Soirée jeu de plateau chez Shay

  Depuis que Caleb est revenu, il n’a pas passé énormément de soirées peinard chez lui. Il a couru les bars et les invitations chez des amiEs, est resté tard jusqu’à la fermeture de l’université pour travailler et rattraper quelques années à partir bien trop tôt de son poste sans laisser la chance à ses étudiantEs de venir le consulter. Il a mangé à l’extérieur pour se faire plaisir et a vu un grand nombre de films au cinéma, des plus minables – on te voit, la rediffusion de cinquantes nuances juste pour la tune. Il a tiré la gueule tout au long du film juste à cause de la connerie profonde de la chose – aux grands classiques. Il a fait les boutiques de nuit, les cafés ouverts jusqu’à des heures impies et les bibliothèques qui ne ferment pas. Tout ça pour quoi ? Pour pas rentrer dans cette maison qui pue le renfermé malgré l’aération, pour se retrouver seul à seul avec son reflet et les fantômes d’un passé doux-amer qui n’est plus grand-chose désormais. Pour pas bouffer de la poussière malgré les nettoyages maniaques et sa passion de l’aspirateur. Tout ça pour laisser vide sa baraque et échapper à cet endroit qu’il n’arrive pas à apprivoiser.

C’est un peu pour ça qu’il n’a clairement pas dit non quand Akshay – qui nomme son gone comme ça, sérieusement, encore que bon, faut voir les gallois (pfeuh) – lui a proposé de venir participer à l’une de ses soirées de jeux de plateau. Nan, j’ai rien à faire très simple et utile quand c’est même pas un mensonge. Et puis malgré la merde que c’est de prononcer son prénom, faut dire qu’heureusement le mec est plutôt sympa. Et sympa pour les yeux. (Si loin de ce qu’il aime d’ordinaire, mais il peut pas s’empêcher de se dire que putain, c’est dommage qu’il cache encore ses attirances maintenant qu’il est ici. Autrement, il pourrait avoir déjà tenté sa chance. )

Il arrive même pas en retard, le prof. Pour tout cadeau pour l’hôte il s’est dit qu’il allait rapporter des immenses cookies aux pépites de chocolat : ça se mange bien pendant qu’on s’engueule, ça a un petit goût de reviens-y et surtout c’est bien moins galère à préparer que les autres saletés. Il n’a pas foutu le feu à sa maison et il a réussi à suivre la recette. Même, il les a goûtés avant de les mettre dans la boîte et c’est un régal. Il a par contre totalement sali ses fringues en cuisinant, si bien qu’il a du enfiler autre chose bien rapidement. C’est donc vêtu d’un jean bleu sombre et d’un pull noir qu’il sonne à la porte de la demeure, son tupperware super classe sous le bras.

« Hey, dit-il avec un sourire presque engageant alors que la porte s’ouvre. Pas de souci, t’en fais pas, je connais. » Son regard dérive sur le chat tout mignon qui n’est pas loin et il hoche la tête. « Adorable. » Un commentaire sur la bébête qui attend gracieusement que son humain nettoie, évidemment, et non sur l'humain. « Je t’ai fait… Fin j’nous ai fait des cookies. »
Il soulève la boîte et s’introduit délicatement dans le hall d’entrée. Evite et la litière et le chat curieux qui vient sentir le bas de son pantalon. « Oui, tu sens tes deux congénères, hein ? » murmure-t-il en baissant le regard – et vérifier qu’il n’a pas de poils sur lui. «Je te pose ça dans la cuisine. »

Caleb va bien trouver où c’est, quand même. ‘fin il suppose. Il s’avance et effectivement remarque la table dans la salle à manger, pose triomphalement sa boîte avant de se retourner – juste à temps. Un timing parfait entre eux. Le brun se retourne et s’appuie contre le dossier d’une chaise, les mains dans les poches. « Ecoute ça va, tranquille. On se plaint pas. Et toi qui revient du pays merveilleux de la litière ? » C’est fantastique, le caca de chat. Intérieurement il se maudit à peine de sortir un truc aussi nul… à chier. «  Oh t’embête pas pour moi, je prendrais le thé que t’as. Si t’en as du noir, ça serait fantastique. »

Il est accro à la théine autant qu’à la caféine, alterne joyeusement entre les deux dans le plus grand des calmes. Son attention fixée sur son hôte bien plus que sur la déco finit par dériver sur le chat qui se balade avec des airs de princesse – à raison. « Iel s’appelle comment ? »
   

 Il sourit un peu Caleb, aux histoires volontairement dégueulasses du docteur. Il n’a pas le coeur qui part et s’envole pour se foutre au bord de ses lèvres. Il a connu son lot de choses dégueulassées et dégueulasses, du temps où son fiancé et lui faisaient quelques soirées au fin fond de la capitale écossaise. Pas aussi trash, certes, que ce que lui décrit Shay, mais quand même. Une petite minute de silence pour le vomi qui dessine une teub sur le tapis blanc éclatant à cause d’un whisky trop fort. « Tu parles des mecs hétéros qui se nettoient pas les fesses, ou autre ? » lance-t-il naturellement sans même y penser avec un sourire et un roulement d’yeux presque serein – les hétéros, quelle connerie dans ce monde, et il assume sa pensée – avant de se souvenir que jusqu’ici, il l’est quand même aux yeux de tous. (Ou le croit-il) Il toussote. « Fin moi aussi. Je veux dire, je m’essuie aux toilettes, je suis pas comme eux.  Bref. Hrm. Trop sobre pour causer de ça.» Je suis pas dégueu, et certainement pas hétéro, mais ça me boufferait la gorge de l’avouer. Il pousse ça au fond de son esprit.

Eivor. T’en as qui l’auraient appelée minette ou choupinette, ou même cutipie. Lui, il a choisi… Caleb ne sait pas trop, il est prof d’économie et globalement déconnecté des sorties vidéoludiques. Il hoche la tête lorsque Shay se met à gueuler presque sur une histoire d’aigle femelle. « Encore un coup des mecs qui ont une hygiène douteuse, je te parie. » dit-il plus pour plaisanter que pour y croire vraiment. Même s’il est à peu près certain que c’est le cas.
« Oui, respire... » Qu’est ce que ça rend violent les jeux vidéos dis donc. Peut-être que son sourire poli est un poil crispé. Mais ça arrive à tous de se monter contre les autres.

Lorsqu’arrive leur troisième larron, un gars que Caleb ne se souvient pas avoir croisé jusqu’ici, il lui sert la main avec un sourire poli. Il a l’air… Bon. Il est beau.Mais c’est pas un critère de personnalité, car jusqu’ici, autant Shay que lui sont magnifiques. Un peu bourru peut-être ? Les mains calleuses en tout cas, mais ça fait plaisir à sentir. « Caleb. Enchanté de même. » Il n’a pas la moindre idée de s’il l’a déjà croisé une fois dans sa vie. Ca ne lui dit rien.
(Il se souvient que des gens qui sont assez chiants ou beaux pour retenir son attention)

Ses mains retrouvent ses poches avec un air presque décontracté. C’est vachement bizarre de porter un jean. En dehors des cours il a vaguement l’habitude de traîner avec, mais pas en présence d’autres personnes et pas dans un jean presque neuf. Il donnerait n’importe quoi pour être resté affublé d’au moins un bas fait d’autre chose. Mais sur le moment il a pensé aux conseils de son ex, comme quoi ça met les gens mal à l’aise quand il débarque à une soirée avec son costume, oui Caleb, même si tu mets celui où tu as un joli cul.  « Ca serait mieux qu’il puisse réfléchir, commente le brun à son voisin. Parce que j’ai pas la moindre connaissance en jeux de société. Je sais pas toi. Mais on a besoin d’une personne au moins capable de nous expliquer les subtilités j’pense. » Le tout s’agrémente d’un sourire franc tandis que son regard clair file de l’un à l’autre, déjà assis. Caleb tire une chaise pour s’asseoir avec un peu trop de maniérisme peut-être.
(Il a trop remonté son jean, ça lui cisaille le… Bref. )

« Y a un truc qui t’aiderait à te sortir la tête plus vite des mauvais souvenirs du boulot ? Tu veux en causer et torturer des pions pour extérioriser le tout ou pas ? Demande le professeur en jetant un coup d’oeil aux boîtes. Il fait glisser quelques-unes qui ont l’air jolies dans la direction de Blaine avec un haussement de sourcils interrogatif.
   

 S’est-il grillé juste avec une réflexion aussi innocente que la sienne ? Evidemment qu’il n’y allait avoir que les hétéros qui pensaient que c’était gay de se torcher le derrière après être passé aux toilettes. Il n’y avait qu’eux pour sortir ce genre d’idées stupides du fin fond d’un esprit torturé comme le leur. (Ils rataient pas mal de choses, d’ailleurs, en refusant de se nettoyer le cul. Genre la chance de pas avoir de traces suspectes sur leurs slips qu’ils portaient trois fois à l’endroit et trois fois à l’envers par exemple. )
De toute manière, autant ne pas répondre : Caleb sait que s’engager trop sur le sujet avec celleux qui ne se défendent pas immédiatement de lui dire que si, c’est gay peut très mal virer. On peut vouloir se nettoyer le derche et vouloir foutre les gays en prison. Et pourtant il y croit un peu, juste un peu, que le doc est quelqu’un qu’il voudrait garder dans ses connaissances et pourquoi pas, plus tard, ses amis.

C’est à peu près la même sensation qu’il a en découvrant Blaine, pour être honnête. Une envie d’en faire son copain, comme un gamin s’accrocherait au nouvel arrivant dans sa classe sous prétexte qu’il est sympa de prime abord. Les premières impressions ne sont jamais entièrement fausses. « Je t’accompagne volontiers sur la boisson pour le trivial pursuit. Même si certaines questions lui seraient sans doute données, vu la culture immensément inutile que des années d’études lui ont apportée, mais en attendant… J’te laisse choisir sur quoi on va réussir à lui changer les idées. Et je joue à la loyale. » Pas question de tricher sur les règles.

Les boîtes défilent, Caleb hausse les épaules et approuve, de toute manière, tout ce qui passe. Tant qu’on ne lui donne pas un jeu à la con qui serait une variante satanique du Twister avec la Macarena à faire à l’envers, ça ira bien. Il accepte tout. « Impressionnant, judoka et catcheur, on peut t’engager en garde du corps ? » Plaisante le brun tandis qu’il se détend contre son siège autant que faire se peut.

Les règles du premier jeu sont rapidement posées et le professeur se rassérène un peu. Ca a pas l’air bien bien complexe ! Aucune raison qu’il se tourne en ridicule – car le Hedworth craint ça, craint de leur faire perdre le temps et surtout de leur faire passer une mauvaise soirée. Tout guindé et inapte qu’il est… Il voudrait pas foirer l’amusement de deux honnêtes gars qui n’ont rien demandé et subissent sa présence plus qu’autre chose. « Ca va pour moi, les règles. » Caleb hoche la tête et jette un regard au blond à côté. Histoire de s’assurer qu’il n’a rien contre. Et puis de s’assurer qu’il va bien, aussi, au passage. (Pas juste de se dire que sa barbe a l’air vachement douce tout de même…)

« Pardon ?! Interroge Caleb, médusé. Il joint les mains, les doigts bien droits, paumes à plat l’une contre l’autre et pointe Shay d’un mouvement rapide comme pour s’assurer qu’il ne rate pas sa question. Tu veux dire qu’il se baladait avec… Enfin…. Yerk. » Un air dégoûté passe sur son visage et le déforme : nez froncé, tête qui se secoue de gauche à droite, regard levé vers le ciel. « Quel gâchis pour du Prada. C’est quand même étonnant... Et. totalement angoissant. »
Il faudra qu’il vérifie plus bas, lui, tout à l’heure, histoire de s’assurer que son jean ne lui fait pas autant de mal. Enfin il sait qu’il pourra consulter, si jamais…
Mais sans doute pas Shay.

Le trentenaire secoue une dernière fois la tête pour chasser les pensées bien peu ragoûtante d’un poil incarné poussant sur sa propre entrejambe – il a mal rien qu’à l’imaginer – et resserre instinctivement les jambes. Par automatisme ses chevilles se croisent. C’est le début de la fin. S’asseoir droit, c’est beaucoup trop hétéro.  « Merci pour le thé. Ses doigts se referment sur la tasse et la porte jusqu’à lui, attendant les autres avant d’avaler une gorgée. Je propose qu’un de vous commence et je vous regarde avec attention pour bien comprendre et ne pas entièrement faire n’importe quoi quand viendra l’heure de ridiculiser le has-been ludique que je suis. Hm ? »
(Il sait que ça ne se dit pas, mais il n’en a rien à faire. L’autodépréciation vient avec son amour invétéré du sarcasme, prix de groupe pour une personnalité plus chiante qu’il n’y en a l’air. )
En tout cas, lorsque viendra son tour, il est à peu près certain qu’il ne fera pas trop de la merde et qu’il jouera de manière cohérente.
   

Pétédéhaire. Ca rassure à peine Caleb d’entendre un adulte de, grossièrement, son âge, employer l’expression. (Il suppose que le doc a son âge, il ne peut pas être bien plus âgé que lui, il ne s’en remettrait pas. Parce que vu les gènes dans sa propre famille, il sera très rapidement réduit à un état vieillissant avancé et hideux. )
En tout cas, pétédéhaire ou non, le professeur a sérieusement mal à l’entrejambe juste en imaginant comment un homme peut accepter de douiller de cette manière pour plusieurs… Jours ? Mois ? Années, quand même pas. Par compassion – et pas seulement parce que son jean lui fait affreusement mal – il croise les jambes un peu plus.Sa cheville est désormais posée sur sa cuisse droite, le tissu sombre tendu à l’extrême, la ceinture presque sur son torse. Mauvaise idée, si l’on considère que la couture lui cisaille avec dextérité l’entrejambe et les fesses. Putain mais qui a inventé les jeans ? Il remue un peu sur son siège pour cacher son inconfort grandissant tout en maudissant Levi’s au fond de son esprit.

Avec une légère moue, le Hedworth hausse les épaules aux mots du docteur. Promesses en l’air, peut-être. « Promis, je viendrai te voir si jamais j’attrape un poil incarné sur mes parties intimes. Je doute que ça arrive, mais j’éviterai de me prendre pour un cowboy pendant des semaines. » Ses doigts tapotent la table, la tasse, en rythme, pendant que les règles lui sont presque rentrées dans le crâne. Il va y arriver. Ca a pas l’air si complexe que ça. Une gorgée de thé ou deux plus tard et ça va se passer à merveille – il est vraiment bon, ce thé. Il se demande où il l’a récupéré.

« Ah, désolé, Blaine. Je vole sans scrupule ta technique, tu me pardonneras j’espère. Le brun lui offre un sourire éclatant en guise de compensation, dévoilant ses canines. Il a cette manière de sourire qui illumine la pièce autant qu’elle lui donne l’apparence d’un animal montrant les crocs. Je suis content, mais je pourrais tout de même te bouffer. Tu sais, j’enseigne à des adultes aussi, techniquement. Ca reste des petits cons au jugement foireux. Pas que vous soyez comme ça ! Juste… C’est pas parce qu’on est adulte qu’on ne juge pas. »

Le premier tour se passe plutôt simplement. Il a l’air d’avoir pigé le truc, tout du moins d’avoir les bonnes bases pour continuer la soirée. Alors il se détend enfin. Pour la première fois depuis des mois, sans doute, Caleb profite d’une soirée sans le poids constant de l’angoisse au fond de sa gorge et les idées noires au fond de son cerveau. Il sirote sa tasse tout en jouant, glisse un œil de temps à autre lorsque la chatte bouge un peu – elle est adorable, trouve-t-il, mais il a toujours eu un faible pour les chats.
A la question de Shay il ne sait pas quoi répondre de prime abord. Gratouille le fond de sa mémoire sans que rien ne sorte. « Eh, mis à part des anecdotes embarrassantes sur mes étudiants qui préfèrent mater autre chose que mon cours, pas grand-chose de mon côté. J’ai pas une vie très palpitante, tu m’excuseras. Avec un sourire en coin, il rajoute : pas de cowboys à l’horizon dans ma vie. »

Profitant de la légère pause, il se redresse un peu en essayant de ne pas donner l’impression qu’il ne peut plus marcher droit. Foutu jean. « Est-ce que tu pourrais m’indiquer le chemin de la salle de bains, s’il te plaît ? » La question est formulée avec tout le tact qu’il est possible d’y mettre de sa part. Il en profitera surtout pour baisser son pantalon sur ses hanches, sortir le pull de sa ceinture aussi.
N’empêche qu’en se rendant aux toilettes, on a vraiment l’impression qu’il marche avec quelque chose de coincé dans les fesses. (Fabuleusement moulées par le denim, mais ce n’est pas le sujet)
   

Il ne faut pas lancer Caleb sur son métier.Sûrement pas. Il aime partager ce qu’il vit, même s’il se doute que la répression et les engueulades et les préjugés sur son métier sont proportionnelles au nombre d’enfants que chacun a eu. Bon, dans le cas de la soirée, il ne risque pas grand-chose : il doute que l’un ou l’autre ait un gamin en âge de fréquenter l’université – ou alors chapeau. Il le sent juste comme ça. « J’enseigne l’économie à l’université. C’est… Intéressant à montrer, mes élèves te diraient chiant à écouter. »Toujours présenter ça sous les deux points de vue. Il se marre avec Akshay quand Blaine décrit la situation plus que comique. C’est pas rien. C’est même… « Totalement surréaliste. Et drôle. Avec des pompons de couleurs différentes, attention. »

Avec un autre sourire presque pas coincé, sans trop vouloir dire que des fois il sent bien que ses élèves ont le regard qui s’aventure bien trop bas, il hausse les épaules. « Des choses pas croyables, qu’ils matent en cours, pour te répondre doc. C’est tout ce que je peux t’assurer. Je vous le dirai après. »
En fait, s’il demande à utiliser les toilettes dans la salle de bain, c’est moins pour une envie pressante de sa vessie que pour se rhabiller correctement et ne pas avoir l’air de souffrir d’une soirée un peu trop violente. En même temps, hormis s’il se lâche complètement sur les commandes de jouets pour adultes, au vu de sa collection actuelle, il y a peu de chances qu’il finisse par marcher d’une manière aussi coincée. Il préférerait prétendre une chute de cheval pour être honnête que d’avouer qu’il ne sait juste pas enfiler correctement ce jean-ci.

Il remercie son hôte et se glisse dans la salle, ferme le loquet avec délicatesse… Et s’empresse d’ouvrir sa ceinture et son pantalon pour le baisser correctement. Le confort est immédiat. c’est donc comme ça que ça se porte, en fait ! Un peu plus sur les hanches, moins remonté jusque sous les aisselles.
Un passage aux toilettes plus tard, histoire de ne pas faire tourner une chasse d’eau pour rien, il reboutonne et reboucle le tout, hésite à rentrer son pull dans le pantalon en jean. Un regard vers le miroir l’en dissuade : il a l’air définitivement détendu, comme ça. Allez, va pour l’effet légèrement débraillé – à ses yeux. Lavage de mains obligatoire, une pensée stupide qui lui passe par la tête à propos des mecs qui ne se lavent pas non plus les mains en sortant des chiottes, et il retourne au salon. « Tu as été adopté, dis donc ? » demande-t-il à Blaine tout en reprenant place.

La partie reprend doucement. Après une petite réflexion, entre deux mouvements, il finit par lancer. « Concernant tout à l’heure. Mes élèves. Quand je passe dans les rangs, j’ai le droit soit à des faux cours, soit à des vidéos de jeux vidéos. Ca dépend de l’heure. Ah et j’en ai choppé cinq à mater un disney en groupe. » Le brun se marre un peu en levant les yeux au ciel, finissant sa tasse de thé. « Je les aurais pas choppés si y en avait pas deux qui avaient commencé à chanter Can you feel the love tonight.Ca ne passe pas trop. »