may the best man win (and it won't be you) (philipp)

Philipp n’avait jamais été un joueur très violent sur le terrain. Il pouvait être rugueux dans les contacts, et il s’énervait très facilement, mais il se défoulait le plus souvent avec des mots. C’était d’ailleurs ce qui lui avait valu les foudres de son père à l’époque, et de son capitaine aujourd’hui. Il avait une telle rage de gagner qu’il se laissait déborder parfois, et malgré toute sa concentration, il commençait à ressentir l’envie d’attraper Miles par le col pour le plaquer au sol et lui dire de la fermer. Il n’aimait pas qu’on lui rappelle qu’ils avaient été amis, qu’ils avaient même été très proches à l’époque. Trop proches. C’était quelque chose qu’il avait travaillé dur pour oublier, et les efforts que Miles faisait pour le lui rappeler le mettaient extrêmement mal à l’aise. Il serra le poing en écoutant le milieu d’Arsenal le chambrer sur la qualité des joueurs de Chelsea, mais il ne trouva rien à répliquer. En l’occurrence, il aurait été dur de le contredire vu la manière lamentable dont leur action s’était conclue. Malgré ça, Philipp était bien décidé à lui prouver qu’ils pouvaient faire mieux. Que lui surtout pouvait faire mieux. Il se replaça en silence, s’écartant légèrement de Miles mais sans le perdre des yeux. Il le savait, Miles allait vouloir enfoncer le clou, et à ce moment là il serait prêt à le contrer. Il trottina en suivant l’action, essayant d’anticiper au mieux, mais à la seconde où le ballon partit en direction de son ancien coéquipier, il sprinta pour lui arracher le ballon des pieds. Il arriva juste avant que Miles n’ait pu tenter sa passe, venant lui prendre le ballon dans un geste défensif parfait. Peut-être que les choses allaient tourner.

Il avait presque envie de s’arrêter pour bousculer Miles au passage, lui faire un doigt d’honneur ou lui lancer un sourire narquois, mais il savait qu’il ne pouvait pas se le permettre. Son capitaine et son coach lui pardonnaient peut-être ses excès d’humeur parfois, mais ils n’auraient pas apprécié qu’il gâche une action potentielle pour chambrer un ancien camarade de club. Il repartit en direction du but d’Arsenal, portant le ballon proprement jusqu’aux 40 mètres. Ses ailiers n’étaient pas montés assez vite, mais deux options s’offraient à lui : son avant centre en pivot juste devant la défense, ou son capitaine qui faisait un appel dans leur dos. En levant la balle il aurait sans doute pu atteindre son capitaine, lui laisser une chance de faire une tête et de marquer, mais son instinct lui souffla de prendre l’autre option. Philipp ajusta sa passe parfaitement, le contact avec le ballon irréprochable, mais son attaquant manqua légèrement son contrôle, poussant un peu trop la balle. Il se retourna avec une vivacité louable, mais sans grand espoir de pouvoir récupérer sa boulette. L’attaquant tenta une frappe un peu désespérée, mais vit son ballon contré pour finir en corner. Il leva une main en direction de Philipp mais le natif de Donwell l’ignora pour aller chercher le ballon et se diriger vers le poteau de corner. Au moins ils avaient gardé la balle.

Philipp observa les joueurs qui étaient montés pour jouer le corner avant de décider quel schéma de jeu tenter. Ils avaient quelques bons joueurs de tête, mais leur défenseur central était resté en retrait pour cette fois. Premier poteau, pour son avant-centre dans ce cas. Il leva la tête en direction de l’arbitre en l’entendant siffler puis courir en direction des joueurs attroupés dans la surface. De toute évidence plusieurs joueurs avaient commencé à se prendre la tête, et Philipp ne fut pas surpris d’apercevoir Miles tirer le bras d’un de ses coéquipiers pour l’écarter. Il avait toujours eu un tempérament plus calme que la majorité des autres joueurs, et que Philipp en particulier. Non pas que ça ait été très dur. Il secoua la tête en voyant son coéquipier se calmer. Quel idiot. Évidemment que les joueurs d’en face allaient les provoquer, mais ils ne parviendraient jamais à marquer s’ils se laissaient déstabiliser aussi facilement, et il en savait quelque chose. Après quelques secondes de flottement, l’arbitre sortit de la surface à reculons et lui lança un signe de la main pour lui indiquer qu’il pouvait tirer le corner. Les joueurs continuaient à se débattre dans la surface mais en faisant attention de ne pas faire faute. Philipp leva le bras droit pour indiquer la combinaison choisie avant de frapper le ballon. Son centre était parfait, mais l’attaquant perdit son duel contre Miles, et le ballon atterrit dans les pieds d’un joueur d’Arsenal. Merde.

Philipp reprit sa course en direction de son propre but pour tenter d’empêcher une éventuelle contre-attaque. Le capitaine des Gunners criait sur ses coéquipiers pour leur demander de sortir et Philipp sentit une belle occasion. S’il parvenait à récupérer le ballon, il pourrait prendre la défense à contre-sens, les surprendre assez pour s’offrir une occasion de but. Il sprinta en direction de l’ailier d’Arsenal qui observait les différents appels de ses coéquipiers. Il avait pris une seconde de trop et Philipp s’approchait dangereusement de lui. Le milieu de Chelsea se jeta au sol pour venir lui voler le ballon et sentit son pied accrocher le ballon avec satisfaction. L’ailier d’Arsenal tomba, déséquilibré, mais Philipp se releva quasi immédiatement. Il avait récupéré le ballon et prit l’équipe adverse par surprise. Il aperçut son attaquant partir dans le dos de la défense et frappa le ballon sans réfléchir. Sa balle était parfaite, et Philipp observa la course de son attaquant en espérant qu’il parvienne à contrôler le ballon proprement. Si c’était le cas, il avait un face à face à jouer avec le gardien des Gunners.

Philipp suivit le ballon des yeux, espérant que son attaquant réussirait son geste cette fois-ci, mais malheureusement pour lui, il manqua son contrôle, laissant le temps à la défense de revenir. Sa frappe se retrouva contrée par un défenseur d’Arsenal, et le ballon fila en corner. Philipp aperçut Miles aller féliciter sa défense mais ne s’attarda pas, préférant trottiner jusqu’au poteau de corner. Les supporters des Gunners sentaient que leur équipe était dans une mauvaise passe, et que les Blues pouvaient marquer à tout moment. Il ne voulait absolument pas leur laisser le temps de respirer. Les joueurs des deux équipes continuaient à se pousser, à se provoquer dans la surface, mais l’arbitre les laissa faire. La tension était à son comble, c’était le moment idéal pour surprendre la défense. Avec un peu de chance, ils paniqueraient plus facilement étant donné la pression qu’ils subissaient depuis plusieurs minutes. Son capitaine s’approcha lentement de lui, l’air de ne pas suivre l’action, et Philipp lui fit une passe courte au lieu de centrer dans la surface de réparation. Plusieurs joueurs d’Arsenal sursautèrent presque, pris au dépourvu, mais Philipp les ignora. Ils avaient travaillé cette combinaison à l'entraînement, et il était bien décidé à l’apppliquer à la lettre. Son capitaine contrôla la balle tandis qu’un défenseur d’Arsenal sortait sur lui. De son côté Philipp poursuivit son effort vers la surface, se glissant dans le dos du défenseur le long de la ligne de but. Son capitaine leva les yeux pour confirmer qu’ils étaient bien sur la même longueur d’ondes avant de lui rendre la balle.

Le capitaine frappa le ballon, mais même en pleine accélération, Philipp comprit immédiatement qu’il n’arriverait pas à le récupérer. La balle fusa, et le milieu de Chelsea tenta un tacle désespéré pour tenter de détourner le ballon vers la surface de réparation, mais en vain. Le ballon glissa en six-mètres sans qu’il puisse même l’effleurer. Il secoua la tête avant de se relever, agacé d’avoir encore perdu une occasion d’égaliser. Ils n’en auraient pas 20 comme celle-là dans le match, et ils ne pouvaient pas se permettre de les gâcher, d’autant plus qu’il avait l’intention de gagner, pas simplement d’accrocher le match nul. Son capitaine leva la main en signe d’excuses et Philipp se força à lui faire un petit geste pour lui dire que ce n’était pas grave, même s’il pensait tout le contraire. Il jeta un coup d’oeil à l’horloge tout en se replaçant. Il allait falloir égaliser rapidement s’ils voulaient avoir une chance de remporter ce match.

Philipp se replaça sans se presser, conscient du fait que les Gunners allaient prendre leur temps pour relancer. Ils menaient au score, et ils pouvaient se permettre de laisser le chrono tourner tout en jouant à la passe à dix. Comme il s’en était douté, les défenseurs adverses jouaient à la baballe, se faisant des passes sans prendre trop de risque jusqu’à trouver la faille. Philipp suivit leur mouvement sur le terrain sans se jeter. Il savait que l’un d’entre eux finirait par voir une opportunité, et c’était à ce moment là qu’il tenterait d’intervenir. À peine avait-il pensé cela que Miles récupéra le ballon à quelques mètres de lui et tenta une passe au-dessus de la défense dans la course de son attaquant de pointe. Le second milieu de Chelsea, que Philipp avait laissé au marquage de Miles était bien trop loin pour intervenir, et Philipp sentit ses muscles se contracter en voyant que la passe du milieu d'Arsenal était parfaite. Heureusement pour eux, le contrôle de l’attaquant ne l’était pas, et Philipp put observer le ballon filer doucement jusqu’à son gardien. Le moins qu’on puisse dire de ce derby, c’était que le niveau technique était loin de celui attendu, et cela pour les deux équipes, mais Philipp s’en fichait bien. En mettre 15 et dominer tout le match ou gagner par un but d’écart, c’était pareil. Le plus important, c’était les 3 points. Et montrer au sélectionneur britannique qu’il était meilleur que Miles, mais ça ce n’était pas le plus gros du challenge.

Il remonta le terrain à reculons pour observer ses défenseurs relancer tranquillement, sans se précipiter. Le chrono tournait, mais il n’était pas encore l’heure de balancer devant sans réfléchir. Avec un peu de chance, ils auraient encore une ou deux belles occasions. Philipp accéléra en voyant un trou entre les lignes et fit un appel pour son défenseur. Son coéquipier l’aperçut et lui lança le ballon, mais Philipp sentit rapidement un joueur adverse dans son dos, lui donnant des coups d’épaule pour le déstabiliser. C’était Miles. Bien sur que c’était Miles. Agacé par son pressing, Philipp le repoussa avec son dos tout en gardant un oeil sur le ballon. À peine le ballon était-il à portée qu’il tenta un contrôle orienté pour glisser le ballon entre les jambes du milieu d'Arsenal. Malheureusement pour lui son geste n’était pas parfait, et la balle frappa le mollet de son vis-à-vis, terminant sa course en touche. Frustré par la tournure du match et par son incapacité à faire des différences, Philipp lança un regard noir en direction de Miles. ”Arrête de me coller là.”

Philipp savait très bien qu’il aurait mieux fait de ne pas provoquer Miles, qu’il cherchait les ennuis à répondre à son pressing, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Après tout ce qui s’était passé entre eux, il avait gardé énormément de rancoeur à l’égard du milieu d’Arsenal, et malgré tous ses efforts pour ne pas se laisser déconcentrer, pour ne pas sortir du match, le fait de sentir son ancien coéquipier collé contre lui suffisait à le faire sortir de ses gonds. Il aurait aimé dire que son geste l’écoeurait, mais une partie de lui-même savait que ce n’était pas la vraie raison, quoi qu’il puisse montrer ou dire. Quoi qu’il ait pu faire à l’époque. Il serra le poing en entendant la réponse de Miles. Il avait l’impression qu’il venait de lui mettre un poing dans la gueule, et l’espace d’une seconde, il se retrouva presque paralysé. Ce connard. Il se tourna pour vérifier que personne d’autre n’avait entendu la réponse de Miles, mais il se garda bien de montrer son soulagement. Ça, il allait le payer.

La mâchoire serrée, Philipp partit proposer une solution sur la touche, se retenant à grande peine de dégager Miles d’un coup de coude en le sentant encore dans son dos. Il avait l’habitude de se faire presser, que l’équipe adverse dédie un joueur à venir le coller, lui pourrir son match, mais c’était différent avec Miles, pour des raisons que Philipp ne préférait pas analyser. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il était de plus en plus compliqué d’ignorer le corps de Miles dans son dos. Il tenta de changer de rythme régulièrement pour semer le milieu d’Arsenal, mais sans y parvenir. Après plusieurs minutes à tourner pour tenter de proposer des solutions à ses coéquipiers en vrai, Philipp arrêta sa course sèchement pour que Miles vienne le percuter. Il tourna légèrement son buste pour faire en sorte que le milieu d’Arsenal se prenne son épaule dans le torse. Un geste d’agacement inutile, il le savait, mais Philipp en avait eu marre d’avoir Miles littéralement sur le dos. Il entendit Miles souffler dans son dos en le percutant, mais Philipp avait anticipé le choc et il n’esquissa pas le moindre geste. Miles recula sous la force du choc, trébuchant sur la pelouse, et Philipp lui lança un sourire mauvais tandis que les sifflets des supporters d’Arsenal retentissaient dans le stade. Alors que Philipp était en train de reprendre sa course, il entendit le sifflet de l’arbitre à quelques mètres. Il leva les bras au ciel en se tournant vers l’arbitre. ”Quoi ?” Il tenta de garder un ton calme et posé, mais le fait d’avoir envoyé Miles bouler n’avait pas suffit à le calmer totalement. L’arbitre secoua doucement la tête en indiquant le joueur d’Arsenal par terre et en haussant les épaules. Il n’avait sans doute rien vu, mais il devait se douter de ce qu’il s’était passé. Philipp fit demi-tour pour se replacer sans un regard pour son ancien coéquipier. Son capitaine allait le tuer.

Philipp s’en voulait de s’être laissé provoquer aussi facilement, de ne pas avoir réussi à maîtriser son tempérament. C’était sans doute son pire défaut sur le terrain, et dans la vie de tous les jours, mais il savait qu’il ne pourrait jamais gagner ce type de match sans réussir à mieux contrôler ses émotions. Et ça, il ne pouvait pas le supporter. Il aperçut le regard provocateur de Miles et serra les poings le long de ses hanches avant de partir se replacer plus lentement que d’habitude. Son capitaine marchait dans sa direction, le regard noir. Ne manquait plus que ça. Il était sur le point de lui gueuler dessus (en tout cas Philipp le supposait) quand l’arbitre siffla pour autoriser les joueurs d’Arsenal à jouer le coup franc. Les deux joueurs sursautèrent presque, mais même si Philipp réagit instinctivement plus rapidement que son capitaine, il était déjà en retard sur l’action. Le ballon passa au-dessus de la défense, mais l’arbitre assistant ne tarda pas à lever son drapeau pour signaler un hors jeu. Le jeune milieu de Chelsea laissa échapper un soupir de soulagement. Ils l’avaient échappé belle. Avec un peu plus de concentration, l’équipe adverse aurait pu les punir, mais ils venaient de leur accorder un peu de répit. Le chrono continuait de tourner, et chaque minute qui passait tournait à l’avantage d’Arsenal, mais au moins ils n’avaient pas fait le break.

Philipp ignora le regard accusateur de son capitaine pour se replacer sur le terrain. Heureusement pour eux, les joueurs d’Arsenal se montraient maladroits aussi, Miles le premier, mais ça ne suffisait pas à apaiser Philipp. Il ne voulait pas être moins mauvais que son ancien coéquipier, il voulait montrer à tout le monde qu’il était meilleur. Et aujourd’hui il en était loin, c’était le moins qu’on puisse dire. Il prit une longue inspiration pour tenter de se concentrer et croisa le regard de Miles pile à ce moment là. Il lui lança un regard appuyé sans sourciller. Maintenant qu’il l’avait bousculé, qu’il s’était défoulé, il se sentait un peu mieux, moins lourd. C’était le moment de montrer ce qu’il valait. Il fit un appel pour son défenseur central tout en faisant un signe à son ailier sur le flanc gauche. Ils avaient travaillé cette combinaison à l’aveugle, mais il ne pouvait pas s’assurer que son coéquipier avait compris son intention, il allait devoir lui faire confiance. Philipp fit un pas en avant pour attraper la balle et tenta sa passe aveugle. Malheureusement pour lui, il n’avait pas vu Nolan arriver dans son dos, et il ne sentit sa présence qu’une fois qu’il était trop tard. Le milieu d’Arsenal contra le ballon, prenant l’équipe de Chelsea à contre pied avant de filer en direction du but. Philipp laissa échapper un cri de rage avant de sprinter pour tenter de le rattraper. Ce match était un véritable cauchemar.

Philipp ne ralentit sa course qu’en voyant son défenseur anticiper le ballon de Nolan et récupérer la possession. Heureusement pour Chelsea, les Gunners ne parvenaient pas à faire le break et leur laissaient une chance de revenir dans le match. Philipp le savait, si Arsenal avait marqué sur cette action, le match aurait été fini, mais ils pouvaient encore revenir. Il remonta le terrain en trottinant pour reprendre un peu son souffle tandis que son défenseur central écartait sur le côté. Philipp entendit le capitaine d’Arsenal reprocher à son milieu d’avoir tenté de jouer au lieu de gagner du temps, et le milieu de Chelsea ne fut pas surpris d’entendre Miles lui répondre. Il se souvenait d’une époque où leur capitaine avait reproché à Philipp de tenter des choses au lieu de jouer la montre, et où Miles l’avait toujours défendu. Déjà à l’époque, il avait été loyal, et malgré tout ce que Philipp pouvait penser de lui aujourd’hui, il se devait de respecter ça. Miles aimait le foot au moins autant que lui, et c’était la seule chose qu’ils avaient encore en commun. Il remonta le terrain sans regarder en direction du milieu d’Arsenal, faisant semblant de ne pas suivre ses mouvements. S’il en croyait les dernières minutes, Miles reviendrait le presser dès que possible, et il ne tenait pas à attirer son attention.

Il attrapa le regard de son défenseur et avança dans sa direction pour faire un appel, mais le défenseur choisit plutôt de faire une transversale vers le latéral de l’autre côté du terrain. Le ballon n’était pas parfait, mais heureusement pour eux le défenseur eut pas mal de temps pour contrôler. Philipp suivit le ballon sur le terrain et accéléra brusquement après quelques secondes pour tenter de prendre le milieu d’Arsenal par surprise. Il pouvait sentir Miles dans son dos, mais avec un peu de chance il serait trop lent. Le défenseur des Blues aperçut son appel en profondeur dans l’axe du terrain et lança le ballon dans sa direction. Malheureusement pour lui, le ballon du défenseur était beaucoup trop court, et il arriva directement dans les pieds de Miles. Philipp freina sa course et manqua de perdre ses appuis dans son volte face. Il ne faisait pas un match exceptionnel, mais il fallait aussi dire qu’il n’était vraiment pas aidé par ses coéquipiers. Voilà que son défenseur donnait une opportunité de contre-attaque en or aux Gunners.

Philipp se mordit la lèvre pour retenir un juron avant de repartir en sens inverse. Il avait l’impression d’avoir passé son match à rattraper des passes manquées, et il commençait à douter du fait que son équipe allait pouvoir égaliser. S’ils ne parvenaient même plus à faire des passes simples, ils n’avaient aucune chance. D’autant plus que la fin du match approchait dangereusement. Il tenta d’accélérer pour rattraper Miles, mais ses jambes n’étaient plus aussi fraiches qu’en début de match, et il se retrouva incapable de sprinter assez fort pour rattraper le milieu d’Arsenal. Il aperçut l’ailier des Gunners faire son appel mais trop tard pour pouvoir alerter sa défense, et incapable de contrer la passe de Miles. Avec un petit soupir de soulagement, Philipp aperçut le juge de ligne lever son drapeau pour signaler un hors jeu. Il entendit Miles jurer quelques mètres plus loin et il serra le poing contre sa hanche pour tenter de se concentrer. Les joueurs d’Arsenal ne parvenaient pas à faire le break, tout n’était pas perdu, et vu la réaction de Miles, les Gunners le savaient très bien. Il trottina à reculons pour se replacer vers le milieu du terrain et proposer une solution à son défenseur sur le coup franc. Le ballon arriva dans sa direction quelques secondes plus tard, sans grande surprise. Sa défense comptait quasi uniquement sur lui pour relancer, voire même pour faire le jeu. Il leva rapidement la tête pour voir les différents appels qu’on lui proposait mais décida de ne pas se précipiter. Ils avaient perdu la balle sur les dernières actions en tentant d’aller trop vite, ça ne servait à rien. Son capitaine lui fit un grand geste de la main pour lui dire d’aller plus vite en direction du but, mais Philipp secoua la tête et effectua une passe latérale pour son défenseur le long de la touche. Le défenseur réussit son contrôle et passa le ballon pour son ailier, quelques mètres devant lui. Philipp suivit le mouvement et accéléra vers le milieu du terrain. S’ils jouaient bien le coup, il y avait un une-deux intéressant. Son ailier aperçut son appel et frappa le ballon dans sa direction. La passe était parfaite, et Philipp n’eut même pas besoin de lever les yeux pour sentir que son coéquipier avait compris son intention. Il frappa le ballon sans contrôler, satisfait de voir la balle partir exactement là où il l’avait souhaité. Son geste avait été parfait, et son ailier récupéra le ballon le long de la touche, avec un bon mètre d’avance sur son vis-à-vis. C’était leur chance, Philipp le savait, et il reprit sa course en direction du but adverse pour venir proposer une solution au centre.