| Party time Tonight, we are young So let's set the world on fire We can burn brighter than the sun So if by the time the bar closes And you feel like falling down I'll carry you home tonight Ft. @"Miles. Russel" |
La porte qui s'ouvrait sur cet espace si exigu que, dans les moments comme celui-ci, je me faisais l'effet de rentrer vivre dans mon clapier à lapin. Non, trop haut pour un clapier. Un placard à balai ? C'est ça ! J'avais quitté le confort de mon luxueux appartement en plein centre-ville de Stockholm pour mieux venir m’enterrer dans un placard à balai qui, comble de l'ironie assaisonnée à la ciguë, me coûtait tant que je devais enchaîner les heures au garage du coin pour pouvoir vivre décemment. Mes clés que je laissais tomber dans la desserte et le courrier que je vérifiais rapidement non sans en soupirer et sans réellement parvenir à me décider si les plus contrariantes de ces enveloppes étaient celles de mes factures qui avaient une fâcheuse tendance à s'accumuler depuis que ma si chère grand-mère avait décidé de m'infliger une leçon de politesse en me serrant tellement les cordons de la bourse familiale que je ne voyais plus guère que trois solutions pour parvenir à m'en sortir.
Présenter des excuses à la vieille chouette pour l'avoir, ce n'était pas même méchant je le jure, traitée de… C'était quoi déjà ? Ah oui ! Vieille morue défraichie et dessalée aux fesses en gouttes d'huile et qui puait le rance ! Ou c'était la fois d'avant encore ? Bref, elle s'était vexée et avait décidé que tant que je ne lui présenterais pas mes plus plates excuses je devrais me serrer la ceinture. Ça, c'était ma deuxième opportunité et autant vous dire qu'elle ne m’enchantait pas des masses plus que le coup du repentir. La troisième ? Vendre mes fesses ? Je ne suis pas sûre qu'elles intéressent quelqu'un mais, honnêtement, je préfèrerai un milliard de fois devoir vendre mon popotin et le reste plutôt que de ramper devant celle qui n'avait quasiment jamais pu supporter ma présence. Sans doute parce que je ne lui rappelais que trop à quel point sa fille avait pu fauter ? Comme si c'était ma faute…
Mon casque de moto que je n'avais pas même posé que mon téléphone se mettait à vibrer dans le fond de la poche arrière de mon jean. Une hésitation et puis le réflexe, presque mécanique, qui reprend ses droits et me fait décrocher. Sans même regarder le nom de l'appelant. De toute manière, blasée pour blasée ? Vous savez ces moments où vous manquez de tant d'heures de sommeil à votre compteur et que votre journée a si bien enchaîné les galères et les tuiles que vous ne savez presque plus comment vous vous appelez ? Et bien là, j'avais d'ores et déjà dépassé ce stade puisque je venais ni plus ni moins de tenter de décrocher… un texto. Un soupir alors que, réalisant mon erreur plutôt honteuse, je fixais l'écran de mon smartphone. J'étais épuisée et, si je n'avais pas vu s'afficher le nom de mon petit canard en sucre mauve de Miles je pense que je n'aurais pas même pris la peine d'ouvrir le message et serais allée me jeter sous ma couette pour y crever en paix jusqu'à la prochaine aube. Mais c'était Miles. Et hormis le fait que j'admirais la carrière du joueur j'avais tissé avec l'homme une amitié aussi tendre qu'elle était sincère et désintéressée. Pourtant on ne pouvait pas dire que les choses entre nous aient commencé sous les meilleures des augures !
Mes doigts qui pianotaient sur le clavier virtuel de mon téléphone alors que je grimpais dans le taxi qui allait lui aussi me coûter une fesse mais me permettrait d'arriver à bon port et entière. J'étais éreintée par une journée qui ne m'avait pas épargnée et prendre ma moto aurait été la quasi assurance de finir dans le décor ! Et j'étais trop heureuse de pouvoir assister à l'un des entraînements de mon équipe favorite pour laisser un sinistre accident me priver de ce plaisir sans cesse renouvelé. Ma tête qui venait chercher la fraîcheur agréable de la vitre contre laquelle elle se posait et mes yeux qui allaient chercher dans les aplats de couleurs d'un paysage défilant à vive allure les palpitations de notre amitié pas aussi ordinaire, ni aussi folle, que d'aucuns le prétendraient sûrement. Une étincelle qui s'était envenimée de mots salés quand Monsieur mon futur ami avait cru intelligent de me rembarrer d'une fête où nombre de ses coéquipiers, eux, m’auraient sûrement traînée. Tout ça parce que j'étais mineure ? A seulement quelques semaines près qui plus est… Sur le coup je l'ai tellement haï que j'ai fait des pieds et des mains pour revenir en deuxième saison et lui coller ma carte d'identité si violemment sous le nez que ce dernier s'en était retroussé de deux bons centimètres lui conférant un air si comique que nous n'avions pu qu’en rire de concert et de bon cœur. Depuis ? Depuis le vent nous avait ballottés chacun de notre côté mais, toujours, nos chemins finissaient par se croiser. Le temps d'un match. Celui d'une soirée. Plus souvent désormais que j'avais posé mes valises dans la ville de sa famille. Un sourire tendre à mes lèvres : voir mon ami, passer avec lui ces moments que nous nommions liberté là où d'autres ne voyaient que nos excès… C'était tout ce qu'il me fallait.
Le centre d'entraînement devant lequel, l'air un peu surpris, le chauffeur m’arrêta et ma carcasse que j’extirpais du véhicule pour mieux, casquette vissée à ma tête et suffisamment enfoncée pour qu'on ne me voit pas et me voilà qui me dirigeait vers l'entrée. Ça, c'était ce que je n'aimais pas. Ces groupies et ces journalistes prêts à tout ou presque pour approcher leur chouchou du moment. Comment pouvait-on vivre ainsi ? Avec une telle pression ? Miles m’impressionnait de parvenir à rester si bien lui-même quand il aurait pu devenir une putain de diva ! Le vigile qui allait me demander mon identité et ce que je faisais là quand il me reconnut. Après avoir vérifié que mon nom était bien noté il me laissa passer non sans me gratifier d'un sourire sincère. Lui et moi avions suffisamment parlé technique, tactiques, championnats pour qu'il sache que je venais pour le jeu des jambes et non l’entrejambe ou le portefeuille des garçons ! Des gradins que je délaissais pour mieux me rapprocher de ce banc où attendaient certains gars qui me saluèrent. A force ils commençaient à me connaître ! Je les aimais bien et j'étais toujours là pour les admirer, les soutenir et quand ils effectuaient l'une de ces actions que je trouvais toujours magiques ils savaient que parmi les voix qui hurlaient se trouvait la mienne. La petite fluette mais pas aigrelette là ! Un peu stridente aussi quand, en réponse à l'équipe adverse à la mienne, j’entamais avec l'ensemble de la tribune notre hymne, notre chant à nous !
Celui que j'aurais presque pu chanter ici aussi si le respect profond que j’éprouvais pour ces athlètes ne m'en avait pas dissuadée. J'aurais pu rester des heures à les regarder simplement s'entraîner. Ces exercices fractionnés et apparemment si répétitifs mais qui contribuaient à forger les esprits autant que les corps. J'aimais ça. Cette discipline, cette rage de tendre vers son objectif et à mes yeux sans doute le plus important, de faire tout cela avec le plus grand des esprits d'équipe. Pas parfait, non, les hommes demeurant des êtres pétris de doutes et d'ambitions. Mais ces garçons avaient appris à composer avec et hors mercato où là les dents poussaient bien vite je trouve que mes poussins s'en sortaient plutôt très bien ! Un mot du coach et les gars qui quittaient le terrain. Ma main que je levais pour mieux saluer celui vers qui je courais pour mieux me jeter à son cou et claquer une bise sonore à ses deux joues
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« Tu fouettes mon canard ! » avais-je plaisanté et non sans lui adresser un clin d'œil complice et en me reculant assez pour le laisser respirer
« Tu commençais à me manquer Miles tu le sais, ça ? » Le ton était léger, presque moqueur mais je savais que mon ami ne douterait pas de la sincérité de mes propos. Certains pensent qu'il faut toute une vie pour construire une relation de confiance. Je ne suis pas d'accord ! Des fois la vie cesse d'être une chienne et se fait bienveillance en mettant sur votre chemin la plus parfaite des personnes au plus parfait des moments. C'est ce que Miles et moi sommes l'un pour l'autre. Nous n'attendons jamais rien de l'autre si ce n'est ce qu'il a à nous offrir. Nous profitons simplement des moments que nous passons ensemble et, j'espère de tout cœur qu'il le sait : je serais toujours là pour lui. Car je suis sûrement pas la fille la plus fiable au monde mais je donne je ne reprends jamais. Je ne m'attache pas plus en amour qu'en amitié mais quand je m'offre c'est tout entière ou pas du tout. Miles est mon ami. J'espère de tout cœur être la sienne.
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« Tu vas bien ? » et alors que je voyais passer non loin une figure familière et pour le moins choupinette pour certains yeux et je ne parle évidemment pas des miens
« Nono est de plus en plus mignon, tu ne trouves pas ?» La taquinerie est un art délicat mais quand elle se débarrasse de toute méchanceté pour se faire douceur alors on sait l'amitié réelle. Et puis, faut bien le dire, la relation entre mes deux longues pattes me faisait doucement sourire. Ils étaient mignons, j'aurais mauvais jeu de le nier. Je crois même que je les enviais. Un peu. Beaucoup . Même si…
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« Ce soir je bois. Beaucoup. Vraiment beaucoup, tu es prévenu. » le rose à mes joues alors que je baissais la tête et murmurais tout tout bas
« Faut que je te parle. » un soupir alangui et beaucoup trop tendre
« J'ai rencontré un Schtroumpf. Et qu'est ce qu'il m'énerve !!! »Traduction ? Possible qu'il me plaise. Un peu. Tout tout petit peu. Voir plus. Et flûte !
Cosmoballerina