à l’usage, ébouriffant ses cheveux. « It’s not gonna suck itself, darling. » Il l’encourage à ne pas s’arrêter en si bon chemin. Il en veut plus, toujours plus, encore et encore quand bien même il sait comment cela se termine. Il la connaît, elle le connaît, ils ne sont plus un secret l’un pour l’autre, ils ne se découvrent pas pour la première fois. Alors pourquoi il est incapable de ressentir cette lassitude qui s’installe en général ?

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