(HOT /!\ ) T'aurais pas un peu de sucre ? ( Dam & Mic)

ça finit par parler de virus. J'raconte même pas les pop up qui se pointait sur mon ordi dès que j'essayais d'aller sur internet. Entre ça et tous les liens qui se glissaient sur les moindres lignes que je lisais sur divers sites. J'avais pas envie de voir des meufs en train de sucer des chupa-chups alors que je faisais des recherches pour mes bouquins, c'était chiant au bout d'un moment, et ça déconcentrait. Bah oui... Les images bougeaient, et du coup j'avais l’œil attiré, forcément. Bah voilà, j'avais dû avoir un truc qui s'était téléchargé de lui même, et mon PC était infesté. Je pouffais doucement avant de hausser les épaules.

"J'ai dû m'égarer sur quelques sites qui étaient pas safe. Mais ouais, si tu touches un peu en informatique, j'veux bien que tu jettes un œil. ça devient compliqué de continuer à écrire avec tout ça, j'te jure ! J'en viens à loucher sur des trucs qui m'attirent pas vraiment, et j'suis incapable de me concentrer."

Ouais... Fallait dire que les femmes, aussi charmantes soient-elles, elles éveillaient pas grand chose d'autre que de l'amitié chez moi. Mais... J'avais du mal à me concentrer quand ça bougeait de tous les côtés, c'était comme ça.

J'étais à l'aise, serein alors que lui semblait vouloir se cacher dans un p'tit trou de souris -il était trop grand, il rentrerait pas, ça c'était sûr-. Mais en vrai... Dans le fond... Le problème il était où ? J'avais affronté pas mal de trucs durs dans ma vie pour pas me focaliser sur des petits riens. Les gens jugeaient vraiment sur des trucs à la cons, mais j'faisais pas partit du commun. Je lui adresse un clin d’œil, le tout accompagné d'un grand sourire qui monte jusqu'à mes yeux, lui adressant un p'tit signe de tête.

"Si tu viens habillé, on sera déjà loin du scénario habituel de certaines sections de pornhub, j'te dis à tout à l'heure Damian !"

Parfois... Ce mec me semblait mal dans ses bottes, il semblait traîner sa tristesse comme une vieille valoche usée. J'couperai bien la poignée pour qu'il la laisse où elle est cette valise, juste un instant. Mais j'étais pas capable de dire ce qu'il traînait, ni si c'était possible de s'en délester. Parfois, quand t'allais pas bien, le moindre truc, la moindre gêne pouvait avoir un impact sur le tout, prendre des proportions énormes. Moi j'avais décidé de faire un fuck à tout ça, et de profiter de chaque instants. J'regardais jamais dernière, et jamais trop devant, j'me laissais porter. Ok.. .J'avais aucun diplôme en poche, j'buvais sans doute trop, et je m'étais enterré dans un patelin paumé et loin de mon chez moi. Mais... J'étais vivant, j'avais un toit au dessus de la tête, et je pouvais profiter de toutes choses. Comme de la musique que j'mettais à volume assez bas en rentrant chez moi, tournant le bouton de la chaine hifi. L'humain passait sa vie à regretter. Ses choix, son chemin, ses relations, des tas de trucs, un beau bordel. Moi j'voulais juste être heureux, alors je me concentrais sur les choses simples. Sur ces jolis rayons de soleil qui nimbaient le ciel, sur Tesla qui ronronnait joyeusement dans mon appartement. On se focalisait trop sur la douleur et le malheur, mais j'avais décidé de dégager ça de ma vie.
Une fois ma poêle chaude, j'avais commencé à faire mes crêpes, alors que ma cafetière glougloutait, dégageant une odeur plus qu'agréable dans l'air. Le tout combiné aux p'tites crêpes, c'était parfait. Une bonne dose de nutella là dessus, et on aurait le plat idéal. (Parce que oui, même passé 30 ans, le goûter ça restait un repas important ! Et un bon doigt à ceux qui pensaient que "Gnahgnahgnah c'était un truc de gosse" ). J'entends finalement la porte qui s'ouvre, et j'me tourne vers Damian, qui pointe le bout de son nez.

"Les crêpes ça sent toujours bon ! Tu vas voir ! C'est la recette de ma mère... Entre ! Fais comme chez toi, de toute façon... Les appartements sont tous disposés pareils j'ai l'impression. Tu devrais pas être trop perdu !"

Je me penche pour l’apercevoir, une expression douce sur le regard.

"Bienvenue ! Oh... En plus t'es pas venu les mains vides. Parfait !"

Je lance une nouvelle louche dans la poêle fumante, remarquant, sans me retourner, qu'il est planté là, comme un poteau, pas à l'aise. Je décide de baisser un peu le feu puis de le couper une fois que la crêpe est cuite, pour finalement me retourner vers lui et m'essuyer les doigts à mon torchon, je ferais le reste plus tard, on avait déjà une belle pile de crêpes.

"Ah ! Oui ! C'est vrai ! Les virus ! Viens j'te montre !"

Je lui sers au passage une tasse de café dans un mug Star Wars, lui tendant et remarquant finalement le motif qui orne le dos de son sweat.

"Oh... T'as la bécane qui va avec ? J'aime bien ! Bon ! Viens, j'te montre le criminel !"

Je passe une main dans son dos, l'entraînant jusqu'au bureau sur lequel trônait un ordinateur portable. Je poussais la chaise pour le laisser s'installer dessus alors que j'appuyais mes fesses contre le bureau, allumant l'ordinateur, et tapant rapidement le mot de passe pour finalement tomber sur un bout de mon bouquin, bien sûr, fallait que ce soit la scène de cul. Bah oui autant continuer, ça allait devenir un running gag. Je réduisais la page, restant maître de ma p'tite personne et décidant de m'en foutre. J'passais finalement derrière lui, pour pointer l'écran du doigt. Soufflant avec un sourire amusé.

"Si tu vas sur internet tu vas voir ! On dirait un sapin de noël tellement ça pop de tous les côtés ! C'est impressionnant. J'suis vraiment un naze avec ce genres de trucs." La proximité fait que j'laisse échapper le plus naturellement du monde un simple : "Oh... J'trouve que ton gel douche sent bon. C'est quoi ?" sans que j'puisse le retenir. Mais là encore... Y'avait vraiment un soucis ? Ouais Micah. Tout le monde n'était pas aussi nature que toi, et ce genre de réflexions pouvaient mettre mal à l'aise. Et Dam'... On se connaissait pas de trop, mais je voulais pas le mettre mal à l'aise. Il était beau coiffé comme ça d'ailleurs. Je m'écartais finalement de lui, me servant aussi une tasse de café, faisant tourner la bouteille qu'il avait apporté dans ma main. Hm... C'était un bon whisky.

"Je crois qu'avec une aussi bonne bouteille je resterai pas longtemps au café c'est moi qui te le dis ! T'as quelque chose de prévu ce soir ? Y'a assez de crêpes pour s'en faire un repas. On peut se faire un jeu à boire devant un film si ça t'intéresse, on fera un peu plus connaissance. ça fait longtemps que j'ai pas eu du monde chez moi. J'ai un peu de mal à trouver mes marques ici."

Finalement il avait dû cliquer sur chrome parce qu'une voix expliquait déjà comment gagner X thunes en trois jours, et d'autres voix féminines parlaient de "filles hots dans ma région" ouais... J'passais mon tour. Le tout se mélangeait dans un truc confus, presque incompréhensible, mais à force je connaissais leur blabla par coeur. Ouais ouais, comme les pubs pour Spotify ! Vous croyez que j'ai que ça à foutre de payer un abonnement ?

"Ouais... Tu comprends quand j'te disais que c'était chiant ? Jean René et sa solution miracle, il me prend pour un con. "

Un nouveau rire m'échappe, alors que je sors des trucs des placards et que je reprend ma préparation de crêpes. Micah passion cuisine. L'image était parfaite. Manquait plus que le petit tablier, mais j'en avais pas. Et je finissais souvent avec mes mains imprimés en farine sur mon cul.

La maison, c'était un lieu accueillant. Du moins je faisais tout pour que ce soit le cas. On discutait de tout et de rien. J'aime bien. Il est sympa le voisin. Puis hey, on était pas là pour se prendre la tête, moi ces prises de tête j'les fuyaient. Mon regard brille de curiosité à ses mots et je peux empêcher un sourire de gamin rêveur s'étaler sur mon visage. Il devait être canon quand il était sur sa bécane là. C'était ouf comme y'avait des trucs qui mettait mon imagination en branle. Tiens... J'ferais bien une histoire sur des bikers aussi.

"T'as une moto ? Vraiment ? Faudrait que tu me la montre un jour ! Moi j'ai qu'une vieille voiture, de toute façon ce patelin sans voitures, c'est un peu mort. Ah. J'ai un permis bateau aussi, j'adore les bateaux, mais j'ai zéro thunes pour pouvoir espérer en avoir un à moi un jour."

Je regarde un moment ce qu'il fait sur l'ordi. C'est pleins de petits tuyaux que je connaissais pas. J'étais un peu un naze en informatique. Fallait pas trop m'en demander, j'avais réussi à installer netflix, amazon prime et Disney + sur la télé par je ne sais quel miracle, et dans le fond, mon ordinateur me servait pas tant que ça -a part pour l'écriture-. Un petit gloussement m'échappe quand il me sort que "c'est pas mal écrit". Ouais... J'en étais pas tout à fait certain. Je lui tapote doucement le dos.

"T'es un vilain flatteur, tu sais ça ? Je vais finir par le croire."

Il finit par me répondre et je glisse un regard sur son dos. Hm... Amande... C'était donc ça. ça sentait bon. Ou disons que c'était un parfum qui lui allait bien. Sa question finit de déclencher à nouveau mon hilarité, un éclat de rire claire et joyeux, il allait pas par quatre chemins, et je devais avouer que ça me plaisait cette sorte d'absence de tabou. Bah... ça me dérangeait pas. Si j'écrivais souvent "du cul"... J'aurais été tenté de dire non. Mais la réalité elle était autre. J'avais eu quelques aventures là où j'avais grandi. Mais on pouvait pas dire que dans les p'tites villes on pouvait réellement vivre quelque chose d'autre que quelques baisers échangés derrière des rideaux soigneusement tirés, la porte fermée à clef, et une main glissée dans le caleçon de l'autre ni vu ni connu. J'avais eu quelques aventures, j'm'étais perdu dans une foule de bras. Mais c'était toujours un secret étrange qu'il fallait protéger par tous les moyens, quelque chose de honteux. Je voulais pas avoir honte de ce que j'étais, de ce que j'aimais. C'était une des raisons qui m'avais poussé à partir, j'en avais rien à branler de ce qu'on pouvait actuellement penser de moi, chez moi, là où j'avais grandis, là où ma famille était toujours, fallait pas s'appesantir dessus. Mettre des mots dessus, l'écrire, ça permettait de dédramatiser les choses. ça permettait de l'assumer. Bon... Puis le recueil de poèmes qui avait tourné sur du cul, ainsi que celui de nouvelles qui avait le même thème avait tendance à clamer que ouais, j'écrivais souvent du cul. Ouais... J'étais célibataire et seul, j'aimais bien écrire sur ce sujet. C'était une manière comme une autre de se défouler. ça finissait souvent par une séance de paluchage d'ailleurs, et donc une exploration poussée d'internet.

"Ouais. J'aime bien. J'aime bien décrire ce genre de trucs. Pour me souvenir... De s'que ça fait. ça fait longtemps que j'l'ai pas fais avec quelqu'un."

Ouais... C'était un truc d'assumer son homosexualité, s'en était une autre de le crier sur tout les toits. Le monde entier était pas obligé de le savoir. Pourtant j'avais envie égoïstement, de lui foutre sous le museau, de lui dire. De le clamer avec fierté. Et de voir sa réaction ensuite. Je sirote mon café, hochant doucement la tête à ses mots. Une expression simple sur le visage.

"T'inquiète ! Je tiens mieux que j'en ai l'air ! Je vais attendre le repas avant de commencer ! Et moi je suis pas difficile, alors c'est toi qui aura la lourde tâche de choisir quel film on va regarder ! C'est quoi ton genre de prédilection ?"

Quand il commente ce que j'ai fais sur mon ordi, je hausse les épaules, montrant la paume de mes mains, une p'tite moue désolée se peignant sur mes traits. J'en savais foutrement rien, j'cliquais sur des trucs sans trop savoir où ça menait et ce que ça donnerait. Un vrai aventurier d'internet. J'étais tombé sur des trucs... Ouhla, je préférais pas en parler. Internet, parfois, c'était un endroit fascinant. On s'attendait jamais à ce qu'on allait trouver. Parfois j'me sentais comme un explorateur découvrant des peuplades aux coutumes inconnues et incompréhensibles. L'aventurier du cul. Ah... J'en avais lu des écrits et autres fanfictions, j'avais même fait une sélection des pires que je gardais dans un coin de mes favoris. Comme une jolie p'tite collection, qui allait parfaitement avec celle de nanards qui siégeait sur mon étagère à DVD.

"Ubuntu ? Pourquoi pas. Je dois dire que je fais pas grand chose de plus sur mon ordi. Dis donc, tu roules ta bille !"

Un nouveau rire m'échappe, alors qu'il pose des questions. Je me glisse jusqu'à l'ordinateur, glissant mes doigts sur les siens pour attraper la souris, et la glisser jusqu'à un dossier, celui où je fourrais tous mes écrits, réfléchissant un instant. Bon... J'avais l'imagination fertile, j'testais des trucs, des dynamiques, des types de relations différentes, j'aimais découvrir, sélectionner. J'ouvrais un dossier comportant les parties d'un roman que j'avais jamais fini, sur un cabaret magique, dans les années 30, la scène, c'était au chapitre 10, ça se passait entre un danseur, et un flic chargé d'enquêter sur un meurtre en lien avec le dit cabaret. Le danseur était un vampire. Et foutrement flexible, si vous voyez ce que je voulais dire. Y'avait pas de lit, alors c'était fait à même le sol, avec passion. J'aimais bien ce qui tenait de la passion, de la pulsion, y'avait à travailler là dedans.

"Bon ! Aller, j'accepte de te faire lire l'une d'entre elles. J'réfléchis. J'me demande ce que j'aime, au niveau des sens, ce que j'aimerai coucher sur papier; quels sentiments j'veux explorer, et si je veux faire dans la subtilité ou pas. Je sais pas... Si c'est ridicule ou si au contraire c'est trop cru. J'écris des trucs qui me plaisent, et c'est déjà pas mal. De toute façon dans un cas comme dans l'autre, j'me dis qu'il y a moyen que ça trouve son public. Alors j'te préviens... C'est fantastique et tout et... Ah oui ! Mes écrits concernent toujours deux mecs. Je suis pas trop à l'aise avec le reste je dois avouer. Faudrait que j'essaye mais j'suis pas sûr d'être à même d'écrire ça correctement. Pour les sites douteux... Beh..." Je lui tapote amicalement l'épaule une nouvelle fois. "J'aimerai bien dire que ouais, c'est des recherches pour mes bouquins, mais hey, moi aussi j'suis monsieur tout le monde mon gars."

Y'avait une chanson qui disait "Internet is for porn". Y'avait une part de vrai. Enfin... ça faisait déjà un moment que ma conversation avec lui partait sur le cul. Un truc décomplexé, qui partait dans tous les sens. D'un autre côté c'était pas commun de voir quelqu'un à l'aise avec ce type de sujet. Je m'écarte, le laissant aller se servir un verre, restant pour ma part au café. Plus sage pour l'instant. Je me sentais bien avec lui, puis il était pas pudique comment pouvait l'être le reste de mon entourage. C'était charmant. Enfin... Non... Mais... Quand même !

"T'inquiète, j'suis plus prudent quand je baise ! Et j'suis propre, j'ai pas la chtouille ! Je respecte un minimum mes partenaires quand même ! Enfin... Tout ça pour dire... Que je crois que j'ai trop de temps libre. BEAUCOUP trop ! Mais en même temps, j'ai pas de taff trop réguliers ! L'avantage c'est que je suis à jour dans mes séries ! Bon ! On se les fait ces crêpes là ? J'ai une de ces dalles, j'te jure. Ou alors tu veux continuer à éplucher mes écrits ? Y'a beaucoup de trucs mal dégrossis ou qui pourraient te faire peur j'te préviens !"

 

 Je réfléchis un instant, avant de hocher la tête, j'avais une idée et elle était excellente. Mais bon... Du coup ça sortait pas trop du thème d'aujourd'hui (c'était la journée mondiale de ce qui se passait sous la ceinture c'est ça ?) j'attrapais une feuille pour y dessiner avec un feutre violet que j'avais trouvé dans le pot à crayon une fabuleuse moustache.

"Bon bah j'te propose un film de merde. J'ai quelques échantillons dans mon étagère. Sinon y'a... Heu... Tu sais ? Le film un peu pourri et malsain là... Avec le mec qui essaye d'initier une meuf au bondage, et... Plot twist. C'est un gros psychopathe. Là.. Bon, y'a moyen de vider la bouteille. C'est peut être pas une bonne idée. Mais sinon... Ouais j'ai toute une collection de films d'horreurs un peu débiles et clichés si tu veux. Y'a moyen aussi de faire un bon jeu à boire, a chaque décision débile d'un personnage, hop là !"

Il se descend en flèche "je suis peut être con". Non. C'est juste maladroit, et ça a été écrit sur le vif, ça n'a pas été travaillé. Étrangement faire lire ce genre de scène, c'est moins dérangeant. Parce que... On aura beau dire ce qu'on en veut, c'est du cul. Alors oui... ça évoque des envies, des pulsions. Mais ça en dévoile moins sur moi que le reste. C'est moins profond, moins intime. Moins... Moi. On peut tout mettre et rien mettre dans ce genre de scène, on peut donner bien des impressions, mais y'a des trucs sur lesquels ont peut pas mentir. Et dans l'écriture, on mettra toujours un peu, beaucoup ou pas du tout de nous même. Je ris doucement face à ses commentaires.

"T'es pas con. C'est juste écrit avec... Maladresse. C'est pas facile j'trouve. Mais... Ouais t'as sans doute raison. Je pense modifier un peu tout ça, si je m'y replonge un jour. Je commence des tas des trucs, j'en finis aucun. C'est... Mon gros problème."

Ouais... Des idées me percutaient, germaient, sans cesse, sans arrêt, me laissant rarement tranquille et du coup j'avais à peine travaillé une idée, j'l'avais à peine dégrossie, qu'une autre prenait de la place, de plus en plus d'espace. J'comptais pas proposer quoi que ce soit un jour, à une maison d'édition. Mon but c'était surtout finir ce que j'avais commencé. Il me proposait de lire ce que j'écrivais. Et... J'hésitais. Je prenais le temps d'attraper l'assiette pleine de crêpes, le nutella et tout ce qui allait avec pour tartiner, ainsi que des couteaux, 3 ou 4. Posant tout ça sur la table basse et posant mon cul sur le canapé.

"Peut être. J'ai jamais trop fait lire mes trucs avant. Enfin... Si. Parfois je poste des trucs sur internet, mais c'est différents. Une scène de cul pour le fun aussi, ça me dérange pas. Ouais, j'ai peut être quelque chose sur lequel j'aimerai avoir un retour... Un avis. Je te filerai ça. Enfin... Si t'as une adresse mail, j'te l'enverrai après avoir soigné mon PC, histoire que Jean-René te propose pas d'investir dans certains trucs douteux dès que t'iras sur internet. Et... Si ça t'intéresse, si ça te plaît, je pourrais te passer d'autres choses."

Je me relève, véritable pile électrique, pour aller me chercher un verre et me servir un peu d'alcool, versant ce qu'il me restait de café dans l'évier, revenant pour poser le dit verre à ma place. Un sourire doux éclaire mon visage quand je vois Tesla grimper sur les jambes de Damian. Il ronronne comme un fou, il aime bien avoir du monde à la maison, et ça arrive trop rarement, beaucoup trop rarement. Il vivait avec ma mère mon père et moi, mais... C'était mon chat, p'tit machin que j'avais récupéré dans un tuyau d'évacuation des eaux usées. Il était un peu bizarre avec les gens mais... On disait que le chat ressemblait au propriétaire et, à défaut d'être totalement propre et pas pète couille, il était accueillant. Il sembla se rouler en boule sur les cuisses de Damian, nichant son p'tit museau rose dans les poils panachés de sa queue. Je finis par me poser à nouveau à côté de lui, avec légèreté.

"J'écris pas que de la romance. Je teste plusieurs domaines. En ce moment... Bon... J'ai un projet de romance historique, la scène sur laquelle t'es tombé, et en parallèle j'me plonge dans l'horreur." Je tourne finalement la tête vers lui, un sourire désolé mais compréhensif. "Je suis désolé de l'apprendre. Pour les mauvais souvenirs j'entends." Il finit par se livrer, de manière intime. Tout en se dévalorisant, une nouvelle fois. "C'est pas parce que ça n'a pas marché une fois que... ça marchera plus jamais. C'est pas parce que ça a loupé, que c'est forcément de ta faute. On est humain, et parfois... On se trompe. Parfois... T'aime de tout ton coeur une personne mais... Z'êtes juste incompatibles, et c'est pas grave. C'est pas parce que ça n'a pas marché que ça fait de toi un raté, que t'auras plus jamais droit de trouver quelqu'un."

J'avais trop entendu ce genre de dévalorisations de ma part pour laisser passer ça. J'attrapais finalement une crêpe, la tartinant allègrement de chocolat, et la pliant soigneusement en 4 pour croquer dedans, c'était bon putain. Je poursuivais, une voix toujours aussi douce.

"J'vais pas te faire l'affront du truc que tous les pécores sortent "Beh une de perdue dix de retrouvés" mais j'te souhaite de trouver quelqu'un avec qui tu pourras être heureux. Et puis si tu trouves personne mais que t'es quand même heureux, alors... C'est bien aussi. J'ai passé ma vie à me cacher et à aider les autres, j'suis allé jusqu'à m'oublier moi même. Tout ça... Pour les autres. Je voulais pas assumer qui j'étais, ni même ce que j'aimais, pour les autres, et j'me suis rendu compte un jour que j'étais pas heureux. Et... J'suis partit faire ma vie ailleurs, dans un nouvel endroit où on me connaissait pas, et où j'pouvais être qui je voulais. Et me voilà ici. Si y'a de l'espoir pour moi, y'en au aussi pour toi tu sais."

J'attrape mon verre, et en bois, une gorgée, deux, trois. Ma voix est douce, y'a aucun jugement dans mon regard. Moi je juge pas. J'écoute, je partage les peines, et j'essaye de reconstruire. J'essaye d'effacer les fêlures. Les miennes, celles des autres.

"Tu sais on se connait pas, j'vais pas mentir, mais t'as l'air sympa en tout cas. Alors j'te laisserai pas dire que t'es un naze, compte sur moi ! J't'ai à l'oeil voisin, fais gaffe." Je plisse les yeux un moment, pour me donner un air sérieux, celui qui déconne pas, avant de pouffer, puis d'éclater de rire. "J'suis pas sérieux, mais je pense ce que je dis. Je pense toujours ce que je dis. Aller, prends une crêpe, ça te fera du bien."

 

Je frappe dans mes mains. Une expression joueuse sur le visage, mes mirettes pétillant de bonne humeur. 50 shades ! OUI c'était ce machin là ! C'est vrai ! J'avais occulté le titre de ma mémoire, fallait dire que ma mémoire c'était pas une poubelle ! Je découpe la moustache, et je la colle sur l'écran à un endroit stratégique.

"C'est ça ! Bah parfait allons y ! Putain... Faut être sacrément assoiffé ou désespéré quand même pour s'infliger ça. J'espère que ton esprit est prêt parce que là... ça va être les bas fonds du fun !"

J'lui fait lire des trucs, c'est la première personne en chair et en os à laquelle je livre des trucs, et il reste sympa, il descend pas non plus fatalement ce que je lui montre, de quoi me mettre en confiance. Je hoche doucement la tête.

"Bah... Après le vulgaire me dérange pas, mais ça plaît pas à tout le monde non plus. Tu aimes bien quand c'est plus direct, c'est ça ? Sans métaphores, et sans paillettes ?" Un petit rire m'échappe à cette image. Aussi direct dans ses lectures qu'il semble l'être dans la vie ? C'est un détail de sa personne agréable, appréciable. Je partage des crêpes avec lui, tartinant généreusement les miennes. On sent quand même le rhum derrière tout ça. La bonne petite recette... J'avais peut être un peu forcé la dose ? Impossible de vraiment en être sûr. Mais putain c'était bon. Elles étaient encore tièdes. J’acquiesce au Gdoc, on fera comme ça. C'est une bonne solution, il risque rien et je garde mon PC pourri. On parle... On parle, et ce qu'il me dit me fait hausser un sourcil, je me penche, pour l'observer, avant qu'un sourire malin et joueur m'échappe à nouveau.

"Oh bah... Si tous les gros crados sentent l'amande, moi je dis "oui" hein. C'est vrai qu'on nous met sans cesse la pression. "Si t'es seul c'est que t'as raté ta vie". C'est de la connerie en barre si tu veux mon avis. Tu dois être casé, avoir des gosses et ta propre baraque pour être heureux selon la société. Mais bon... La société elle se goure."

Un nouveau rire, de la joie, un instant partagé avec un presque inconnu que j'ai envie de découvrir plus. Toujours plus. Je secoue la tête.

"Si tu savais... Quand je vivais encore dans mon patelin natal, en écosse, j'avais quelques amies dans mon entourage proche. Je me souviens qu'elles crevaient d'envie face à ce mec là. C'était... Incompréhensible pour moi. Enfin... J'veux dire..." Je roule un instant des yeux. "Contrôler ta vie, te dire quand tu dois respirer, pisser, manger, ce que tu dois porter et tout, tu trouves ça bandant ? Bah... J'dis pas non à une claque sur le cul de temps en temps, mais n'abusons pas !" Je fais une grimace. "Amputée carrément ? J'me lancerai pas dans le bondage sans quelqu'un d'expérimenté pour m'initier. J'suis sûr que c'est des conneries qu'ils te balancent à la gueule dans tout le film là dessus."

Je finis par le trouver sans mal en streaming, et je rempli nos deux verres, et je lance la sauce.

"J'te préviens on va rouler, on va être saouls comme des cochons. Tu tiens bien l'alcool ? J'sais que t'habite à côté, mais bon si t'arrives pas à rentrer chez toi ou à trouver le trou de la serrure, y'a de la place chez moi."

Je me penche vers lui pour chuchoter.

"De toute façon si Tesla a décidé que tu restais ici, je suis navré de te dire que c'est le roi de la maison hein." Je ricane, avant de me poser devant ce film à la con. "Je l'ai jamais vu, à l'époque on avait voulu me traîner au cinéma. Bah oui... Le meilleur ami gay, c'est évident que lui, il peut apprécier ce genre de choses."

Bah oui... On allait arrêter de se voiler le museau, et l'alcool parlait sans doute aussi... Mais j'étais ce que j'étais, j'avais pas fait de mystère dessus, et il avait vite comprit.

"J'ai toujours refusé, je me respecte trop. Je peux plus voir en peinture cet acteur alors qu'il m'a rien fait, le pauvre... Promis j'suis quelqu'un de bien, enfin... Presque." Je pointe l'écran du doigt. "Là ! Cul sec !"
 

Il rit, et... J'me rend compte que j'aime bien... Ce son. Il a toujours l'air si triste le peu de fois où j'le croise, et là je découvre une nouvelle facette de lui. Je peux pas m'empêcher de le suivre dans un rire sincère, avant de glisser avec un petit sourire:

"Quoi ? Au bon moment, et pas non plus à m'en décoller la peau du cul, ça fait pas de mal ! Dis donc ! Tu vas en avoir des trucs à noter sur le voisin chelou d'à côté après cette soirée ! J'espère que t'as bien musclé ton poignet avant, et que t'es prêt aux lignes d'écriture ! Enfin... A mon avis ça devrait aller !"

Je souris, tentant de garder mon calme. Mais je dois avouer que je suis euphorique, sur tout, sur rien, ça part un peu dans tous les sens. Mais... Hey... Comme dit, ça a toujours été mon problème ! Je l'écoute, avant de finalement hausser les épaules, un sourire joueur sur les lèvres.

"Non mais... A la limite, faire joujou avec des bougies de massages ou quelques p'tites tapes sur le cul, c'est pas dérangeant, mais j'pense pas que j'irais plus loin là dedans. Les gens sont assez inconscients dans leurs pratiques mine de rien... C'est dingue. J'ai pas lu les bouquins ni vu les films, mais j'imagine que les deux risque d'affoler le premier bullshitomètre venu ! ça te tenterai toi ce genre de pratiques ? Ou pas ? Tu t'es déjà posé la question ?"

Ouais non mais... On tournait toujours autour des mêmes sujets, mais le gars semblait pas avoir de tabous, et bon sang c'était agréable d'aborder ce genre de choses. Il caresse Tesla qui se met à vrombir comme un moteur, il lui en fallait pas plus, il était pas chiant ! Je hoche la tête, grave, si chat décidait, alors c'était ainsi. Et si le chat avait adopté notre cher ami, alors... Il avait sa p'tite place à la maison, je lui souris une nouvelle fois, avant de devoir finir mon premier shot, avant d'en remplir un deuxième, pour le jeu. On verrait quand il serait bu, mais à mon avis... Beaucoup trop tôt.

" Ouais pis t'as vu ? Il a un tic bizarre à l’œil. Tu crois que c'est ça qu'elles trouvent canon les filles ? Non, j'ai beau me creuser la tête je comprends pas." Je hausse les épaules à ses mots, avant d'y ajouter mon p'tit grain de sel. " Oh riche aussi c'est creepy. Je préfère avoir un mec lambda, pauvre, mais qui me balade pas au bout d'une laisse, qu'un mec riche à en crever qui m'exhibe comme sa chose. Puis... J'sais pas... Elle a l'air vachement naïve et docile... J'aime pas trop l'image que ça véhicule. Soit belle et tais toi, fais ce que je dis ? Pas top le message."

J’enchaîne un second verre, me tournant finalement vers lui, j'avais déjà remonté mes jambes sur le canapé pour m'installer. ça commençait sur les chapeaux de roues. Yay. "J'suis sûr qu'il y a un million de filles qui sont dans l'incompréhension totale vis à vis de toi. Quelqu'un que Cricri' d'amour ne fait pas bander ? Mais c'est que tu serais à contre-courant ? C'est scandaleux. Mais tu gagnes un p'tit point de plus auprès de moi. Pas suivre la majorité, c'est bien."

Être soi-même et pas se plier à la majorité pour "bien se faire voir", quand on écoute un minimum les gens, c'est ce qu'ils disent tous, la vérité elle est autre. J'me rentrais dans une case pendant trop longtemps et ça ne faisait que peu de temps, que je ne cherchais pas à suivre la masse, que je traçais moi même mon chemin. J'crois qu'on pouvait dire que malgré quelques détours, j'm'en sortais pas mal. D'un certain côté, j'avais plus personne à décevoir ici, et plus rien à perdre.

"Wah... Mais en vrai... J'me dis... Je suis sûr que ton film de cul il était plus... Profond que ça." je ricane, comme un con à ma blague, avant de finalement grimacer. Beurk... Un contrat, sérieusement ? "... Les hétéros trouvent vraiment ça caliente de devoir signer des contrats ? Je vais réfléchir à deux fois avant ma prochaine relation, sait-on jamais, qu'il y ait besoin d'un CV et d'une lettre de motivation. "Bonjour monsieur, j'postule parce que je trouve votre petit boule fort sympathique. Et puis n'allons pas nous mentir... J'ai un p'tit peu la dalle..." ... Et après je m'étonne de pas avoir de taff stable !" Un nouveau rire m'échappe.

 
 

Je croise les jambes, légèrement de biais pour le regarder, mon rire se joignant au sien, ça faisait longtemps que j'm'étais pas senti aussi bien avec quelqu'un, j'voulais que ce moment s'arrête pas, qu'il dure, que le temps s'étire. Mais je disais rien, je gardais ça pour moi. Mon regard pétille de joie, ça aussi, ça faisait longtemps. J'allais pas dire que j'étais un triste sir mais... Bon sang ces dernières années j'avais bien morflé, entre les difficultés à garder mon père à la maison et la surveillance constante qu'on devait avoir sur lui, c'était compliqué.

"Beh j'peux pas en douter pour le poignet, à voir si il l'est plus que le mien, on sait jamais, si ça se trouve j'te bats." Un nouveau petit rire, alors que je hausse les épaules quant au sujet de la police, préférant arborer une bouille innocente et un p'tit silence. ça parle ensuite pratique et p'tite fessées, et je penche la tête, l'écoutant avec attention. C'était dingue... Le mec, jusqu'à aujourd'hui, j'lui avais juste dis bonjour deux ou trois fois, et maintenant il en savait plus sur ma vie sexuelle que la plupart des gens de ce coin.

"Si t'accepte qu'on te le fasse à toi, mais que tu penses pas être en mesure de le faire, ça en dit longs sur toi je supposes... C'est intéressant. Mais ouep... On est d'accord, j'pense qu'il faut être en pleine mesure de ses moyens dans ce genre de pratiques, y'a trop de moyens que ça dérive pas dans le bon sens." Pas con le Dami', pas con... Je suis le film d'un oeil alors que je suis plus concentré sur notre conversation que sur le reste. De toute façon le scénario devait tenir sur un timbre... Alors pas trop besoin de se concentrer, c'était pas ce que les gens recherchaient quand ils regardaient 50 Shades.

"J'pense que ça dépend ce que tu cherches en matière de film ? Y'a sans doute des gens qui sont un peu moins tatillons que d'autres ? Me voilà en train de chercher à donner des excuses aux autres ! Enfin j'te dis ça mais...." Je pointe du pouce la bibliothèque dans un coin de la pièce. "Y'a toute une rangée de DVD que je peux pas regarder sobre tellement c'est naze"
Mais en même temps... C'était tout moi ça. Toujours à chercher à excuser les autres, à chercher une explication qui pourrait me satisfaire et expliquer le comportement d'autres. Un nouveau éclat de rire, les verres et les rires... C'est sympa, agréable... Ce qu'il me manquais. Je lui lance un regard en coin, un demi sourire venant relever un coin de ma bouche.

"C'est qu'elles font pas d'efforts. C'est tout."

Il finit par lancer quelque chose qui me sort du film, je tourne la tête vers lui pour le regarder me montrer son "incroyable talent", on se croyait dans l'émission là... J'peux pas m'empêcher de l'applaudir, riant sincèrement, clairement... Il pouvait sucer comme un dieu avec ce type de p'tit talent, j'en doutais pas. Je glissais mon bras sur le dossier du canapé, me tournant un peu plus vers lui, cherchant un instant son regard. Chri-chri le cringe pouvait aller se faire voir. J'étais intéressé par le fameux mec lambda incompris. Celui que la vie avait un peu dégoûté des meufs. Il était clairement pas fait pour le monde du commerce, c'était pas la meilleure manière de se vendre... Mais c'était plein de sincérité, il semblait entier. La vie semblait lui avoir fait quelques coups bâtards, et il s'en relevait tout juste. Ma main glissait déjà jusqu'à son menton, lui tournant un peu la tête vers moi, le regardant de haut en bas.

"Impressionnant. T'inquiète pour le ménage, j'me débrouille bien tout seul. Par contre... S't'histoire de dieu de la pipe... C'est intéressant. T'as ta lettre de motivation sur toi ou comment ça se passe ?"

Je me penchais doucement vers lui, avant de me stopper, de chopper le chat, qui miaulait déjà de protestation. "Oh c'est bon ! T'as assez profité ! Y'en faut pour tout le monde la boule de poil." J'le déposais délicatement au sol, glissant finalement sur ses genoux, à califourchon, à la place laissée chaude par le chat. "On en était où ? Ah oui... La candidature tout ça tout ça... Bah écoute... J'peux te laisser faire un essai et voir si on prolonge. Tu veux un petit contrat écrit de ma main ?" Je me retourne juste un instant pour chopper mon verre, le terminant au passage, avant de venir l'embrasser, mes lèvres venant chercher les siennes, les goûter. J'devrais pas être surpris, elles ont ce petit goût d'alcool. Son odeur quant à elle, celle de l'amande, me semble partout, c'est pas désagréable, au contraire. "T'avais du nutella, là." J'effleure du bout du doigt sa lèvre inférieure. "Faut pas gâcher, c'est pour ça." Un petit rire m'échappe. Alors que je finis par chercher une nouvelle fois son regard. "Alors comme ça je t'intéresse ?"