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 even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne

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Alan R. Debenham
Alan R. Debenham
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MessageSujet: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyMer 27 Jan - 23:44

Les ragots allaient toujours bon train dans une petite ville comme Donwell et personne n’était épargné. Non sans rajouter dans le cliché intemporel de la secrétaire colporteuse de toutes sortes de rumeurs, Alan devait bien admettre que sa collègue postée à l’accueil de la maison médicale dans laquelle il exerçait depuis des années était bien placée pour connaître tous les moindres secrets des habitants du village. Il n’était plus du tout surpris quand il l’entendait lui dire qu’un tel avait trompé sa femme avec la serveuse du White Horse, ou que le facteur avait déposé dans la boîte aux lettres d’une autre plusieurs courriers des huissiers. Le psychologue était plutôt amusé par ce genre de on-dit, en règle générale. Mieux qu’un journal ou que n’importe quel réseau social, sa secrétaire pouvait lui raconter tout ce qu’il voulait entendre sur certains patients. Mais il y avait néanmoins une certaine patiente, une seule, sur laquelle il ne voulait rien savoir. Il essayait vainement de l’oublier, alors qu’elle occupait chaque jour un peu plus son esprit. Alan avait l’impression que cela faisait des mois, voire des années qu’il ne l’avait plus vue.. seulement quelques semaines avaient passé néanmoins. Un temps beaucoup trop long pour lui. Alors, quand sa secrétaire lui avait dit qu’elle avait vu Joanne Bertram sortir du cabinet de son médecin généraliste et qu’elle n’avait vraiment pas l’air bien, qu’il se tramait quelque chose selon elle… il n’avait pas cherché bien longtemps avant de se mettre en tête de partir à sa recherche. Il savait bien que ce n’était pas une solution, qu’il ne devait absolument pas faire cela. Il se souvenait encore de la dernière fois qu’il l’avait vue, de cette entrevue, en présence de son mari. Où son cœur bouillonnait d’amour. Où son cerveau cherchait par tous les moyens de ne pas faire de bourde et de trouver une échappatoire. Pourtant, il fallait qu’il la voie, il fallait qu’il s’assure qu’elle allait alors bien, et que ce n’était, comme le nom l’indiquait, qu’une rumeur. Que pouvait-il lui arriver, de toute façon ? Et puis, que pouvait-il y faire en réalité ?

Toute la matinée ce jour-là, il sentit son cœur battre la chamade, son cerveau fonctionner à mille à l’heure pour tenter de trouver une solution qui ne venait pas. Que faire ? Lui rendre visite chez elle, c’était prendre le risque que George soit là et qu’il lui casse la figure. Il pouvait tenter différents endroits, les lieux que Joanne appréciait. Le salon de thé, par exemple. Ou la petite salle d’exposition qui ouvrait de temps à autres. Alan n’en était pas sûr, mais c’était évident que Joanne devait s’y rendre, amoureuse de l’art qu’elle était. Elle ne louperait pas une chose pareille. Entre deux patients, il se rendit sur le site internet de la galerie pour s’apercevoir qu’elle était fermée ce jour-ci. Impossible de retrouver la blonde là-bas. A midi quinze, une fois ses consultations terminées, il récupéra sa veste et ferma son bureau à double tour avant de quitter le cabinet en quatrième vitesse. Il arpenta les ruelles du centre-ville, regardant dans les boutiques s’il apercevait la silhouette qu’il cherchait, il entra dans le salon de thé pour vérifier, et se paya un muffin en passant, parce qu’il savait que sa pause déjeuner allait passer dans la recherche de la jeune femme. Il ferait sûrement chou blanc, puisqu’elle serait probablement chez elle, mais il se devait de regarder. Après avoir cherché dans les endroits les plus improbables du centre-ville, il commença à désespérer en se disant qu’il avait tort d’essayer mais son instinct l’incita à continuer et, alors, qu’il faisait une pause pour faire le point et tâcher de trouver sa prochaine destination, ses yeux se posèrent sur un petit panneau de circulation lui indiquant la plage. Il se frappa le front du plat de la main. « Bien sûr… » se murmura-t-il à lui même. Il fallait qu’il essaie. Il ne perdrait rien, à part du temps.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, Alan arriva à la plage, cette fameuse plage depuis laquelle avait été peinte la première oeuvre de Tess, réalisée sous les consignes et conseils de Joanne. Quelques promeneurs passaient et repassaient, inlassablement comme les vagues, et Alan mit quelques instants à voir une silhouette, debout face à la mer, profitant des embruns et des quelques rayons de soleil. Malgré le foulard qu’elle portait sur les cheveux et le manteau dans lequel elle était emmitouflée, il n’eut aucun mal à reconnaître Joanne quand il comprit que c’était bien elle. Il avait eu raison, il l’avait trouvée. Lentement, il se rapprocha, soucieux de lui causer du souci. Auparavant, il prit bien le temps de vérifier l’absence de son mari. Il n’avait aucune envie de tenter l’expérience à nouveau. Et enfin, lorsqu’il fut assez proche pour qu’elle l’entende, il l’appela. « Joanne ? » Il réprima un frisson en s’entendant prononcer ce prénom et fit quelques pas de plus vers elle quand il vit qu’elle ne se retournait pas. « J’ai entendu dire que ça n’allait pas fort et.. » Alan leva les yeux au ciel. C’était ridicule, il n’en savait rien, et ne devait pas croire des ragots. « Enfin.. c’est sûrement des bêtises, bien sûr. Les gens parlent sans savoir.. mais.. enfin.. je m’inquiétais. » Elle ne pouvait pas le voir encore, mais il se tordait les mains, son corps entier tendu en attendant le moment fatidique où elle se retournerait vers lui pour le regarder. Il ne l’avait pas croisée depuis si longtemps qu’il avait peur de sa réaction. Après tout… ils n’avaient jamais vraiment reparlé de leur dernier rendez-vous au cabinet et de la bombe qu’Alan avait balancé. « Est-ce que vous allez bien ? »
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Joanne W. Bertram
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyVen 29 Jan - 22:20



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Le retour à la maison avait été terrible, plus encore que le soir où Joanne avait renversé son verre à un gala, plus encore que le soir où George était tombé, ivre, dans le caniveau, et avait déversé sa rage et sa honte sur elle. Non, cette fois-ci avait été pire que les autres. Malgré tous les efforts de Joanne pour tenter de masquer la vérité, tout le travail qu’elle avait pu faire sur le chemin pour paraître sereine, pour ne rien trahir, elle avait pu sentir le regard de George peser sur elle comme un avertissement. Que George se doute ou non des sentiments que Joanne éprouvait pour Alan, le simple fait qu’il existe dans sa vie suffisait à le faire enrager. C’était une raison suffisante pour la punir. Elle reçut le premier coup sans surprise, mais avec la peur habituelle de ne pas savoir jusqu’où il irait cette fois. Avec cette terreur qu’il ne s’arrête plus, pas tant qu’elle respirait encore. Les coups avaient semblé tomber pendant des heures, si bien que quand George l’avait finalement laissée, effondrée sur le parquet du salon, Joanne avait été incapable de se relever. La lèvre en sang et les membres meurtris, elle s’était laissée retombée contre le sol, puis elle avait laissé l’obscurité l’emporter.

Des semaines étaient passées depuis cette rencontre accidentelle dans les rues du village, mais Joanne avait l’impression que des mois s’étaient écoulés. Des années. Quoi qu’elle puisse essayer de se dire, elle avait pris l’habitude de voir Alan, de lui parler, de l’observer, si bien que sa présence seule était devenue une source de réconfort. Mais elle ne s’en rendait compte que maintenant qu’elle l’avait perdu. Maintenant qu’elle semblait avoir tout perdu. Il ne lui restait que le semblant de vie qu’elle avait choisi, la maison de George, son argent, et ses coups tous les soirs. Ses humeurs étaient devenues plus violentes encore après la rencontre avec Alan, et il ne se passait désormais plus un jour sans que Joanne ne finisse recroquevillée dans un coin du salon. Elle n’était pas sortie pendant les deux premières semaines, par peur que quelqu’un ne puisse voir les bleus sur ses bras, et surtout la méchante coupure que son mari lui avait fait à la lèvre. Après ça, il avait fait attention de ne plus frapper le visage, et Joanne avait petit à petit recommencé à sortir. Elle errait dans les rues de la ville tout en regardant sans cesse par dessus son épaule pour s’assurer de ne croiser ni Alan ni George, mais pour des raisons bien différentes. Un jour, elle avait cru apercevoir Alan au bout de la rue, et elle s’était enfuie avant même d’avoir pu vérifier si c’était lui ou non. Après cela, elle n’était plus sortie que dans des endroits isolés, là où elle était certaine de ne plus voir personne. Et aujourd’hui, Joanne avait fini sur la plage de Donwell, comme souvent ces derniers jours. Elle s’y était retrouvée par hasard un jour, et elle y était retournée machinalement depuis. La plage lui rappelait des souvenirs qui semblaient appartenir à une autre vie, elle lui rappelait les cours de dessin chez le psychologue, elle lui rappelait Tess. Le vent glacé venait fouetter son visage, mais elle avait l’impression que ça lui faisait du bien, que quelque part, elle le méritait. Alors elle restait là des heures, debout, sans bouger parfois, à contempler l’horizon jusqu’à s’y perdre. Parfois, l’envie lui prenait de simplement marcher jusqu’aux vagues, et de laisser porter par leurs mouvements, loin. Mais même ça, elle n’en avait pas le courage.

Elle était perdue dans ses pensées quand une voix brisa la monotonie, et Joanne se figea. Cette voix… cette voix, elle la connaissait. Elle la connaissait même trop bien. L’espace d’un instant, elle se demanda si elle l’avait imaginée, si elle y avait tant pensé ces dernières semaines que son cerveau lui jouait des tours. Oui, une hallucination, c’était la seule explication. Et pourtant, la voix retentit de nouveau quelques secondes plus tard, et Joanne sentit quelque chose se briser au fond de son ventre. Tout ce qu’elle avait essayé d’ignorer ces derniers jours, toute la douleur qu’elle avait tenté de réprimer au mieux remonta à la surface soudainement. Elle avait le sentiment d’étouffer. Elle se força à prendre une longue inspiration pour tenter de retenir ses larmes. S’il y avait bien une personne devant laquelle elle ne pouvait pas se permettre de se montrer faible, c’était Alan. Elle l’avait déjà bien trop impliqué dans sa vie, et elle savait qu’à la prochaine erreur, George ne s’arrêterait sans doute plus. Elle sentit son coeur se serrer en entendant l’inquiétude dans la voix du médecin, mais elle se força à hocher la tête alors que tout son corps luttait pour lui faire indiquer l’inverse. Elle serra ses bras autour de sa poitrine, ses mains venant se poser au-dessus de ses bleus les plus récents comme pour les masquer, pour les protéger. ”Et vous, comment allez-vous ?” Elle se tourna légèrement et sentit son coeur cogner dans sa poitrine en accrochant le regard du psychologue. Elle détourna immédiatement le retard pour se concentrer sur un grain de sable quelques mètres plus loin. Sa voix semblait déjà faible, déjà chevrotante. Elle aurait pu jurer que son estomac était remonté jusque dans le fond de sa gorge, chaque syllabe semblait lui demander un effort surhumain. ”Comment va Tess ?” En baissant le regard, Joanne laissa une mèche de ses cheveux retomber devant son visage, le masquant à moitié. Elle ne savait plus si elle était contente de voir le médecin ou si elle avait envie de s’enfuir et de ne plus jamais croiser son chemin, mais une chose était sûre, elle n’aurait pas pu s’enfuir même si elle l’avait voulu. Elle avait eu du mal à se traîner jusqu’à la plage, mais elle espérait que ses mouvements ne seraient pas assez rigides pour attirer l’attention d’Alan.

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Alan R. Debenham
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptySam 30 Jan - 23:45

Bien sûr, elle éludait sa question. C’était une habitude chez elle, et Alan aurait dû s’en douter. Lorsque Joanne lui dirait un jour la vérité du premier coup, ce serait vraiment un miracle. Il ne broncha pas vraiment, ceci dit. Si sa secrétaire avait raison et qu’il se passait quelque chose, le psychologue ne voulait pas mettre la jeune femme en boule. Disons qu’au moins, elle ne mentait pas mais ne faisait que cacher la vérité. Il hocha la tête, sans sourire, un air embêté et contrit sur le visage. Il ouvrit la bouche pour répondre. « Tout… » et s’arrêta instantanément lorsqu’elle se tourna vers lui. Son regard se balada sur son visage, sur ses cheveux, dans le fin fond de ses yeux, où il se perdit un long moment. Alan avait la fâcheuse impression que cela faisait des semaines qu’il ne l’avait pas observée… ce qui était une honte selon lui. Une femme comme elle, elle méritait d’être regardée, et non vue. Il savait qu’elle n’était pas heureuse avec son mari, il l’avait compris malgré tout ce qu’elle avait pu lui dire et lui raconter à propos de sa stérilité. Pourquoi restait-elle avec un type aussi froid que lui ? Alors qu’il y a quelques semaines, le brun lui avait avoué des sentiments on ne peut plus réels et sincères. Cela serait toujours un mystère pour Alan, mais il devait l’accepter. Ce n’était plus de son ressort. « … va bien. » Les mots ne restèrent pas coincés dans sa gorge plus longtemps, et il serra les mâchoires en se rendant compte qu’il mentait. Si tout allait bien en apparence, dans sa vie, dans son travail, avec sa fille, son coeur était en miettes et il n’était pas près d’en recoller les morceaux. Il vivait en mode automatique ces derniers jours particulièrement. Si Tess l’avait évidemment remarqué, elle ne lui faisait pas de reproche. Elle avait probablement compris ce qu’il se tramait. Elle ne voyait plus sa nouvelle copine Joanne qui lui apprenait à dessiner et à peindre, et son père semblait toujours triste ? Il ne fallait pas chercher midi à quatorze heures, surtout pour une adolescente. Elle comprenait ces choses-là, puisqu’elle allait commencer à les vivre également. « Tess se porte bien également. » Il n’arrivait pas à cacher son impatience dans sa voix. Il ne voulait pas parler de Tess pour une fois, il voulait parler d’elle, de Joanne, de son état, savoir pourquoi sa secrétaire pensait qu’elle allait mal. En même temps, il voyait bien qu’elle n’avait pas l’air en forme du tout. « Vous lui manquez beaucoup. » La pointe de reproche qui sonna dans sa bouche le dégoûta un peu, mais il ne put la retenir. Il n’avait pas bien digéré le fait qu’elle punisse sa fille, en plus de le punir lui pour sa déclaration. La gosse n’y était pour rien dans cette histoire. Mais il s’était adapté, et il comprenait qu’elle n’eut pas pu passer outre… « C’est pas la seule à qui vous manquez. » Les mots étaient secs et froids, mais pourtant, il les pensait avec tendresse et douceur. Il amorça un pas en avant, avant de se raviser, conscient qu’elle allait s’enfuir. Elle semblait bouleversée. Alan se demanda s’il y avait eu quelque chose de grave, autre chose encore que son infertilité, quelque chose qu’elle aimerait partager avec son psychologue, et non pas l’inconnu qui pensait être au moins son ami. Il se douta qu’elle ne dirait rien. Muette comme une tombe. « Alors… quoi de neuf depuis l’autre dimanche… ? » Une question aussi stérile que le débat qu’il menait dans sa tête : lui demander les choses de front, en sachant qu’elle se braquerait et ne répondrait pas ? ou bien plutôt essayer de deviner ce qu’elle n’allait jamais laisser paraître ? Il lui faudrait un détecteur de mensonges du FBI pour réussir à décrypter la femme qu’il avait en face de lui. Chaque information qu’elle lui délivrait était à prendre avec des pincettes, et il n’était pas au bout de ses peines. Alors, en attendant de trouver le bon angle d’attaque, il tournoyait, voletait autour, tentait de gagner du temps… à quoi bon ?
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Joanne W. Bertram
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyMar 2 Fév - 14:59



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@alan r. debenham



Joanne essayait de gagner du temps, pour faire quoi, elle n’en savait rien, mais elle essayait en tout cas d’éviter un sujet. The elephant in the room. Le sujet dont elle ne pouvait pas parler, mais qui occupait sans doute la majorité de leurs pensées. Eux. Ce eux qui la hantait mais qui n’existerait pourtant jamais. Alors oui, c’était plus simple de faire comme si de rien n’était, comme si Alan ne lui avait jamais parlé de ses sentiments. Comme s’il avait simplement été son psychologue, et rien d’autre. Joanne avait pris l’habitude de mentir ces dernières années, mais ce mensonge là n’était pas aussi aisé que les autres. Elle sentit l’impatience dans la voix du médecin mais tenta de rester de marbre. Il devait pouvoir comprendre qu’elle n’ait pas envie de se livrer, ou de parler encore d’un sujet qui ne faisait que les mettre tous les deux en danger. Quoi que peut-être qu’elle était la seule à être vraiment en danger dans cette histoire. Peut-être qu’elle était seule à vivre dans la peur des coups, et dans la terreur de ce que George pourrait faire s’il apprenait ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’il s’était passé entre sa femme et son psychologue. Joanne eut l’impression de recevoir un coup dans l’estomac en entendant le ton d’Alan. Elle manquait à Tess, et même si elle avait préféré se dire que non, se dire que l’adolescente se fichait pas mal de savoir où elle était, elle n’avait pas réussi à se convaincre complètement. Elle avait abandonné Tess, tout comme sa mère avant elle, mais ça, elle aurait préféré ne pas y penser.

Un frisson la parcourut en entendant Alan dire qu’elle lui manquait aussi, et elle dut se retenir au dernier moment de se tourner vers lui. Elle avait envie qu’il parte, qu’il la laisse seule, mais elle avait aussi besoin qu’il reste. Elle avait besoin de lui, c’était aussi simple que cela, et pourtant elle le savait, elle allait devoir apprendre à faire sans. Alors à quoi bon prolonger les adieux ? À quoi bon remuer le couteau dans la plaie ? Il aurait été plus simple pour tout le monde d’arracher le pansement tout de suite, et d’en avoir fini. Mais seulement ça demandait du courage, et Joanne n’en avait plus aucun. Elle serra ses bras autour de son ventre, donnant l’impression de se protéger du froid alors qu’elle ne le sentait plus, qu’elle passait plutôt ses mains par-dessus ses bleus les plus récents. Comme un réflexe. ”Oh, vous savez…” Joanne s’éclaircit la gorge en entendant sa voix sortir dans un souffle faible. ”Rien de bien particulier. La vie. J’ai arrêté de peindre pour l’instant.” Des semi-vérités, toujours des choses cachées. Oui, la vie avait repris son cours, presque comme avant sa rencontre avec le psychologue. Seuls les coups avaient changé, s’étaient fait plus durs, et plus fréquents. Mais c’était sa vie. Ça l’était devenu en tout cas depuis qu’elle en avait fait le choix, et il était trop tard pour reculer. Pourtant la présence d’Alan lui rappelait d’autres souvenirs, d’autres émotions. Des moments passés qui inspiraient autre chose que de la peur, des regards remplis d’émotions autres que le dégoût et la colère. Il y a quelques semaines encore, elle s’était prise à imaginer un futur différent, et de comprendre aujourd’hui qu’il n’arriverait jamais suffisait à lui faire monter les larmes aux yeux. Elle renifla légèrement, priant pour que le son des vagues masque le bruit, avant de se tourner doucement vers le médecin. Le regarder en face, elle lui devait au moins ça, même si la tâche semblait insurmontable. L’expression du médecin était partagée entre la frustration et ce que Joanne imaginait être de la tristesse. Elle se demandait à quoi ressemblait son propre visage, si le médecin arrivait à déchiffrer son expression, à lire entre les lignes. À force, elle ne savait plus si elle le redoutait ou si elle l’espérait. ”Vous devriez m’oublier.” Je n’en vaux pas la peine. Elle aurait voulu lui dire qu’elle l’avait oublié de son côté, mais ce mensonge là semblait impossible à sortir. Sans doute avait-elle atteint sa limite. Non pas pour la première fois, elle avait l’impression que quelqu’un agrippait son estomac, le pressait si fort qu’elle en avait envie de vomir. Seulement cette fois, c’était elle qui se faisait mal toute seule. Ça ne lui ressemblait pas d’être aussi directe, mais elle n’était pas certaine de pouvoir retenir ses larmes bien longtemps, et elle aurait tout fait pour ne pas qu’Alan la voit pleurer. Pas encore. Pas pour lui. Joanne pouvait sentir une boule de la taille d’un ballon de foot au fond de sa gorge, mais elle se força à poursuivre, sa voix plus faible avec chaque mot qu’elle disait. ”Je suis mariée, vous le savez… Je ne pense pas qu’on devrait continuer à se voir.” Se voir. Comme s’ils avaient un jour vraiment été ensemble. Joanne en avait eu envie. Dieu savait qu’elle y avait pensé, mais c’était sans doute mieux comme ça. La chute n’en aurait été que plus dure, et elle l’était déjà bien assez comme cela.

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Alan R. Debenham
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyVen 5 Fév - 21:05

Chaque seconde qui passait sans que Joanne ne le regarde lui brisait plus le cœur. Il avait l’impression d’être un monstre, d’avoir fait une chose affreuse en lui avouant ses sentiments, sans vraiment comprendre pourquoi. Il avait un pressentiment, un assez mauvais pressentiment. Quelque chose lui disait que cette conversation serait peut-être la dernière. Comme des adieux. L’air était lourd, chargé d’émotions, de sentiments contradictoires, de tristesse et de quasi colère. Joanne essayait de garder un air détaché en lui répondant, mais sa voix tremblait presque tellement ses sanglots se formaient dans sa gorge. Elle devait faire preuve d’un self control incroyable pour tenir, Alan le sentait. Il se détestait de lui faire tant de mal. Il regrettait de lui avoir dit tout ce qu’il avait dit. Il avait été égoïste, il n’avait pensé qu’à sa petite personne. Mais quand il l’avait fait, il était persuadé que c’était ce qu’il y avait de bon à faire. Pas que pour lui. Pour Joanne aussi, parce qu’il savait qu’elle était malheureuse, il lui offrait une porte de sortie, ou d’entrée, au choix. Il se doutait que son mariage battait de l’aile à cause de son infertilité. Ce n’était de la faute de personne, c’était ainsi. Il n’imaginait pas que ça aille plus loin.

Il répondit à peine d’un haussement d’épaules quand elle lui expliqua qu’elle avait arrêté de peindre ces derniers temps. Il s’en doutait bien, sinon elle ne serait pas aussi triste. Peindre était peut-être la seule chose qui l’animait, pour le peu qu’il avait vu d’elle. Alan avait l’impression que c’était de sa faute si elle ne voulait plus peindre. Elle devait associer la peinture avec la thérapie qu’elle avait suivie avec lui, et à Tess, évidemment. Connaissant la tristesse qu’elle ressentait de ne pas pouvoir avoir d’enfant, penser à Tess ne devait sûrement pas aider. Et pourtant, Alan avait été persuadé qu’être en présence de son adolescente de fille avait fait du bien à la jeune femme. Il aurait aimé réitérer l’expérience, mais il avait tout gâché, malheureusement. Au bout d’un moment qui sembla durer une éternité pour Alan, la blonde se tourna vers lui. Il l’observa un long moment, sans rien dire, le regard aussi triste que celui d’un chien abandonné par ses maîtres. Elle n’était pas mieux. Le psychologue n’était pas sûr de l’avoir déjà vue aussi triste et… fatiguée. Elle semblait exténuée. Vidée. Comme si on avait aspiré son âme. Son cœur se serra devant cette vision. Et ses mots tombèrent, aussi perçants que des épines, aussi tranchants que des rasoirs. L’oublier ? Comment pourrait-il l’oublier comme ça ? C’était impossible, et elle devait bien le savoir. Bien sûr que c’était la meilleure solution, mais c’était aussi la solution de facilité. Et Alan n’appréciait pas du tout ce qui était trop facile. Evidemment, il n’allait pas la forcer à quitter son mari. Mais il n’abandonnerait peut-être pas pour autant. Et plus elle essayait de trouver des excuses, plus il se sentait révolté à l’idée de l’oublier, justement. Qu’elle soit mariée n’était pas une raison, vu qu’elle était clairement triste de ce qu’elle vivait dans ce mariage. Il était sûr et certain qu’il pouvait la rendre plus heureuse. En tout cas, dans son esprit c’était clair. Peut-être avait-il oublié ce qu’il avait fait avec Juliet ? Cette femme qu’il avait tellement oublié qu’il l’avait perdue. Qu’elle en avait abandonné mari et enfant. Par sa faute, parce qu’il n’avait jamais écouté ce qu’elle voulait. Est-ce qu’il fallait vraiment recommencer l’expérience avec une autre femme qui était déjà meurtrie par la vie ? Et s’il l’achevait, elle aussi ? Il ne se rendait pas compte de la dangerosité de la chose. Il était quasiment aveuglé par ses sentiments. « Mariée, oui, mais on fait tous des erreurs n’est-ce pas ? J’étais aussi marié, avant. » Il tenta d’esquisser un petit sourire, qui dut ressembler plutôt à un rictus tant il était crispé. Gardant le contrôle sur lui-même tant bien que mal, alors que la seule chose qu’il avait envie de faire était de lui crier qu’elle devait quitter son mari, il soupira un moment avant de relever les yeux vers elle. « D’après mon expérience en tant que professionnel, je trouvais justement que votre moral allait mieux quand nous nous voyions. » C’était la vérité, elle ne pouvait le nier. Elle n’en était évidemment pas fière, mais elle devait l’admettre. Il fallait qu’elle l’admette. « Et nous n’avons pas pu réessayer, mais vous étiez une toute autre personne quand vous avez donné votre cours à Tess. Je suis sûr que ça vous rendrait plus heureuse de le refaire. » Evidemment, il souhaitait surtout pouvoir la voir chez lui à nouveau, repasser de longues minutes à la regarder se concentrer, donner des conseils à sa fille, tomber encore plus amoureux d’elle. Une scène qui n’arriverait plus, au vu de ce que lui disait la jeune femme. Il ne fallait cependant jamais dire jamais. « J’ai bien compris que votre mari n’est pas l’homme qui vous rend heureuse. Le divorce n’est pas une si grande tare, on s’y habitue. » Il tenta un petit trait d’humour, qui retomba aussitôt, parce qu’elle n’avait pas l’air de trouver cela potentiellement drôle. Parler de son mari ne la faisait pas rire, au contraire, il lui semblait qu’elle était encore plus triste qu’avant. Il avait donc bien raison : George ne la rendait pas heureuse. Mais il ne nécessitait pas d’être brillant pour le remarquer. « Je suis désolé d’insister. Pardonnez moi. » Il marqua un temps de pause et décida de changer de sujet pour revenir à son état à elle : « Ma secrétaire vous a vue sortir de chez votre médecin… elle n’avait pas vraiment à me dire ça, mais je l’ai écoutée quand elle a commencé à me dire que vous n’aviez pas l’air bien. Je voulais savoir ce qu’il se passait. Vous allez m’expliquer ? » Il insistait, peut-être un peu trop. Et si elle le renvoyait sur les roses, il l’aurait mérité. Mais il devait tenter le tout pour le tout. Si c’était la dernière fois qu’il devait lui parler, alors il ne pouvait rien lâcher, jusqu’à tant que tout soit réellement fini…

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Joanne W. Bertram
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyVen 12 Fév - 21:27



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Joanne ne savait plus du tout ce qu’elle voulait. Son cerveau et le reste de son corps semblaient dans une lutte sans fin pour prendre le contrôle, et pour la première fois depuis un long moment, Joanne avait véritablement peur que son cerveau ne perde la bataille. Elle avait envie de s’enfuir tout autant qu’elle avait envie de s’effondrer contre le médecin. Tout lui dire. Continuer à tout cacher, à faire comme si de rien n’était. Elle était incapable de décider, comme paralysée. Alors elle ne parvenait pas à repousser entièrement Alan, elle disait les choses à demi-mots. Elle mettait un pied dans l’eau sans jamais plonger, par peur de la noyade. Et pourtant aujourd’hui, elle avait envie de sauter, et elle n’arrivait à se retenir que parce que la peur la clouait sur place. Elle pouvait presque deviner la réponse d’Alan dans son regard avant qu’il n’ouvre la bouche. Il avait l’air triste, mais pas entièrement abattu. Elle aurait dû être plus sévère, plus décidée, mais elle n’y parvenait pas. Et elle continuait à le faire souffrir. À les faire souffrir tous les deux. Elle l’écouta parler, ses bras serrés autour de sa poitrine, à la fois pour se protéger et pour tenter de maîtriser ses émotions. Que voulait-il qu’elle réponde ? Qu’elle ne pouvait pas divorcer même si elle en mourrait d’envie depuis des mois maintenant ? Qu’elle savait que George la retrouverait si elle partait ? Qu’il l’avait déjà menacé de la tuer si jamais elle osait le quitter ? À quoi bon lui dire qu’elle n’aimait plus son mari depuis longtemps déjà ? Il n’aurait pas mieux compris qu’elle reste dans un mariage malheureux sans aucune raison. Alan commença à parler des cours de peinture, à parler de Tess et Joanne sentit la boule revenir dans le fond de sa gorge. Elle ferma les yeux et détourna le regard pour tenter de retenir ses larmes, mais c’était déjà trop tard. Elle avait passé des mois, des années à s’empêcher de montrer ses émotions, mais ces dernières semaines elle en avait été incapable. Quelque chose s’était cassé en elle, et elle était presque certaine qu’elle ne pourrait plus jamais revenir en arrière. Le mieux qu’elle puisse faire à présent, c’était de ne blesser qu'elle-même. D’épargner des douleurs supplémentaires à Alan et à sa fille. Elle leur en avait infligé assez comme ça.

Elle se força à secouer la tête en l’écoutant parler. Nier. Tout nier en bloc, c’était la seule solution qu’il lui restait. Il fallait qu’elle se montre plus ferme. Elle prit une longue inspiration tout en écoutant Alan parler. Elle s’en voulait de le laisser parler autant, et pourtant elle trouvait une sorte de réconfort dans le son de sa voix. Un réconfort dont elle allait se priver volontairement. Elle se tourna vers le médecin tandis que son sang se glaça dans ses veines. Tout oublier, faire comme si elle pouvait vivre sans le voir. ”Je vais très bien.” Sa voix était sèche, froide, mais des larmes coulaient le long de ses joues. Pourtant, elle se força à les ignorer, à faire comme si de rien n’était. Elle ne pouvait plus se permettre de paraître indécise. ”Et non,” souffla-t-elle, maudissant le fait que sa voix tremble légèrement. ”Je n’étais pas plus heureuse pendant nos sessions ou avec Tess. Je m’ennuyais, et vous m’avez servi de distraction. C’est tout.” Joanne avait l’impression que quelqu’un s’amusait à la poignarder lentement, en remuant la lame avant de frapper à nouveau. C’était comme essayer de se couper un bras, mais elle ne pouvait plus s’arrêter. ”Vous ne savez absolument rien de mon mariage.” Joanne ravala la nausée qui la menaçait en pensant à ce qu’elle allait dire ensuite. Et pourtant, elle n’avait plus le choix. À vrai dire, elle n’avait jamais vraiment eu le choix. ”Et si vous continuez à me suivre, j’en parlerai à mon mari.” Elle avait envie de vomir, de se jeter dans la manche et de se laisser couler. De ne plus voir personne, de ne plus rien sentir. Chacune de ses cellules lui faisait mal, comme si elles essayaient de la punir de ce qu’elle venait de dire. Mais elle n’en avait pas besoin, sa punition, elle l’avait choisi il y a des années, et elle l’attendait chez elle. Les joues mouillées par les larmes qu’elle n’avait pas réussi à contrôler, Joanne se força à se mettre en mouvement, ses gestes brusques, presque brutaux. Elle avait besoin de partir, d’être seule. Son cerveau avait encore gagné.

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Alan R. Debenham
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptySam 13 Fév - 10:51

Alors qu’elle commençait à pleurer, Alan eut l’impression que son cœur allait se serrer à n’en plus finir, jusqu’à ne plus pouvoir irriguer le reste des organes de son corps. Il ne voulait pas qu’elle pleure, mais si elle le faisait, c’était que quelque chose en elle la tiraillait. C’était impossible qu’elle ne veuille plus le voir, c’était impossible qu’elle décide cela de façon réfléchie et posée. C’était forcément son mari qui lui avait fait du chantage, ou autre chose du genre. Il avait vu ses réactions, il l’avait vu rougir maintes et maintes fois, il avait vu tous les signes corporels possibles qui lui avaient fait comprendre qu’elle aussi, elle ressentait quelque chose. Il ne pouvait pas abandonner. Pourtant, ses mots furent bien plus durs à entendre que ce qu’il aurait imaginé, et contrastaient infiniment avec ses larmes. Il secoua la tête et baissa les yeux, incapable de la regarder plus longtemps dans cet état, lui dire ces phrases là. Comment pouvait-elle oser lui dire que sa fille et lui avaient été des distractions ? Elle mentait. Elle mentait si fort qu’Alan avait presque envie de la croire. Qui mettrait autant d’animosité dans ses mensonges ? Tout cela le dégoûtait tellement fort qu’il en avait presque envie de pleurer, lui aussi. Également parce qu’il pensait à Tess, et à ce qu’elle pourrait ressentir si elle venait un jour à apprendre ce que Joanne venait de dire à leur propos. Se pouvait-il qu’il se soit planté sur toute la ligne ? C’était quasiment impossible.

Alors qu’elle venait de finir sa litanie, Alan releva les yeux pour voir Joanne commencer à quitter la plage. Il la laissa faire, un instant, ne sachant vraiment pas comment réagir. Pour une fois dans sa vie, il était incapable de savoir ce qu’il devait faire. Si elle disait la vérité, et qu’elle parlait de lui à George, il savait que c’en était fini de sa petite vie tranquille. Ce connard ferait de sa vie un enfer. Il avait bien compris qu’il se méfiait déjà de lui et il s’attendait au pire. Mais il ne comprenait pas du tout le revirement de situation de Joanne. Qu’est-ce qu’il l’empêcherait de se séparer de George ? Il était d’accord avec elle, il ne savait rien de leur mariage, parce qu’elle n’avait jamais voulu en parler plus que de raison. Si ce n’était la peur de manquer d’argent qui la faisait dire une chose pareille, Alan comprenait, mais ce n’était pas assez valable. Elle était malheureuse, et c’était une évidence… Alors pourquoi persister dans une union qui n’était pas viable ? Un flash passa dans son esprit, un dessin qu’il avait vu dans son bureau, un dessin de la main de Joanne et qui représentait son visage. C’est à ce moment là qu’il avait compris que quelque chose était possible entre eux, malgré tous les obstacles. Il avait la preuve qu’elle mentait. Aussi, il entreprit de la suivre. Elle marchait vite, dans l’optique de quitter cet endroit le plus vite possible, de ne plus être seule avec Alan. Il allongea le pas, courut pratiquement pour la rattraper. « Joanne, attendez ! » Tant pis, il prenait le risque qu’elle en parle à George et qu’il vienne lui régler son compte. « On en n’a pas fini ! Vous ne pouvez pas partir comme ça ! Vous me mentez, vous n’avez toujours fait que cela, me mentir. Je me souviens très bien du dessin, de votre dessin. Je ne suis pas une distraction ! » Tant bien que mal, il arriva quasiment à sa hauteur et attrapa doucement son bras pour la faire se retourner vers lui. Il fronça les sourcils en voyant sa grimace de douleur et ne comprit pas immédiatement. C’était impossible qu’il lui ait fait mal, il la tenait vraiment doucement, et savait très bien mesurer sa force. Malgré tout, instantanément, il lâcha prise. Elle était désormais face à lui, toujours en larmes, encore plus mal qu’elle ne l’était auparavant, et encore moins décidée à l’écouter apparemment. Le souvenir du dessin semblait l’avoir néanmoins un peu bousculée. « Vous avez été jalouse de me voir avec Juliet, vous avez fait ce dessin de moi, vous rougissez… Vous savez quoi ? J’en ai rien à foutre de votre foutu mari ! Je sais que vous êtes amoureuse moi ! » Il prit sa main dans la sienne et la serra doucement, espérant par ce geste la garder un peu près de lui, encore un moment. Vu ce qu’il venait de lui dire, il y avait de grandes chances pour qu’elle perde patience et qu’elle prenne à nouveau la fuite, mais il avait été honnête.. et même si ça ne changeait pas les choses, il avait tout tenté. Si le dessin ne la ramenait pas vers lui, alors c’était possible que rien ne le fasse.
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Joanne W. Bertram
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptySam 13 Fév - 22:03



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Le vent soufflait contre son visage, la fouettait violemment. Les larmes qui continuaient à couler sur son visage étaient glacées, mais Joanne ne sentait presque plus rien. Elle avait l’impression de s’être jetée du haut d’un pont, et d’être étourdie par l’atterrissage. Qu’avait-elle fait ? Elle savait qu’elle avait pris la décision la plus rationnelle, qu’il valait mieux pour tout le monde qu’elle sorte de la vie d’Alan et de sa fille. Pour tout le monde sauf elle, mais elle, elle ne comptait pas vraiment. Elle n’avait jamais compté. Joanne sursauta presque en entendant le médecin appeler son nom, et pourtant, elle aurait dû savoir qu’il ne la laisserait pas partir. Depuis qu’elle était venue le voir la première fois il n’avait jamais rien lâché, il avait toujours cherché à la percer à jour, à faire tomber les murs qu’elle avait mis des années à construire. Aujourd’hui les barrières ne tenaient presque plus, si bien qu’elle avait peur qu’il ne finisse par les détruire entièrement. Il savait qu’elle mentait, et s’il en était aussi persuadé, il ne la laisserait jamais partir. Elle l’aperçut revenir à sa hauteur, mais Joanne ne vit pas sa main avant qu’il ne l’attrape par le bras. Son étreinte était douce, mais les doigts du médecin appuyaient directement sur le bleu que George lui avait laissé hier soir, et Joanne eut un mouvement de recul presque involontaire. Plus un réflexe qu’autre chose. Elle ouvrit la bouche comme pour crier de douleur mais aucun son ne sortit. Elle se tourna vers le médecin tandis que son coeur cognait bruyamment contre sa poitrine. Elle avait connu la peur régulièrement ces derniers mois, elle avait connu la douleur, la honte, la tristesse, mais jamais une panique comme à cet instant. Alan avait lâché son bras, mais il avait forcément vu sa grimace de douleur, et le cerveau de Joanne était incapable de trouver une excuse crédible pour sa réaction. Elle était paralysée. Elle fixa le regard du médecin, comme pour tenter de lire dans ses pensées, mais elle n’arrivait pas à être certaine de ce qui lui passait par la tête. Et pourtant lui semblait pouvoir lire en elle comme un livre ouvert, semblait tout deviner, sauf peut-être le plus important.

Elle l’écouta parler mais sans réussir à se concentrer sur ses mots. Elle avait la sensation que sa peau la brûlait à l’endroit où il avait tenté de l’attraper, et des images de la dispute de la nuit précédente défilaient devant ses yeux. Tout semblait se mélanger dans sa tête, elle n’était plus certaine de rien, sinon du fait qu’elle avait envie de s’effondrer, de se laisser tomber, de tout arrêter. Sa respiration était saccadée, Alan devait le voir, devait pouvoir tout deviner. Il se pencha vers elle pour attraper sa main et Joanne recula brutalement. ”Ne me touchez pas !” Joanne avait crié sans le vouloir, de peur plus qu’autre chose. Ses mains tremblaient mais le froid n’avait rien à voir dans cette histoire, elle était complètement paniquée, si bien que son corps semblait réagir instinctivement, sans chercher à savoir qui était face à elle. Il se souvenait des coups, de la douleur, et il essayait de se protéger comme il le pouvait. Joanne recula dans le sable tandis qu’un sanglot menaçait de la frapper. Elle manqua de trébucher et sentit une bourrasque contre sa peau. Quand elle leva les yeux vers le visage du médecin, elle fut surprise de voir son regard attiré par sa clavicule. Après plusieurs secondes, Joanne sentit un frisson la traverser. Elle leva la main comme par réflexe pour toucher le bout de peau qui avait été exposé par le coup de vent. Son écharpe avait glissé le long de son épaule, dévoilant une marque particulièrement large vieille de quelques jours. Son coeur s’arrêta net quand elle réalisa ce que le médecin avait dû voir. Elle attrapa son écharpe pour tenter de la replacer, mais il était déjà trop tard.

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Alan R. Debenham
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyDim 14 Fév - 9:54

C’était comme si ses mots ne l’atteignaient plus, comme si elle ne percevait plus rien de ce qui se déroulait autour d’elle. Alan observait Joanne, et commençait à se dire que quelque chose n’allait pas, qu’elle était peut-être en train de faire une crise d’angoisse, ou quelque chose de pire. Elle ne réagissait vraiment pas comme elle le devrait, et il trouvait cela très inquiétant. C’était comme s’il parlait dans le vide, ce qui n’était pas son intention, mais le regard très fuyant de la blonde lui faisait comprendre que son cerveau s’était mis en pause. Ou à l’inverse, qu’il fonctionnait à dix mille à l’heure. Alors qu’Alan essayait de comprendre, de la rassurer, de la calmer même, elle recula brusquement en lui hurlant dessus de ne pas la toucher. Il leva les deux mains, pour lui montrer qu’il n’allait pas la toucher. Il ne savait pas exactement ce qu’il se passait avec elle, mais il savait qu’il finirait par savoir. Le plus urgent, c’était qu’elle se calme et qu’elle comprenne qu’il n’allait rien faire de plus, si elle ne le voulait pas. Il la laissa tenter de se calmer, en vain, et la regarda reculer loin de lui, son coeur se brisant un peu plus à chaque pas qu’elle faisait en arrière. Puis, il comprit.

Un coup de vent un peu plus violent que d’habitude fit voler leurs écharpes, et Alan ouvrit de grands yeux en remarquant une immense marque violacée allant de la clavicule jusqu’à probablement l’épaule de Joanne. La teinte violette et jaune de l’ecchymose à certains endroits ne semblait pas dater de la veille. Mais la taille de la lésion glaça le sang d’Alan. Il releva les yeux vers ceux de Joanne quand celle-ci réajusta son écharpe comme il fallait, et ce qu’il vit ne le rassura pas pour autant. Il resta bouche bée quelques instants. Il n’avait jamais imaginé une chose pareille. Il avait deviné que George n’était pas le mari idéal, et que Joanne ne vivait pas le meilleur des mariages. Mais jamais il n’aurait imaginé qu’il pouvait la frapper. Tout ceci expliquait bien des choses. Elle le nierait en bloc, comme n’importe quelle femme battue, mais il n’était pas dupe, et il savait à l’avance qu’on ne se faisait pas ce genre d’ecchymose en tombant dans les escaliers. Toujours les mains levées pour qu’elle puisse les voir et ne pas prendre peur, Alan ne bougea pas d’un pouce, alors que tout ce qu’il voulait, c’était la serrer dans ses bras. « Pourquoi.. ? Pourquoi vous ne m’avez rien dit ? J’aurais pu vous aider. » C’était plus facile à dire qu’à faire, il en était conscient. Il ne l’aurait peut-être pas cru, si elle lui avait dit d’emblée. Désormais, il se sentait honteux, et bien triste, de ne pas l’avoir décelé avant. C’était son job de savoir ce qui n’allait pas chez les gens, mais Joanne avait eu le courage de tenir sans ‘trahir’ son mari. Il sentit une rage folle naître dans son abdomen et bouillonner en lui, et s’il devait se contenir pour ne pas effrayer Joanne encore plus, il savait qu’il allait devoir faire quelque chose pour qu’elle s’évacue. Et casser la gueule de George était une bonne option, par exemple. Chose qu’il ne ferait pas. Il était hors de question qu’il la mette en danger. Tout était plus clair dans la tête du psychologue. Elle était prise au piège avec George, et c’était pour ça qu’elle n’osait pas céder à ses émotions, à ses sentiments, elle avait peur qu’il ne la frappe. Jusqu’où pourrait-il aller ? Personne ne pouvait l’imaginer, même pas lui. « Joanne, je… » Il soupira en baissant les yeux. « Je suis désolé. Pour tout. Je n’aurais jamais imaginé une chose pareille… » Il avait eu des mots durs avec elle, en lui disant qu’elle pouvait divorcer, qu’elle ne devait pas rester dans un mariage qui ne la rendait pas heureuse. Il avait égoïstement voulu qu’elle puisse être libre, afin de pouvoir la conquérir, mais c’était beaucoup plus compliqué. Infiniment plus compliqué. « Laissez moi vous venir en aide. On va aller voir la police, on va faire quelque chose, mais vous ne pouvez pas rester avec lui, il va finir par vous tuer. » Bien entendu, elle savait tout ce qu’il lui disait, il ne faisait que répéter ce qui devait se dire en boucle dans son esprit. Mais que dire d’autre ? Et surtout, que faire si elle refusait son aide ? Il n’en dormirait plus la nuit si elle partait sans demander son reste. « Vous pouvez venir vous abriter chez moi, je resterai avec vous ! Ou alors on peut… on peut demander à Juliet.. vous savez.. mon ex-femme… il n’en saurait rien, et vous seriez en sécurité… je vous en prie Joanne, faut pas rester comme ça ! » Si elle n’avait pas encore pris la fuite, alors c’était qu’elle devait l’écouter un tant soit peu et être d’accord… non ?
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Joanne W. Bertram
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyMar 16 Fév - 20:14



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Joanne sentit son sang se glacer en observant la réaction d’Alan. Elle pouvait lire la surprise sur son visage, puis la réalisation, et l’effroi. Le dernier espoir qu’il lui restait pour que le médecin n’ait pas compris, n’ait pas vu venait de s’envoler. Et avec cet espoir, Joanne venait de voir éclater en morceaux tout ce qui avait fait sa vie depuis plusieurs années. Si Alan avait compris, tout allait changer. Tout. Elle en avait rêvé pendant de longs mois, elle y avait pensé le soir en allant se coucher, les membres meurtris, mais maintenant que la situation se présentait, elle était terrifiée. Pétrifiée par la peur, elle se sentit tout à coup incapable de bouger, comme clouée au sol. Elle frissonna en entendant la voix d’Alan. Sa question était aussi légitime qu’absurde. Oui, elle aurait sans doute dû lui en parler, c’était raisonnable, mais il savait aussi très bien pourquoi elle ne l’avait pas fait, pourquoi elle n’avait jamais pu en parler. Joanne avait le sentiment que le sol s’affaissait sous ses pieds, ouvrant un gouffre dont elle ne pouvait pas voir le fond. Son mariage, George, la famille Hawkes, elle connaissait. Mais ce qui l’attendait était presque pire et l’effrayait encore plus que la perspective de rentrer et de trouver George dans leur chambre. À partir d’aujourd’hui, elle allait plonger dans l’inconnue totale, et la partie non rationnelle de son cerveau lui criait de se raccrocher à ce qu’elle connaissait, de ne pas se laisser sombrer. Quand elle leva les yeux vers le visage du médecin, elle aperçut de la colère, et elle réagit instinctivement. Elle serra ses bras autour de sa taille au-dessus d’un de ses bleus les plus récents. Une partie d’elle-même avait envie de se laisser tomber, de tout lâcher, de tout arrêter, mais une partie plus forte continuait à la forcer à rester debout. À tenir.

Ses jambes tremblaient presque, comme si elles arrivaient elles aussi à bout de force, comme si l’effort de la maintenir pour une seconde de plus paraissait insupportable. Joanne avait la sensation que tout son corps avait abandonné, comme s’il avait attendu ce moment depuis des années. Peut-être que c’était le cas, mais quelque chose la retenait encore, l’empêchait d’abandonner totalement. Et elle détestait ce quelque chose. Elle sentit une boule se former au fond de son estomac en entendant Alan mentionner la police, et elle fit un pas en arrière par réflexe. Non non non. Elle commença à secouer doucement la tête, les yeux désormais résolument tournés vers le sable. Non, George ne la tuerait jamais. Non. Elle ne pouvait plus l’envisager, même si elle l’avait déjà elle-même pensé par le passé. La situation lui semblait beaucoup plus dur à accepter quand Alan en parlait. Elle s’était sentie malheureuse ces dernières années, mais ce qu’elle ressentait maintenant était presque pire. Elle avait honte. ”Non.” Sa voix tremblait légèrement, mais elle se rassura en se disant que ça pouvait être attribué au froid. ”Je ne sais pas de quoi… de quoi vous parlez…” Joanne luttait désormais pour retenir des sanglots. Elle pouvait sentir sa gorge se serrer, les larmes lui monter aux yeux. Elle ne savait même plus pourquoi elle niait, seulement que ça semblait être une question de survie. Elle recommençait à défendre George, et ça lui donnait envie de vomir, et pourtant, elle semblait incapable de s’arrêter. En protégeant son mari, elle se protégeait elle-même. ”Je suis tombée en descendant boire un verre d’eau pendant la nuit. J’ai… j’ai juste trébuché.” Elle savait que c’était vain avant d’avoir ouvert la bouche, mais elle se devait d’essayer. Sa vie était en train de s’effondrer sous ses yeux, et elle ne pouvait pas rester là sans rien faire, même si une partie d’elle lui criait de tout laisser tomber, de donner des grands coups de pieds, de tout arracher. Son mariage c’était tout ce qu’il lui restait, et elle ne pouvait pas se résoudre à l’abandonner. Des sanglots avaient commencé à la saisir, mais elle garda les yeux baissés pour tenter de les cacher. Encore un effort vain, plus un instinct de survie voué à l’échec qu’autre chose. Mais cet instinct de survie, c’était ce qui lui avait permis de tenir toutes ces années, et elle se devait de lui faire confiance, même s’il la poussait à faire des choses qui la dégoutaient. Elle en avait l’habitude. ”Vous ne savez rien de ma vie…” Une phrase qu’elle avait déjà dite, mais qui devenait de moins en moins vraie au fur et à mesure que les minutes passaient. Alan en savait plus sur sa vie que quiconque, et c’était peut-être ça le pire. C’était peut-être ça qui lui faisait si honte. Le médecin avait découvert son petit secret, et elle ne pourrait plus jamais faire marche arrière.

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Alan R. Debenham
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyDim 21 Fév - 10:42

A chaque éventuelle solution qu’Alan trouvait, Joanne reculait, comme si elle était terrifié que le psychologue puisse l’aider, puisse vouloir faire en sorte qu’elle vive normalement, qu’elle soit sauvée. Il ne savait pas totalement quoi faire pour remédier à ce problème là, il savait simplement interpréter ce que le corps de la jeune femme lui envoyait comme signaux. Elle était perdue, complètement larguée que quelqu’un ait pu percer à jour son secret. Et elle semblait refuser toute aide, comme dans le déni. Pour Alan, c’était quasi typique de toutes les femmes battues, mais cette fois, ce n’était pas n’importe quelle femme. C’était celle dont il était tombé amoureux, et il n’abandonnerait pas la bataille. Elle le connaissait, c’était peut-être pour cela qu’elle semblait si mal en point : elle savait qu’il ne reculerait devant aucun obstacle. Les mains toujours levées devant lui pour qu’elle puisse les voir et qu’elle ne soit pas effrayée, il tenta malgré tout de se rapprocher d’elle, avançant pas à pas en observant ses réactions. Il tenta de canaliser la colère qu’il ressentait, toute la rage qui bouillait dans son cerveau, afin de ne pas la paniquer davantage. « Joanne, si vous étiez tombée dans les escaliers en abîmant à ce point votre clavicule, vous seriez dans un lit d’hôpital actuellement, pas sur une plage… » Sa voix était douce, en totale opposition avec ce qu’il ressentait au fond de lui. Mais il devait la calmer, il devait lui faire comprendre qu’elle n’allait pas subir tout cela ne serait-ce qu’une fois de plus. Maintenant qu’il savait, qu’il avait tout compris, il ne laisserait plus jamais une chose pareille arriver. Par habitude, Joanne continuait de nier, de faire comme s’il ne comprenait pas, de soutenir son mari violent. Alan ne savait pas tout de sa vie, mais il en connaissait une bonne partie désormais, même si elle lui avait probablement menti sur beaucoup de choses. « Je me fiche de savoir quoi que ce soit de votre vie si la prochaine fois que je dois vous voir c’est dans un cercueil, alors vous allez m’écouter, Joanne… » Ses mots étaient tranchants comme des lames, au point où ils en étaient tous les deux, il n’y avait plus rien d’autre à dire et surtout pas de pincettes à prendre. « Si je vous laisse rentrer chez vous sans rien faire, je m’en voudrais toute ma vie. » C’était la vérité, il ne pourrait plus se regarder dans un miroir si jamais il la laissait repartir sans rien faire. De plus, il était persuadé que George ne retiendrait pas ses coups s’il découvrait Joanne dans cet état, et s’il soupçonnait quelque chose. Il n’avait pas peur de lui. Il avait peur de ce qu’il ferait à Joanne, plutôt. Il préférerait prendre les coups pour elle, sauf que Hawkes devait être un minimum intelligent et ne se laisserait jamais aller à une bonne bagarre. Il ne faudrait pas qu’il soit associé à de la violence, quelle qu’elle soit. « Ce que je sais, Joanne, c’est que je ne vais pas vous laisser rentrer chez vous, c’est hors de question. Je tiens à vous, au-delà de ce que vous pouvez imaginer.. Si vous rentrez chez vous ce soir, dans quel état vous allez finir ? Hein ? Qu’est-ce qu’il va vous faire ? » Il marqua un temps de pause pour la laisser imaginer, malgré toute la peur et la douleur que cela pouvait représenter, ce qui l’attendrait à la maison le soir même. Puis, il reprit : « Laissez moi vous emmener à l’hôpital, à Brighton, juste pour vous faire examiner. Vous ne serez pas obligée de leur expliquer quoi que ce soit, je le ferai si vous voulez. Mais fuyez loin de lui. Vous pourriez même retourner à Londres, retrouver votre vie d’avant. » Peut-être que cette perspective là pourrait la faire bouger, c’était le seul moyen qu’Alan avait trouvé pour la faire changer d’avis, pour lui donner une idée de l’avenir qui pouvait l’attendre une fois qu’elle serait libérée des griffes de George. Il n’était pas suffisant, et il était l’incarnation même de la vie à Donwell, une chose à laquelle Joanne n’aspirait probablement plus du tout. Parler de Londres, parler de cette vie qui lui manquait tant était probablement sa meilleure option…
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Joanne W. Bertram
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyMar 2 Mar - 15:36



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Joanne savait qu’il était inutile de nier, qu’elle s’époumonait pour rien, que jamais le médecin n’irait avaler son histoire de chute dans les escaliers. Et pourtant, elle ne pouvait pas s’empêcher de nier contre l’évidence, de s’accrocher à tout ce qu’elle pouvait trouver, à n’importe quoi. L’inconnu l’effrayait plus que l’enfer qu’elle connaissait. Si le médecin avait compris la vérité, elle savait ce qu’elle allait quitter, mais pas ce qu’elle allait trouver à sa place, et quoi que le médecin puisse en penser, elle savait que George n’allait pas la laisser partir bien gentiment. Non, la vérité ne sortirait pas bien tranquillement et sans remous, elle aurait des conséquences, et Joanne n’était pas prête à les supporter. Non, Alan ne savait rien, il ne pouvait pas comprendre ce qu’il était en train de faire, ce qu’il allait déclencher, et pourtant, Joanne sursauta presque en entendant la suite. Le mot cercueil la frappa de plein fouet, comme une gifle, et elle se retrouva immobile, les pieds plantés dans le sable. Elle s’était souvent imaginée couverte de bleus, incapable de se lever, recroquevillée dans un coin de leur maison. Elle s’était imaginée à l’hôpital, parfois, elle avait imaginé des excuses possibles. Elle avait tout envisagé, elle l’avait pensé en tout cas. Mais jamais elle n’avait imaginé qu’il puisse réellement la tuer, qu’elle puisse tout simplement mourir. Non, jamais vraiment. Elle en avait eu peur, mais elle n’y avait jamais vraiment réfléchi, et pourtant elle était désormais incapable d’enlever l’image de son corps dans un cercueil. Son sang était s’était glacé dans ses veines, mais elle se retrouva incapable de parler, presque incapable de respirer. Elle secoua violemment la tête en écoutant Alan parler de l’emmener à l’hôpital, comme si c’était véritablement une solution. ”Non, non…” Sa voix était faible, presque inaudible au-dessus du vent qui soufflait sur la plage. Elle recula d’un pas. Elle était touchée par sa réaction, par ce qu’il venait d’admettre, mais elle était aussi persuadée qu’il ne pouvait rien faire pour elle, même s’il avait compris la vérité. Justement, si la nouvelle se répandait, il la tuerait, elle en était certaine, même s’il devait la poursuivre dans tout le pays. Elle ne pouvait pas prendre ce risque, et elle en voulait presque au médecin de ne pas le comprendre. ”Ma vie d’avant ? Elle laissa échapper un rire sans joie, un rire qui lui glaça le sang. ”Elle n’existe plus.” Elle aurait aimé se dire que c’était si simple. Qu’elle pouvait quitter George, reprendre sa vie là où elle l’avait laissée, mais ce n’était pas possible. Son mari la trouverait, elle le savait, et la Joanne d’il y a cinq ans n’existait plus. Il ne restait que son ombre, qu’une coquille presque vide. Et puis à quoi bon s’enfuir, pour se retrouver encore plus seule qu’ici ? Ce n’était pas une option, même si elle refusait d’admettre toutes les raisons pour lesquelles elle savait qu’elle ne pourrait pas simplement revenir à sa vie d’avant. S’enfuir voulait dire laisser Alan et Tess derrière elle, et ça, ça lui aurait demandé une force qu’elle ne possédait pas, même si elle refusait de l’admettre. ”Vous ne comprenez pas la situation, vous ne pouvez pas m’aider. Il n’y a rien à faire.” Rien à faire, pas parce qu’il n’y avait aucun problème, mais parce qu’il n’y avait aucune solution. Joanne sentit son téléphone vibrer dans son sac et le sortit par réflexe, se figeant une demi seconde en voyant le nom de George apparaître sur son écran. Elle devait répondre, elle le savait, et pourtant elle n’appuya pas pour décrocher. Elle laissa le téléphone pendre dans sa main, le long de sa hanche tandis qu’elle attrapait le regard du médecin à quelques mètres d’elle. Il fallait qu’il comprenne, elle n’avait pas le choix. ”Vous vouliez savoir pourquoi je ne quittais pas mon mari ? Hé bien maintenant vous savez…” Elle avait envie de s’énerver contre lui, de tout lui mettre sur le dos, de trouver un responsable, n’importe qui sauf elle-même. Mais même ça, elle n’en avait plus la force. Sa voix se brisa légèrement quand elle reprit la parole tandis que de nouvelles larmes venaient couler le long de ses joues. ”Alors laissez moi tranquille maintenant…”

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Alan R. Debenham
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyDim 7 Mar - 16:57

Cette fois, Joanne avait l’air plus enclin à parler. Alan se disait qu’ils étaient peut-être sur la bonne voie. Une fois le choc de la découverte passé, pour lui comme pour elle, ils trouveraient forcément une solution, la solution. Quoi qu’il puisse lui en coûter, le psychologue n’allait certainement pas laisser la jeune femme se retrouver entre les mains de son bourreau, une nuit de plus. Qui savait ce qu’il pourrait se passer ? « Joanne, vous dites que votre vie d’avant n’existe plus, mais vous pouvez la recréer ! Il ira en prison quand tout le monde saura ce qu’il vous fait ! » Et Alan ferait en sorte qu’il n’en sorte pas avant un certain temps. Il n’avait pas beaucoup de pouvoir, et il n’avait pas autant d’argent que George pour contrer la justice, mais il ne lâcherait pas l’affaire tant qu’il ne serait pas derrière des barreaux. En quelques minutes, il était passé de l’homme désarçonné par les sentiments qu’il ressentait pour une femme, à l’homme révolté, furieux contre le monde. « Bien sûr que je peux vous aider ! Je ne sais pas encore comment, il faut qu’on y réfléchisse ensemble, mais vous ne pouvez pas imaginer que je ne vais pas vous venir en aide ! » Son cerveau tournait à plein régime, et plus il regardait Joanne, plus il perdait tous ses moyens. Que faire pour que tout aille bien pour elle ? Pour qu’elle ne risque rien ? Le mieux était de la cacher en attendant que justice soit faite, mais elle ne l’accepterait jamais. Et elle avait surtout l’air de ne pas vouloir qu’Alan fasse quoi que ce soit. Pouvait-il vraiment la sauver contre son gré ? Il n’en savait rien, mais il ne pouvait pas non plus la laisser repartir sans rien faire. Ce serait de la non assistance à personne en danger. Mais était-elle capable de nier, même devant la police, s’il allait voir les flics sans elle ?

Il n’eut pas le temps d’y réfléchir plus longtemps puisque Joanne sortit son téléphone de son sac. Alan sentit son sang se glacer. Etait-ce son mari ? Allait-elle répondre ? Il ne pourrait pas rester sans rien faire, ni rien dire si elle décrochait. Mais elle n’en fit rien, et laissa l’appel tomber sur sa messagerie, le teint blafard. Elle jouait gros, maintenant Alan le comprenait. En la voyant presque plus mal qu’auparavant, Alan tenta un pas vers elle, lentement, comme on approcherait un animal apeuré. Il ne voulait pas lui faire peur, mais il avait envie de la rassurer surtout. « Oui, maintenant, je sais… Je n'aurais jamais imaginé qu’il vous fasse du mal… » Sa voix était à peine audible au-dessus du bruit du vent. « Si je vous laisse tranquille, vous allez y retourner ? Et vous allez continuer de vous faire frapper par votre… mari ? » Elle ne pouvait décemment pas lui répondre par l’affirmative. Elle n’était pas cinglée à ce point, même si Alan en doutait fortement. C’était impossible qu’elle soit autant sous l’emprise de ce type. Et pourtant, ses yeux lui criaient la réponse, sans qu’elle ait besoin d’ouvrir la bouche. « Vous voulez vous en sortir, au moins ? » Loin de lui l’envie de la culpabiliser pour quoi que ce soit, il voulait surtout la faire réagir, voir si elle avait un semblant de volonté pour avoir une vie normale. « Parce que je vous aiderai. Quoi qu’il arrive. Ma porte est toujours ouverte, Joanne. » C’était ridicule, il le savait également. Elle ne pourrait pas se cacher chez lui, George le devinerait sans trop de problème. Il attendrait le moindre moment où Alan ne serait pas là pour défoncer la porte et l’emmener avec lui. Mais que faire d’autre ?
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Joanne W. Bertram
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyMer 10 Mar - 19:59



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Joanne avait envie de mourir. De se laisser emporter par le vent, par la mer, de se laisser fondre dans le sable. Malheureusement pour elle, elle était encore bien là, dans une position encore plus délicate que la veille. Piégée. Elle sentait à peine les larmes qui coulaient désormais sans arrêt sur son visage, ignorant leur chaleur contre sa peau. Ses mains étaient gelées par le vent, mais ça non plus elle ne le sentait pas. Elle avait à la fois l’impression de ressentir trop de choses, et d’être complètement engourdie. Elle avait déjà ressenti quelque chose de similaire, quand George l’avait frappé trop fort, quand son corps avait fini par s’éteindre à moitié pour lui permettre de supporter la douleur. Aujourd’hui, elle avait le même sentiment. Elle avait envie de tout dire à Alan, de lui faire comprendre, mais elle n’était pas sure de pouvoir y arriver. Après tout, rien n’était sensé dans sa décision, rien n’était logique dans sa situation, alors comment pouvait-elle espérer l’expliquer ? Il y avait certaines choses qu’on ne pouvait comprendre qu’en les ayant vécu. Elle le croyait quand il disait qu’il voulait l’aider, qu’il allait faire ce qu’il pouvait, bien sur. Elle n’en avait pas attendu moins de lui, et c’est sans doute pour ça qu’elle avait eu si peur qu’il ne découvre un jour la vérité. Quoi qu’Alan pense, il ne pouvait pas aider. Son maximum ne suffirait pas à arrêter George, elle le savait. Elle serra ses bras autour de sa poitrine en l’écoutant parler, les yeux désormais résolument tournés vers le sol, comme si les mouvements du sable sous les coups de vents étaient captivants. Elle ferma les yeux en entendant la suite. Vous faire frapper par votre mari. C’était la vérité, mais de l’entendre épelé de manière aussi simple lui fit l’impression d’une gifle en plein visage. Il avait raison, et elle le savait, mais l’accepter voulait dire se mettre en danger, et elle ne savait pas si elle en était capable. Si elle avait encore la moindre once de courage en elle. Dans le fond, Joanne était persuadée que non, qu’elle avait perdu ce qu’il lui restait de force il y a plusieurs années déjà. Elle serra les poings contre ses hanches en entendant la suite, et elle se surprit elle-même à s’énerver. ”Bien sur que je veux m’en sortir.” Elle savait que ça ne servait à rien de s’énerver contre Alan, qu’il n’y était pour rien, mais elle n’était pas certaine d’être agacée contre le médecin. Non, c’était à elle-même qu’elle en voulait, et le psychologue devait s’en douter. Elle savait de toute façon qu’elle avait perdu tout crédit à ses yeux. Au point où elle en était, elle pouvait se permettre de lui crier dessus. ”Votre porte ? Vous croyez vraiment que George ne me retrouverait pas en dix minutes ?” Plus elle parlait et plus Joanne s’énervait, plus elle sentait ses membres la démanger, comme se réveiller d’un long sommeil. Elle avait envie de donner des coups de pied, d’attraper des poignées de sable et de les jeter le plus loin possible. De hurler. De se battre. ”Il connaît tout le monde dans ce village, et je peux vous assurer qu’il ne vous a pas oublié.” Non, Alan avait fait une impression forte à son mari, mais d’une manière dont Joanne se serait bien passé. Quoi qu’elle ait pu lui dire, il avait remarqué sa gêne et en avait tiré des conclusions. Des conclusions qui s’approchaient beaucoup de la réalité. Elle se sentit rougir, de gêne autant que de colère. Elle avait l’impression que le barrage derrière lequel elle retenait ses émotions avait cédé, qu’un dernier coup avait suffit à le briser, et qu’elle n’arrivait plus à rien retenir. ”Mon mari me frappe peut-être mais ce n’est rien en comparaison de ce qu’il ferait si je partais.” Joanne était essoufflée, elle avait commencé à faire de grands pas en rond sur la plage, comme pour évacuer des fourmis dans les jambes. Elle n’avait pas repris sa respiration depuis qu’elle avait commencé à parler, mais elle n’arrivait plus à s’arrêter. Des larmes continuaient à perler le long de ses joues, mais elle ne fit aucun effort pour les arrêter. ”Mais ça vous n’en savez rien, bien sûr. Qu’est-ce que vous pensez que mon mari fera si je pars ? Hein ? Il va…” Joanne sentit une boule épaisse se former dans le fond de sa gorge et elle fut incapable de terminer sa phrase. Aussi vite qu’elle était apparue, la colère était partie, remplacée par quelque chose de bien plus douloureux. La terreur. Il va… Il va me tuer. Et maintenant qu’elle y pensait, elle se rendait compte que c’était inévitable. Qu’elle n’aurait rien pu faire, que ce soit maintenant ou dans le passé, pour l’éviter. Elle n’avait jamais eu le choix, jamais eu de porte de sortie, mais elle venait de le comprendre. Des sanglots la saisirent, et elle se retrouva incapable de parler, de bouger. Tout était perdu.

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Alan R. Debenham
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MessageSujet: Re: even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne   even if you cannot hear my voice i'll be right beside you dear w/ joanne EmptyDim 14 Mar - 12:12

Le silence s’empara d’Alan alors qu’il laissait Joanne s’énerver toute seule. Au moins, cette fois, elle réagissait, même si c’était parce qu’il l’avait un peu bousculée. Il ne voulait pas lui parler sur ce ton ou être désagréable avec elle, mais il avait eu l’impression qu’elle ne voulait pas faire un petit effort pour aller mieux. Il regrettait d’avoir pu penser une chose pareille. Il ne savait pas ce que c’était de se faire frapper, il ne savait pas ce que ça faisait d’être meurtri, et il n’imaginait même pas la douleur qu’elle pouvait ressentir. Et bien sûr, ce qu’elle disait faisait sens, il le savait bien. George ne leur laisserait pas une seconde de répit. Il la traquerait dans tout Donwell, il ferait en sorte qu’elle ne soit jamais en paix. Et Alan passerait probablement un sale quart d’heure, mais il acceptait son sort si c’était pour sauver la vie de sa patiente… et de la femme dont il était tombé amoureux. D’ailleurs, c’était très déplacé à ce moment précis, mais il se sentit très fier de l’effet qu’il avait pu faire à George, ce dimanche où ils s’étaient croisés en ville. Sa fierté fut de courte durée quand il se rendit compte qu’à cause de lui, elle avait sûrement dû essuyer les coups de son mari le soir même, par son unique faute.

Le psychologue continua de la regarder faire, sans mot dire, alors qu’elle arpentait la plage autour d’eux. Elle semblait ne plus jamais vouloir s’arrêter de parler, même si c’était pour lui reprocher des choses ou lui dire qu’il ne savait rien, une phrase qu’il avait pris l’habitude de lui entendre dire. A présent, il se rendait bien compte qu’en effet, auparavant, il ne savait rien à rien la concernant. Il n’aurait jamais imaginé qu’elle puisse vivre un enfer. Il aurait dû comprendre, il était psychologue, c’était son travail de lire à travers les lignes, d’analyser ce qui était tu. Mais au fur et à mesure des séances, il s’était laissé berner par les sentiments naissants, par des choses qu’il ressentait et qui n’avaient pas lieu d’être dans son bureau. Il aurait pu le voir depuis bien longtemps… et désormais, ils étaient là, sur cette plage, à regretter, à s’en vouloir. Au bout d’un court moment, Joanne arrêta son piétinement brusquement en interrompant sa phrase. Alan garda le silence et sentit une boule se former dans sa gorge en la voyant comprendre ce qu’il essayait de lui dire depuis le début. Elle fondit en larmes, ses jambes vacillant sous elle. Envoyant balader tous les principes et toutes les recommandations à avoir en face d’une femme battue, Alan se rapprocha d’elle rapidement afin de la prendre dans ses bras, délicatement, comme si elle était une petite chose fragile, alors qu’elle était bien plus forte qu’elle ne pouvait le croire. « Non, non, non… Calmez vous, Joanne. » Il balaya le dos de la blonde avec sa main pour tenter de la calmer. Elle tremblait comme une feuille. « Tant que je serai là, je ne le laisserais pas vous faire quoi que ce soit, compris ? » Il s’en voulait d’avoir autant insisté, les instants précédents, en lui assénant que si elle restait avec lui, George allait finir par la tuer, mais il avait simplement voulu qu’elle comprenne, qu’elle ait ce déclic qui la ferait partir du domicile conjugal. Alan n’avait pas imaginé qu’elle puisse se mettre dans cet état là.. Il se sentit très con. Durant de longues secondes, il continua de serrer Joanne contre lui, laissant le vent et le bruit des vagues les bercer doucement. « Je vous promets que je ne vais pas vous laisser comme ça. On va trouver une solution. Mais il faut que vous me fassiez confiance… Je… je sais pas comment ça va se passer, ni ce qu’on va faire, j’en ai aucune idée, mais je ne peux pas vous laisser y retourner. » Il était inquiet à l’idée d’aller voir la police, parce qu’une famille comme celle des Hawkes devait avoir des amis partout, surtout à Brighton. Le mieux était probablement de l’emmener à l’hôpital, d’abord pour être sûr et certain qu’elle allait bien, et pour gagner du temps… mais ensuite, que feraient-ils ? Elle avait raison, finalement, il ne pourrait pas faire grand-chose contre George. Mais il s’en voudrait toute sa vie s’il arrivait quelque chose à Joanne parce qu’il n’avait pas réagi à temps. « Je ne vais pas le laisser vous toucher une seule fois de plus. Croyez moi… » Sa voix n’était plus qu’un murmure, mais son ton était ferme, décidé. Dans ses bras, Joanne tremblait toujours, et il n’était pas sûr qu’elle puisse se calmer aussi facilement. « Vous avez des amis à Londres ? Des gens chez qui vous pourriez rester un moment ? Des oncles, des tantes ? De la famille ? » C’était un quasi crève-coeur de trouver cette solution là, de la faire partir de Donwell, mais c’était pour son bien. Encore fallait-il qu’elle ait quelqu’un que George n’aurait pas fait fuir. Délicatement, il desserra son étreinte et posa sa main sur ses cheveux pour la regarder et tenter de lui donner un peu de confiance, espérant que cette solution puisse être la bonne pour qu’elle soit en sécurité. Il ne voulait pas la laisser partir et être loin d'elle, mais si elle restait à Donwell, ils n'auraient aucune chance.

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