PV: Isleen & Hilsolda || Avant d'atteindre sa chimère plus d'un l'aile rompue et du sang plein les yeux, mourra [..]

Pourquoi tout cela était-il réellement arrivé ? Tu ne saurais dire mais tu n'avais rien vu venir, absolument rien, alors que pourtant, tu aurais dû le voir venir pour l'empêcher d'aller fourrer ailleurs, n'est ce pas ? Sienna est si belle, tu espères pouvoir lui ressembler, parce que physiquement, elle est un bel idéal. Tu n'as pas trop à te plaindre clairement, tu es belle comme un coeur Hilsolda, mais ta mère, c'est une déesse. Alors tu ne comprends pas comment il n'a pas pu s'en satisfaire honnêtement. Est ce que tu arriveras à le comprendre un jour ? Tu en doutes sérieusement, tu ne penses pas pouvoir pleinement comprendre ça, sauf si peut être tu es réellement amoureuse, mais que tu as un crush sur une autre personne ? Tu as du mal avec ces notions là encore, mais clairement, tu ne te sens plus comme une petite fille, tu as des formes là où il faut, comme il faut à ton sens, ce n'est pas trop volumineux, mais tu ne ressembles pas à une planche à pain. Tu te trouves plutôt bien proportionnée pour une jeune femme de 16 ans, mieux que certaines. Tu as la chance d'être dans un bon équilibre contrairement à d'autres. Tu n'as pas de soucis de poids, ni de taille, tu es grande, sans être une perche, tu es fine, sans être maigre non plus. Pourtant, tu te dis que tu ne resteras peut être pas comme ça, tu ne sais pas comment tu vas vivre cette rupture. Est ce qu'il y avait une chance qu'ils se remettent simplement ensemble un jour ? Difficile à dire tellement c'était frais dans le temps, mais oui, tu aurais préférée une séparation plutôt qu'un divorce clairement. Pourtant, c'était presque comme toutes les familles. Tu pouvais te vanter d'en avoir une unie jusqu'à ce jour, mais c'est désormais du passé, tu es rentrée dans la nouvelle norme 'Solda. C'est comme ça, pour le moment, tu n'as pas encore encaissé le choc même si ta mère n'est déjà plus là, partie dès qu'elle l'a pu, pas pour vous abandonner, tu le sais bien, mais pour être loin de celui qui l'avait trompé. Elle avait sûrement mal, trop mal pour oser le regarder encore dans les yeux et ne pas le voir la queue basse. Tu essayais de ne pas te l'imaginer mais l'image avait réussie à se former, celle de ton père en train de se faire la première dinde venue. Ainsi, jeudi soir arrivait, la soirée familiale, la soirée film et tu n'avais pas franchement envie d'honorer le rendez-vous, comme pour faire savoir ton mécontentement vis à vis de tout ça. Mais si tu avais pensée à cela tout au long de la journée, plus qu'à tes propres cours, tu n'avais pas pu te résoudre à le laisser seul, ou juste avec les petites, car cela aurait été encore plus triste que tu ne l'aurais voulu. Et tu n'avais pas le coeur à rendre cela pire que ce que c'était déjà. Les cours étaient finis, tu retrouvais ta soeur.

" Bon qu'est ce qu'on fait pour ce soir ? On reviens à la maison comme des fleurs et on fait comme si tout allait bien ? "

Les questions sont sincères, elles demandent une véritable réponse, car si ta soeur ne veut pas y aller, tu la soutiendras, tu le penses ainsi, car en vérité, c'est bien compliqué dans ton esprit d'adolescente. Tu n'es pas encore assez mature pour être une femme, mais tu n'es plus une innocente petite jeune fille, il n'y a qu'à voir les tenues que tu aimes à présent porter, qui te mettent de plus en plus en avant sans en faire trop non plus. Tu ne portes pas (encore) de décolleté qui vont jusqu'à ton nombril, mais des tee-shirts et des hauts qui laissent entrevoir la commissure de ta poitrine à présent bien formée. Tu es à l'aise avec ça, du moins, tu le penses, car ce n'est pas si simple que ça, rien n'est simple en vérité, il faut toujours mélanger les cartes pour avoir le jeu qu'il faut. Et ton esprit s'amuse à les mélanger souvent, si bien que ton coeur en est souvent perdu. Ce n'est pas le divorce de tes parents qui arrangera les choses, tu le sais bien. Ainsi donc, vous revenez à la maison, et tu l'entends vous appelez dans sa langue maternelle que vous comprenez bien. Contrairement à d'habitude, aucune mini-tornade ne vient vers vous, les petites sont chez votre mère. L'idée a néanmoins du mal à traverser ton esprit tellement tout cela semble irréel, mais elles ne sont pas là, vous ne serez que tous les trois, pour le meilleur ou pour le pire, tu ne sais pas encore. Tu essayes de sourire, et tu y arrives, mais tu as comme l'impression que les ménisques de ta mâchoire grincent tellement c'est forcé et pas naturel par rapport à ce que tu fais habituellement. Alors il s'enquiert de votre journée.

" La journée a été bonne jusque là oui. "

Tu es sincère, parce que tu ne sais pas si elle se terminera de cette façon là. Est ce que dans ton esprit, elle restera bonne ? Difficile à dire, peut être que tu réussiras à te mettre dans l'ambiance, ou pas, parce qu'il manquera trop de personnes dans la pièce pour que la scène paraisse normale, réaliste à tes yeux. Et pourtant, c'est bien là ce que sera ta réalité à présent Hilsolda.

Comme des éclairs qui zèbrent le ciel. Orage qui gronde dans un coin de sa tête constamment. Ne pas arriver à faire dériver les pensées ailleurs que sur ce rivage en gangrène. Ce mot qui fait peur. Divorce. Comme un club où se retrouve des ado désœuvrés et elle en fait partie désormais. Bordel. Isleen est en colère mais ne sait pas bien vers qui la diriger. Elle essaie de comprendre, de décortiquer mais bute. Se confronte à quelque chose qui lui échappe. Il lui manque assurément tellement de pièces du puzzle. Les cours se déroulent, les heures s’égrènent sans que le moindre savoir se greffe à sa cervelle à mille lieux d'ici. Elle songe, appréhende déjà, entrailles qui se serrent pour la soirée en approche. Un rituel, une habitude d'un quotidien qui n'est plus mais que les adultes se décident à garder. Comme un mensonge en tout pansement pour faire passer la pilule. Isleen soupire. Fini le temps des cerises, elle n'a plus besoin qu'on lui passe de la crème pour le moment du suppositoire. Plus rien ne sera comme avant alors pourquoi essayer ? Pourquoi maquiller les néants que forment désormais leur séparation ? Papa d'un côté, Maman d'un autre. Bien entendu, la gamine a essayé de voir le côté positif de la chose : deux cadeaux différents, deux noël différents, deux fois plus de chance d'amadouer en sortant la carte de l'enfant déchiré par le divorce. Mais les points positifs sonnent creux, presque sans saveur. C'est une maison remplie d'eux qu'elle veut. De papa et maman à la fois. Pourquoi c'est toujours compliqué d'avoir ce qu'on veut? La sonnerie retentit, fin des calvaires … qu'elle croit mais l'enfer continue. Cette fois-ci dans sa tête, à tergiverser. Sa sœur retrouvée et qui ne l'aide pas, lui mettant sous le nez justement les choix qui l'étripent et la divisent.

Oui, parce que oui, bien entendu, Isleen a pensé à ne pas rentrer, à faire le mur emportant sa sœur avec elle comme un cri de rébellion. Ne pas  faire ce qu'on attend d'elle, ce qu'on voudrait d'elle et pourtant le cœur se serre malgré tout. Et contre toute attente. D'imaginer son père seul dans le salon avec un regard si triste. « J'sais pas. J'imagine que oui ? » Comme si tout allait bien quand rien ne va à vrai dire. Que c'est encore trop frais et récent pour arriver à faire avec. A s'habituer. Quelque part, la môme, elle a pas envie de s'y habituer « Allez on rentre » Passer le bras autour de celui de sa cadette avant greffer les pas vers la maison. Si habituellement le pas est plus pressé pour pouvoir se vautrer devant Netflix, la cadence est ralentie aujourd'hui. Ca marche à reculons avec le cœur au fond des chaussures. Trainent et trainent les pieds qui ne veulent pas rentrer et constater les quotidiens qui ont explosés. Voir et sentir l'absence de maman partout où elle devrait être. Ce n'est plus le sac qui vole à travers la pièce avant que les pieds se laissent tomber sur la table basse et que maman les cogne du revers de la maison en te faisant comprendre d'un haussement de sourcil que tes pieds, tu les poses par terre sinon la vie qu'elle t'a donné, elle peut la reprendre. Non. Ce n'est plus ça. Ce qu'elle rencontre quand elles rentrent dans la maison, c'est une sensation de vide, d'absence jusqu'à que la voix de leur père s'élève du salon. D'un gaélique déroulant et dévalant les couloirs. « Ouais, ca a été » Son de voix de monotone, de ces émotions fuyantes. Enfin jusqu'à que son père se matérialise sous ses yeux accusateurs, qu'un sourire zèbre le flegme habituel de son visage. Elle a toujours eu le coeur faible face à ces sourires-là. « On a tué personne » Le sac à dos glisse au sol mais les épaules restent lourdes, lourdes. « Pour l'instant » Regard qui coule jusqu'à sa petite sœur, complicité en message morse. Parce que si Isleen adore embêter sa sœur, les autres n'ont pas se privilège et le ferait savoir férocement aux autres. La jeune adulte hausse les épaules avant de se poser en face de son père. « Peu importe si cela nous va ou pas, Solda et moi n'avons pas le choix de toute façon ? » Y'a qu'à subir et endurer mais le cœur n'a pas envie de faire semblant, n'a pas envie de causer plus de douleur non plus. Alors elle se hausse un peu sur la pointe de ses pieds et dépose le baiser de judas contre la joue de son père. Isleen a les mots aiguisés, des colères dans le ventre mais encore de l'amour pour ses parents. La môme s'éclipse dans le salon, choisit déjà sa place sans demander son reste. « T'as pris quoi comme film ? » Et même si le ton est distant, Isleen fait au mieux, essaie de faire passer cette soirée sans heurt. Elle ronge son frein, se mord l'intérieur de la joue jusqu'à sentir ce goût de rouille. La soirée sera longue.