Sujet: Re: One more shot [Darcy] Dim 14 Fév - 12:58
one more shot
Dans les bars de Brighton, il y a un brouhaha constant, une agitation qui ne semble jamais faiblir malgré les heures qui s’égrènent. Darcy s’y sent dans son élément, comme un poisson dans l’eau. Elle aime le bruit. Chez elle, quand ce n’est pas la radio qui crachote des musiques au hasard, c’est la télé qui tourne dans le vide sur des programmes de qualité tout juste merdique. Ce n’est pas tant ce qui se raconte qui a de l’importance. C’est la volonté de briser le silence et tout ce qu’il véhicule de désagréable avec lui. Ce soir, accoudée au comptoir devant sa bière, la blonde se régale. Le barman passe une playlist de vieux rock britannique et elle ne peut s’empêcher de chantonner en faisant claquer ses ongles sur le bois laqué. Un rapide coup d’œil à sa montre lui indique que son amie a déjà plus de quarante minutes de retard. Machinalement, elle dirige son regard vers l’entrée du pub pour vérifier une énième fois que la retardataire ne fait pas partie de la foule. Elle accroche au passage celui d’un mec à l’air passablement éméché et lui adresse un petit sourire réflexe. Grossière erreur. Le type tape une claque dans le dos d’un de ses amis et se lève avant de s’avancer vers elle d’une démarche titubante et mal assurée. Ugh, damn it. Elle lève les yeux au ciel et se tourne vers lui au moment où il atteint enfin le bar. Elle esquisse un sourire mi amusé, mi moqueur, tandis qu’il s’échine à s’installer sur le tabouret, renversant au passage une bonne partie de sa bière sur le comptoir. « Oh là, tout le monde sur le pont ! Dis, t’es gentil mon grand mais j’attends quelqu’un là, donc techniquement la place est prise. J’veux dire, c’est pas pour être désagréable hein, mais je suis pas intéressée de toute façon. » Il n’a pas l’air spécialement méchant. Bourré, tout au plus. Envahissant, ça c’est certain. Elle n’a pas le cœur à le remballer trop durement. Probablement qu’il ne s’en souviendra même pas le lendemain matin, ou peut-être à travers le récit de ses potes de beuverie.
Comme tous les types dans son genre, il prend les ‘peut-être’ pour un ‘oui’, et les ‘non’ pour un ‘peut-être’. Pas vraiment surprenant. Il s’essaye à un semblant de discussion logique, racontant sa vie par le menu en trébuchant régulièrement sur les mots. Darcy lui prête à peine une oreille polie, se contentant de le repousser du bout de l’index quand il titube un peu trop vers l’avant dans sa direction. L’ivrogne touche une mèche de ses cheveux de temps à autre, passe ses doigts sur le tissu qui recouvre ses bras, et la sensation est immensément désagréable. Bientôt, la jeune anglaise passe de légèrement embêtée à complètement agacée. Lorsqu’il lui tombe à moitié dessus, elle saisit l’occasion et glisse la main à l’intérieur de sa veste en cuir. Des années de pratique dans les transports en commun de Brighton lorsqu’elle était adolescente. Ses doigts s’enroulent tels des petits serpents autour de quelques billets pliés les uns sur les autres qui lui trainent dans la poche et elle le repousse à nouveau, plus fermement cette fois. Tandis qu’il chancèle, elle range son butin dans la poche arrière de son jean. You had it coming, mate. Il semble sur le point de repartir dans une longue tirade enflammée lorsque ses yeux viennent se perdre derrière elle. Lorsqu’elle sent une main se poser sur son épaule, elle se raidit l’espace d’un instant avant de reconnaître la voix du nouvel arrivant. C’est avec un grand sourire peint sur les lèvres qu’elle se tourne vers lui. « Caleb ! Tu tombes à pic toi, comme toujours. » L’ivrogne semble étudier la situation qui se joue devant lui l’espace d’une seconde avant de descendre du tabouret, de s’excuser dans un langage approximatif et de s’éloigner en titubant pour retourner à sa table sous les moqueries de ses amis. « La vache, j’ai bien cru qu’il décollerait jamais de ce tabouret, quel enfer ! C’est un truc de dingue avec les mecs, à partir du moment où tu les traites comme des êtres humains, ils prennent ça comme une invitation. J’veux dire, c’est interdit de sourire sans arrière-pensée ? Enfin bref, c’est pas le plus important. Ça me fait trop plaisir de te voir ! » L’instant d’après, elle s’accroche au cou de son ami dans une étreinte chaleureuse.