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 "you talkin to me ?" ft bonaventure dell

Elle Russell
Elle Russell
messages : 391
nombre de rps : 12
Date d'inscription : 11/03/2021

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MessageSujet: "you talkin to me ?" ft bonaventure dell   "you talkin to me ?" ft bonaventure dell EmptyMar 20 Avr - 16:48

"you talkin to me ?" ft @bonaventure dell


Elle ne travaillait pas cette après-midi là. Elle avait pris le chemin de la rivière, à deux pas de son studio, lieu rêvé lorsque l'on est en quête de calme et d'introspection - du moins c'était l'idée -. La jeune artiste devait méditer sur un projet particulièrement technique qu'on venait de lui proposer, et qu'elle avait accepté avec plaisir, ayant constamment pour visée de devenir meilleure, mais qui était sûrement le plus compliqué qu'elle ait eu à réaliser jusqu'à présent, ça lui foutait une sacrée pression. Elle avait habituellement confiance en elle. Elle avait de l'ambition, elle était bosseuse, elle savait qu'on avait rien sans rien et elle était plus que volontaire à jouer le jeu de se construire sa propre réussite, mais aujourd'hui elle avait le doute. Elle s'était souvent demandé si, au fond, entre un frère lieutenant de police et l'autre footballeur professionnel elle ne cherchait pas à compenser quelque chose. Elle voulait exister aussi, être reconnue, qu'on lui dise qu'elle était douée. Et dans ce contexte-là, c'était dur de ne pas se sentir eclipsée, surtout plus jeune.

Elle ruminait tout ça le regard au loin, assise sur l'un des bancs qui faisait face à la rivière, lorsque son attention fut attirée par du mouvement dans sa vision périphérique. Quelqu'un avait visiblement décidé de s'adonner à la même activité qu'elle et venait de prendre place sur le banc voisin. Il ne lui fallut que quelques secondes pour replacer ce visage dans son contexte. C'était l'un des barmans du White Horse, et il lui avait toujours fait une sale impression à cause de ses regards insistants lorsqu'elle l'avait croisé là-bas. Elle leva les yeux au ciel en priant intérieurement pour qu'il ne trouble pas sa tranquilité. Enfin, si on pouvait appeler ça de la tranquilité. Elle croisa les bras et jeta un nouveau regard au barman pour vérifier si il était en train de la regarder. Evidemment que oui. Après avoir poussé un soupir désaprobateur, elle sortit son smartphone et se mit à parcourir Instagram pour faire mine d'être occupée. Elle ne savait pas bien si c'était la meilleure technique pour repousser les importuns, mais merde, elle était là avant, et elle n'allait pas se laisser déranger. Pas aujourd'hui. Ce manège continua pendant quelques minutes pendant lesquelles elle croisa le regard de son voisin sur elle à chaque fois qu'elle levait les yeux vers lui. Toi mon coco, t'as mal choisi ton jour. Elle se leva brusquement pour faire face à l'homme qui la regardait.

Bon bah ça va à la fin, tu veux ma photo ? lui lança-t-elle agressivement.
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Bonaventure Dell
Bonaventure Dell
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Date d'inscription : 19/03/2021

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MessageSujet: Re: "you talkin to me ?" ft bonaventure dell   "you talkin to me ?" ft bonaventure dell EmptyVen 23 Avr - 18:49



You talking to me ?
@Elle Russell



Bonaventure se souvenait avec précision du moment où il l’avait vue pour la première fois. C’était un jeudi soir, et la nuit était encore jeune. La lune se découpait sur le comptoir et il venait de se faire vomir dessus par une étudiante qui lui demandait son numéro. Quand elle était entrée, il n’avait pu détacher son regard d’elle, comme bon nombre des personnes présentes dans le bar. Il avait été comme instantanément hypnotisé. Elle s’était approchée de lui comme si de rien était, telle Moïse fendant une mère d’épaves. Lui s’était contenté de lui sourire, d’un sourire tendu, puis il avait repris maladroitement son travail, en lui servant le cocktail qu’elle avait commandé. C’était tout ce dont il avait été capable.
Par la suite il l’avait aperçue plusieurs fois, mais jamais il n’avait osé lui révéler ce qu’il avait sur le cœur. Jusqu’à aujourd’hui. Ça n’avait que trop durer, il fallait que ça sorte. Des jours qu’il ne dormait plus, que son palpitant s’emballait à chaque fois qu’il l’apercevait, la sueur qui détrempait ses chemises en soie semblait assécher sa gorge dès qu’elle lui adressait la parole... Il devait savoir. Alors il l’avait suivie jusqu’à la rivière et s’était installé sur le banc voisin. Au début il avait essayé de se montrer discret, s’efforçant de compter jusqu’à cinq dans sa tête avant de jeter un nouveau coup d’œil. Puis il était passé à trois, avant d’arrêter de compter tout court, se contentant de la fixer sans même s’en rendre compte. Évidemment elle n’avait pas mis bien longtemps à remarquer son petit manège, comment en aurait-il été autrement, et après avoir pianoté quelques instants sur son téléphone, elle s’était levée et avait avancé droit sur lui. Instinctivement il baissa les yeux alors qu’elle l’abordait et inspira profondément.

« Vous êtes une yakuza, c’est ça ? »

Des semaines qu’il se tenait prêt à déjouer un assassinat qui ne venait pas, à surveiller les verres des personnes autour d’elle pour s’assurer qu’elle n’y ajoutait pas un poison quelconque, mais rien. Il était épuisé, nerveusement et physiquement. Il y avait bien eu cette fois où il avait cru qu’elle avait enfin commis une erreur, mais d’après le flic qui avait écouté son histoire, commander un cocktail kiwi-carotte-orange n’était pas un motif suffisant pour placer quelqu’un en garde à vue. C’était une hérésie, personne ne questionnait ce point, mais il ne pouvait rien faire de plus pour  lui. Alors il avait fini par comprendre : c’était lui qu’elle était chargée d’éliminer, elle attendait simplement le moment propice. Curieusement, s’avouer cette évidence l’avait sur l’instant délesté d’un poids énorme qui oppressait sa poitrine, et c’était presque avec légèreté qu’il était rentré chez lui pour mettre de l’ordre dans ses petites affaires. C’était la veille au soir. Le tragique de la situation ne l’avait rattrapé qu’au moment où il avait écrit la lettre d’adieu qu’il laisserait pour James. Il lui disait qu’il était désolé pour sa chemise préférée, que c’était de la sauce tomate, qu’il pensait qu’elle était irrécupérable et qu’il ne pensait de toute façon pas avoir le temps de passer au pressing. Il lui disait aussi qu’il était désolé, qu’il savait qu’il n’avait pas été à la hauteur, mais qu’il avait toujours fait de son mieux. Il fut d’ailleurs incapable d’en écrire davantage. Et maintenant il était là sur ce banc, étonnamment calme. Il fixait le courant de la rivière, il était prêt.

« Est-ce que vous pourriez faire ça vite, s’il vous plaît ? Et ça vous dérangerait de me balancer dans la rivière, je voudrais pas qu’un gamin tombe sur mon cadavre. »

Et c’est avec une pensée pour son prochain que Bonaventure Dell s’apprêtait à quitter cette vie. Il prit une longue inspiration, et ferma les yeux.

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